Massacrer son conjoint «par amour» et n’avoir pas ensuite le «courage de se tuer» ?!

Publié le 29 octobre 2010 par Kamizole

S’il est des faits divers rigolos que je narre avec grand plaisir, d’autres me font froid dans le dos et rager tout en même temps. Ainsi, parcourant cette nuit la dernière mouture de la newsletter de 20 minutes «L’édition buzz, ce qu’il ne fallait pas manquer» je ne pouvais manquer de tilter sur ce titre Pensant être atteint d’une leucémie incurable, il tue sa femme afin qu’elle ne refasse pas sa vie. Tout est dit. Je suis d’autant plus sensible à ce genre de choses que lorsque j’avais entre 9 et 10 ans, j’étais en cours moyen à l’école du Château Gaillard, nous apprîmes un lundi matin que le père d’une de nos camarades de classe s’était suicidé au gaz et qu’il avait entraîné dans sa mort sa femme et ses enfants. Je ne pus jamais passer devant leur maison, rue Bellébat, sans un pincement au cœur.

Ce fut un choc pour nous toutes, institutrice comprise et je me suis forgé une conviction inébranlable : on n’a pas le droit d’entraîner les autres dans sa mort. La question du suicide est une chose qui divise passablement l’opinion, entre ceux qui pensent qu’il faut du courage et d’autres à l’inverse que c’est de la lâcheté. La plupart ignorant tout simplement la violence d’un raptus suicidaire et l’incroyable énergie qu’il faut pour y résister.

Pour en revenir aux faits, cet homme de 43 ans se pensait atteint d’une leucémie : il souffrait de douleurs violentes au dos et à l’abdomen et un examen sanguin avait révélé un taux de leucotytes trop élevé et après des recherches sur internet ! il se croyait atteint d’une leucémie… Il y a tellement de raisons d’avoir trop de globules blancs ! A commencer par une banale infection. En plus, pour parler de leucémie il faut une hyper-leucocytose particulièrement cognée (100.000 à 300.000 voire plus, selon les formes de la maladie) associée à une anémie très importante.

Quand on est “du bâtiment” on sait fort bien qu’il faut aussi prendre en compte bien d’autres paramètres sanguins et cliniques. Utiliser internet pour un auto-diagnostic peut se révéler très dangereux quand on n’y connaît que dalle. Il eût mieux fait d’aller voir son médecin. La preuve : il apprit qu’il n’était pas malade après avoir commis son forfait…

Il ne supportait pas l’idée que sa femme puisse refaire sa vie après sa mort : «Ça me faisait peur. J’ai toujours été fou amoureux de Nathalie. Je ne pouvais concevoir qu’elle vive avec un autre»… Putain de merde ! Ce n’est pas de l’amour, c’est du pur égoïsme… Je dirais d’ailleurs la même chose des personnes qui ne supportent pas une séparation et tuent leur conjoint.

Toujours est-il qu’il a massacré sa femme à coups de marteau – elle est morte deux jours plus tard à l’hôpital - et était déjà en état de mort cérébrale quand l’aîné des enfants (15 ans… pauvre gamin, il sera marqué à vie) a découvert sa mère gisant dans son sang. Le mari voulut ensuite se jeter dans la Seine mais dira aux enquêteur n’avoir pas, eu au bord des quais longeant le fleuve, «le courage de se tuer»… Je préfère me taire.

Il a été mis en examen «pour meurtre sur conjoint» et écroué. Il laisse seuls 3 enfants orphelins de mère et qui seront séparés de leur père vraisemblablement pour un certain nombre d’années. Quel gâchis !