Regard sur les créoles de l’outre-mer français

Publié le 28 octobre 2010 par Noug
C'est dans les départements d'outre-mer que l'usage des langues régionales est le plus vivant. Dans les différentes variétés pratiquées en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique et à la Réunion, les créoles sont acquis comme langue première par la majorité de la population, et largement employés dans la communication quotidienne. Le nombre de locuteurs actifs est de l'ordre de deux millions, répartis entre les DOM et la métropole (Guadeloupe : 422 000 habitants, Martinique : 381 000). Le créole, outil principal des échanges ordinaires, est aussi, dans chacun de ces territoires, le moyen d'expression d'innombrables ouvres de création : littérature, chanson, théâtre, cinéma… Il organise tout le champ de la vie sociale et à ce titre c'est un élément essentiel de l'identité des Français d'outre-mer.
Les créoles des DOM sont des langues autonomes par rapport au français. Néanmoins, la grande majorité des matériaux linguistiques qu'ils mettent en œuvre est issue du français ; on parle de créoles à base française, comme il existe des créoles à base anglaise ou portugaise.
La situation de ces créoles est aujourd'hui contrastée. Leur pratique tend à se réduire au fur et à
mesure qu'on s'élève dans l'échelle sociale, elle n'est plus universelle et, en même temps, la langue pénètre des bastions naguère réservés au français, comme les médias. Elle fait son apparition à l'école. Ainsi, avec la présence massive et active des deux langues, les départements
d'outre-mer offrent un terrain de prédilection à la mise en oeuvre des principes de pluralisme et de diversité culturelle.
Cultures et langues d'outre-mer bénéficient d'un cadre juridique et d'un soutien public, parfois adaptés aux réalités locales.
DANS L'ENSEIGNEMENT - La loi d'orientation pour l'outre-mer du 13 décembre 2000 rappelle que les langues régionales en usage dans les DOM font partie du patrimoine linguistique de la Nation et que la loi Deixonne de 1951 sur l'enseignement des langues locales s'applique à elles. La création d'un CAPES de créole en 2000 a permis le recrutement d'enseignants qualifiés pour le secondaire, aujourd'hui au nombre d'une trentaine pour Guadeloupe, Martinique et Réunion, auxquels s'ajoutent une quarantaine de certifiés d'autres matières qui enseignent la langue. Dans le premier degré, sont à l'œuvre 95 instituteurs et professeurs des écoles. Pour les trois départements, le nombre d'élèves ayant suivi en 2007-2008 un enseignement de créole est le suivant : collège : 2 902, lycée : 987, en augmentation sensible sur le début de la décennie. Malgré des résistances, les enjeux d'un tel enseignement commencent à être perçus dans les rectorats : lutte contre l'échec scolaire, apprentissage de la lecture et "littérisation", "confort linguistique" (par la maitrise conjointe du créole et du français), ouverture au monde par un bilinguisme assumé.
DANS LES MEDIAS - La société RFO a pour mission d'assurer "la promotion de la langue française ainsi que celle des langues et cultures régionales". Sur place, journaux télévisés, séries de divertissement, émissions de variétés et documentaires trouvent leur place à la télévision, mais cela ne représente guère plus d'une heure par semaine ; le créole est en revanche presque omniprésent à la radio.
DANS LE CHAMP DE LA CULTURE - Le ministère apporte son soutien aux nombreuses manifestations culturelles, salons du livre, spectacles, expositions qui sont l'occasion de valoriser le créole, sur place à travers les DRAC et en métropole. D'autre part, les États généraux de l'outre-mer ont montré l'importance du facteur linguistique dans les difficultés économiques, sociales et culturelles que rencontrent les populations, et la nécessité de mettre en oeuvre une politique des langues dans les territoires concernés. Pour avancer dans cette voie, la délégation générale à la langue française et aux langues de France a ouvert en 2010 un Fonds incitatif pour le développement linguistique des outre-mer. Ce fonds a pour objet déclaré le lancement d'une politique de mise en valeur de la pluralité.
Source(s) : Extrait du "Rapport au Parlement sur l'emploi de la langue française" de la délégation générale à la langue française et aux langues de France (2010)