Nicolas Sarkozy a fait du bon travail ! Malakoff-Mérédic et compagnie peuvent se frotter les mains… et les salariés se faire tondre de 15 % supplémentaires “étouffés” sur leur bulletin de salaire. C’est pas beau la vie en Sarkozie ? Les assurances qui proposent des contrats invalidité-incapacité profitent du recul de l’âge de la retraite pour majorer leurs tarifs de 15 % lis-je sur Le Figaro (28 oct. 2010) Vers un envol des tarifs des contrats prévoyance.
Leur prétexte ? «Notre profession va être touchée à deux niveaux par cette réforme. D’abord, il lui faudra dégager 4 milliards d’euros pour supporter le coût de ces deux années supplémentaires sur les salariés déjà en invalidité. Ensuite, les primes futures seront impactées, puisque la durée d’indemnisation de l’invalidité va automatiquement augmenter», assure Bertrand Boivin-Champeaux, le directeur prévoyance et retraite supplé-mentaire du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).
Pascal Broussoux, directeur assurance de risques chez AG2R La Mondiale avance même que «Si le passage à 62 ans n’était pas lissé sur six années, il y aurait même eu un bond des cotisations de près de 90 % ! Les cas d’invalidité surviennent en moyenne à 50 ans. Avec la réforme, les compagnies devront fournir des prestations pendant douze ans et non plus dix, ce qui représente une augmentation de 20% de la durée de paiement».
Les indemnités pour invalidité ou incapacité sont en effet versées jusqu’au moment où le salarié concerné touche une pension de retraite, ajoute Anne de Guigné (rédactrice de l’article).
Or, il faut savoir que s’il s’agit d’une invalidité - et non d’arrêts de travail en maladie de longue durée ou d’arrêts-maladie à répétition - le salarié est automati-quement mis en retraite à 60 ans. Et qu’il ne peut percevoir un revenu inférieur à ce qu’il touchait en invalidité, ce qui en revanche ne joue pas pour la retraite complémentaire (sauf s’agissant de la mise à la retraite à 60 ans).
Quant à l’argument selon lequel ces compagnies devraient dégager 4 milliards d’euros pour supporter le coût des deux années supplémentaires, il ne tient pas plus la route car, comme le font remarquer certains assureurs «les prestations devront certes être versées plus longtemps, mais les cotisations encaissées le seront aussi plus longtemps !».
Un fin connaisseur du marché estime «Le chiffre de 4 milliards tout à fait fantaisiste (…) En fait, les institutions fragilisées vont profiter de la réforme des retraites pour reconstituer leurs fonds propres». Je ne suis d’ailleurs pas certaine qu’elles soient aussi fragiles que cela… Ce nouveau pactole leur permettra de spéculer, acquérir des concurrents plus petits, procéder à des fusions-acquisitions, offrir de solides bonus aux dirigeants et des dividendes en hausse à leurs actionnaires. On prend les paris ?
Qui va payer la note ? Les salariés cotisent déjà à hauteur de 40 % pour cette garantie, les employeurs versant les 60 % restant. Jusqu’à présent, ils prenaient le plus souvent à leur charge les hausses de cotisation. Cela ne devrait guère peser sur le budget des grandes entreprises – qui d’ailleurs la plupart du temps offrent les meilleures garanties à leurs employés – mais quid des entreprises plus petites qui sont déjà malmenées par la crise ?
Les “étrennes” de janvier 2010 seront particulièrement salées car il faudra y ajouter l’augmentation de 8 à 10 % des complémentaires de santé afin de répercuter les mesures prises pour limiter le déficit de l’Assurance-maladie : baisse du remboursement de certains médi-caments et taxe de 3,5 % sur les contrats dits «responsables»… Bref, nous serons une fois de plus tondus rasibus et proprement plumés à sec (aïe ! aïe ! ouille ! ouille !) . On dit «merci qui» ?