Le budget présenté devant l’Assemblée nationale est un chef d’œuvre d’opacité. Redoutant d’avoir à expliquer pourquoi il avait fait le choix de baisser les investissements et
multiplié les suppressions d'emplois, le Ministre s’est livré à un tour de passe-passe administratif en mélangeant différentes notions. Il est vrai qu’au fil des mois, il a gagné avec la
publication des chiffres de la délinquance, un certain savoir faire…
Il convient donc de rectifier ses affirmations et de rappeler les chiffres essentiels du projet de loi de
finances.
1925 suppression de gardiens de la paix. Brice Hortefeux jongle avec différentes notions, parlant
alternativement « d’effectifs » d’Equivalent Temps Plein (ETP), d’Equivalent Temps Plein Travaillés (ETPT) voire quand il traite de la gendarmerie d’Equivalent Temps Plein Emploi (ETPE).
Comprenne qui pourra. La réalité, c’est que le corps d’encadrement et d’application (les gardiens de la paix) perd 1925 postes en 2011.
156 suppression de postes dans la police technique et scientifique. Alors qu’elle est censée être élever
au rang des priorités de la future loi de programmation et de performance de la sécurité intérieure (LOPPSI), près de 9% des postes de personnel scientifique, sont supprimés.
19 % de diminution de l’investissement. Le ministre prétend investir dans la modernisation de ses services
mais le budget révèle un effondrement des crédits : - 6,5% pour la gendarmerie nationale et -28,3% pour la police nationale. Le gouvernement fait le choix d’une politique de court terme,
sacrifie l’avenir et prépare une bombe à retardement pour les années futures pour des forces de sécurité en voie de clochardisation.
L'érosion du fonctionnement est manifeste, avec des crédits qui baissent de 1,9% pour la gendarmerie et de
0,5% pour la police. Avec une si faible marge de manœuvre, on peut douter de la sincérité des chiffres. L’an passé déjà, le gouvernement avait sous évalué le poids des mesures catégorielles ce
qui l’avait contraint à dépasser largement les crédits votés.
6 215 policiers et gendarmes de moins qu’en 2002. Brice Hortefeux ne cesse de proclamer qu’en dépit de la
RGPP, « il y a plus de personnels qu’il y a dix ans ». Las, les chiffres publiés par les lois de finances initiales depuis 2002 démontrent l’inverse. A la fin de la législature 1997-2002, la
France comptait 248 917 policiers et gendarmes (150 832 policiers actifs, administratifs et scientifiques et adjoints de sécurité et 98 085 gendarmes). En 2011, elle en comptera 242 702 (145
504 policiers et 97198 gendarmes). Cela fait 6 215 de moins.