Langue de chat

Encore un mouvement de grève. Obligée de remplacer Margaux à patte levée. Toujours coincé dans l'appartement de Nathie, à Nantes, où je n'ai que de vulgaires pigeons à me mettre sous la dent. Je ne sais pas ce qui se trame, mais Margaux a fêté un truc l'autre soir. Elle s'est saisie d'une bouteille et d'une gamelle à pied. Un projectile a percuté le plafond hausmannien pour venir rouler sur le parquet. Ni une ni deux, j'ai bondi de mon fauteuil favori, intercepté l'intrus, qui m'a paru moins patibulaire et plus vif que les pigeons de balcon délavés par le crachin breton. Mes griffes se sont parfaitement enfoncées dans cette proie qui s'est avérée non comestible. Les courgettes, le concombre, les haricots, passe encore, mais le liège, très peu pour moi. Je suis un chat, pas un digesteur. Vu le nombre de bouchons qui circulent dans ces lieux, je me demande si je ne vais pas prévenir les architectes de la « Villa Déchets ». J'ai entendu Margaux parler d'une association nantaise qui construit une maison intégralement à partir de déchets collectés, triés et métamorphosés par plus de 7000 bénévoles de la région. L'agglomération ouvre ses déchetteries pour leur fournir cartons, papiers, palettes… ainsi qu’un camion pour faire des navettes. Le chantier de construction, qui se trouve près des Machines de l’île, vient de commencer et s'arrêtera le 30 novembre. Même le mobilier et les équipements seront issus de détritus ! Vous pensez qu'ils accepteraient ma litière pour faire du ciment ? Les amateurs pourront ensuite visiter le site du 1er décembre au 1er janvier 2011, et même y dormir, si j'ai bien compris. Moi, je veux bien faire le chat de service et ronronner à la demande. Les dons collectés par les nuitées ainsi que les clés de la villa seront reversés à une association nantaise. La SPA peut-être ? Mais si, vous savez bien, la Société pour la promotion de l'alcool ! Allez, chalut. Je file regarder Téléchat. J'ai le béguin pour Lola l'autruche… et elle sera en direct du Festival international du film ornithologique, alors… Je vais me laquer dans le sens du poil.