Dans un petit carnet qui ne me quitte jamais, je note souvent des phrases, glanées ça et là lors de mes lectures. En les relisant recemment, je me suis rendue compte que la plupart d'entre elles avaient un rapport avec le plaisir, qu'il soit visuel, olfactif, corporel ou purement psychologique. Les voici !
« Nous vivions de promenades, de siestes et de goûters où le pain d’épice avait la saveur de l’innocence et du bonheur. Pour les avoir talqués, poudrés, pommadés, je connaissais chaque centimètre carré de la peau de mes enfants. Je percevais les dominantes de leur odeur, animal chez le garçon, végétal chez la fille. »
Jean-Paul Dubois, Une vie française, éd. de L’Olivier, page 166,
« Le mois de juin, le soir, ferait presque espérer de la terre et des hommes. Il y a tant de parfums que viennent alors des jeunes files et des arbres, et l’air soudain se fait si gracieux qu’on aurait envie de tout recommencer, de se frotter les yeux, de croire que le mal n’est qu’un rêve et la douleur une tromperie de l’âme. »
Philippe Claudel, Les Ames Grises, Stock, page 202,
« Jele sens dans le sourire, je le sens dans les yeux, et je le sens dans les mains. Et puis tout. Il n’y a rien qui ne marche pas bien, il n’y a rien qui rate. Et puis après je le sens, parce que ça n’a jamais été aussi facile, ça n’a jamais aussi bien glissé, jamais. »
Christine Angot, Pourquoi le Brésil ?, Stock, page 72,
« Parce qu’elle était son genre de beauté, et bien plus que cela, une odeur, une peau, un secret, qui étaient faits pour lui plaire, qui venaient s’ajuster point par point à son désir, et sans qu’il ne sût rien de ce point par point, de ce désir. »
Alice Ferney, La Conversation Amoureuse, Actes Sud,page 68,
« Le citron vert. «Oui. » L’odeur bouchonnée des livres d’occasion. Les jambes en cuivre d’un télescope. « Et puis…. » Les jambes nues des femmes, le premier jour de printemps. Voir. Apprendre. Ecrire.Classer les choses radieuses. Les soupeser, les choisir. S’apercevoir que la liste n’a pas de fin. Continuer… »
Jean-Philippe Arrou-Vignod, Etre Heureux,Arlea, page 68,
« Ca sent l’iode et l’algue et l’eau de mer, comme les flaques à marée basse, et aussi la peau humaine et la sueur amoureuse et le gâteau fin. La cuillerée fond dans la bouche, c’est à la fois sucré et un peu salé, les petits grains s’écrasent sous les dents, sur la langue, se liquéfient en une molle et savoureuse pâtisserie et on a aussitôt envie d’y revenir. »
Alain Jaubert, Val Paradis, Gallimard, page 91,
« Cette joie enchanta mon enfance. J’étais tout en même temps. Les oiseaux qui trillaient, les fourmis qui ruisselaient de leur cratères, les garennes qui dansaient sous les ronces, les graines qui craquetaient de bonheur, le vent qui caressait les cheveux des saules. «
Franz-Olivier Giesbert, L’Américain, Gallimard, page 28,
« L'atmosphère est chaude et lourde des effluves de chocolat. Totalement différent de l'insipide chocolat farineux que je connaissais dans mon enfance, celui-ci exhale un parfum plein de richesse, comparable au puissant arôme de café qui se dégage du stand de torréfaction sur le marché, une délicieuse odeur d'amaretto et de tiramisu, un goût de fumé et de brûlé qui m'excite les papilles et me fait saliver. »
Joanne Harris,Chocolat, « J’ailu », page 157,
. « Il entendait d’autres sons que ceux perçus par son oreille profane. Il décomposait en schémas intelligibles le sentiment de beauté qui la submergeait et qu’elle croyait inexprimable. »
Isabelle Hausser, La Table des enfants, « J’ai Lu », page 403,
« J’avais devant moi la seule femme qu’il me plaisait de peindre. Ma belle idéale. Tous les points de son corps appelaient ma ferveur. Si je l’avais peinte à loisir, on aurait vu en elle la femme parfaite, celle qu’on veut posséder tout entière. J’aurais aimé que l’on comprît cela devant les peintures que je ferais d’elle ; pour moi, elle est parfaite. »
Adrien Goetz, La dormeuse de Naples, Le Passage, page 28,
« Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent le transport de l’esprit et des sens. »
Charles Baudelaire, Correspondances, « Les Fleurs du Mal », Le Livre de Poche
« J’adore qu’un peu de sable gaufre les feuilles, arrondisse la tranche, que trois pétales de pavot voltigent, qu’une fleur des champs à identifier plus tard tombe à la faveur d’un rapide feuillage. Mieux que tout commentaire, ils me rappellent le lieu, les odeurs, la saison, les gens. »
Annie François, Bouquiner, page 14,Le Seuil,
« Sa sueur fleurait aussi frais que le vent de mer, le sébum de sa chevelure aussi sucré que l’huile de noix, son sexe comme un bouquet de lis d’eau, sa peau comme les fleurs de l’abricotier… et l’alliance de toutes ces composantes donnait un parfum tellement riche, tellement équilibré, tellement enchanteur que tout ce que Grenouille avait jusque là senti en fait de parfums, toutes les constructions olfactives qu’il avait échafaudées par jeu en lui-même, tout cela se trouvait ravalé d’un coup à la pure insignifiance. »
Patrick Süskind, «Le Parfum », Le Livre de Poche, page 48,
« Elle commença à bouger le bassin par petits coups, sa jouissance montait,j’écartai les cuisses pour la pénétrer plus à fond. Le plaisir était intense, presque enivrant, je respirais très lentement pour me retenir, je me sentais réconcilié. Elle s’allongea sur moi, frotta vivement son pubis contre le mien avec des petits cris de plaisir ; je remontai les mains pour lui caresser la nuque. Au moment de l’orgasme, elle s’immobilisa, poussa un long râle, puis s’abattit sur ma poitrine. J’étais toujours en elle, je sentais sa chatte se contracter. Elle eut un deuxième orgasme, une contraction très profonde, venue de l’intérieur. »
Michel Houellebecq, Plateforme, J’ai Lu, page 117
« Je me suis promené, frais et léger, alors que je déteste les promenades, (mais personne ne s’en préoccupa : les gens font toujours des trucs absurdes après un enterrement), j’ai déambulé devant la mer, tenant compte de chaque rocher, chaque grain de sable. Je sentais mon âme déborder. Tout le ciel était à moi. »
Frédéric Beigbeder, L’amour dure trois ans, Grasset, page 87,
« Dans le RER, dans le métro, sitôt assise, je tombaisdans une rêverie de « A ». A la seconde précise où je tombais dans cet état, il se produisait dans ma tête un spasme de bonheur. J’avais l’impression de m’abandonner à un plaisir physique, comme si le cerveau, sous l’afflux répété des mêmes images, des mêmes souvenirs,pouvait jouir, qu’il soit un organe sexuel pareil aux autres. »
Annie Ernaux, Passion Simple, Gallimard, page 41
« Vers neuf heures du soir, je quittais la rive gauche en traversant la Seine par le pont des Arts. Je commençais à ressentir un soulagement. J’avais laissé derrière moi, del’autre coté du fleuve, une zone marécageuse où je pataugeais. J’avais repris pied sur la terre ferme. Ici, les lumières étaient plus brillantes.J’entendais le grésillement du néon. Tout à l’heure, je marcherais à l’air libre, le long des arcades, jusqu’à la place de la Concorde. La nuit serait limpide et silencieuse. L’avenir s’ouvrirait devant moi. »
Patrick Modiano, Accident Nocturne, Gallimard, page 45
« Cette joie enchanta mon enfance. J’étais tout en même temps. Les oiseaux qui trillaient, les fourmis qui ruisselaient de leur cratères, les garennes qui dansaient sous les ronces, les graines qui craquetaient de bonheur, le vent qui caressait les cheveux des saules. »
Franz-Olivier Giesbert, L’Américain, Gallimard, page 28,
« L'atmosphère est chaude et lourde des effluves de chocolat. Totalement différent de l'insipide chocolat farineux que je connaissais dans mon enfance, celui-ci exhale un parfum plein de richesse, comparable au puissant arôme de café qui se dégage du stand de torréfaction sur le marché, une délicieuse odeur d'amaretto et de tiramisu, un goût de fumé et de brûlé qui m'excite les papilles et me fait saliver. »
Joanne Harris,Chocolat, « J’ailu », page 157,
« -On se baigne ? lança Paul.
La mer était décidément trop belle. Il crut même voir la silhouette gracieuse d’un dauphin apparaître et disparaître dans l’eau cristalline. Et la plage, nom de Dieu…Un petit croissant d’or parsemé de galets blancs luisant sous le soleil au zénith. Tout autour, en arc de cercle, des bosquets d’oliviers, de pins, odorants comme une chambre de fille, descendaient jusqu’à la crique enchanteresse. Paul fermait les yeux de plaisir. »
Christophe Ono –dit-Biot, «Interdit à toute femme et à toute femelle », Plon, page 187,
«Ah si, je me souviens que j’étais prise, la nuit, d’une frénésie de rangement et de nettoyage, je récurais le sol, je désinfectais les poignées de porte, je m’affairais, je déplaçais mes livres et ceux d’Adrien, et puis je sentais enfin le moment exquis, proche de l’orgasme, ce moment où les cinq, six comprimés de Stilnox ou de Rohypnol agissaient enfin, gagnaient le bras de fer contre les amphétamines, ce moment où je sentais que je glissais vers le sommeil, ce sommeil épais, sans rêves. »
Justine Lévy, Rien de grave, Stock, page 110,