Etat chronique de poésie 1041

Publié le 29 octobre 2010 par Xavierlaine081

1041

J’avais délaissé les rives où s’écoule le fleuve des mots.

Muré en mon silence, je regardais passer le temps,

Et les convois protestataires.

*

Vous me rappeliez

A juste titre

Mes propos

Lâchés

Ici ou là

.

“Je suis extrêmement méfiant vis-à-vis de tout ce qui cherche à s'établir comme vérité absolue et définitive, me tiens à distance de ceux qui prétendent avoir raison” 

.

Vous aviez raison

La contradiction est évidente

Ou

Du moins apparente

.

On ne peut inviter à la méfiance

Et appeler à l’insurrection

.

Seul problème

Est qu’elle s’en vient

Posant la question

Constante

De ma place

*

Poésie peut-elle battre un pavé

Qui ne lui a rien fait

Sans perdre son âme

Rejoindre foule tonitruante

.

Poésie doit-elle demeurer

A l’écart

Sur le trottoir

Regardant passer l’histoire

.

Muette devant les indignes soumissions

Poésie serait de quel bord

.

Bâbord ou tribord

Qu’importe

Lorsque le navire prend gite

Proche de sombrer

En eaux profondes d’injustice

Poésie

Devrait prendre gouvernail

.

Car c’est d’humain qu’il s’agit

En longues cohortes étranglées

Sacrifiées

.

Tant qui ne savent dire mot

Que ceux qui en ont l’art

Me semblent être dépositaire d’un devoir de conscience

*

Vous aviez tellement raison

Qu’il me fallait prendre distance

Peser dans ma balance

Ce qui des uns ou des autres m’appelait

.

Mes mots dits

Pour dire les maux

En multiples misères

.

Mes maudits mots

Comme fleuve qui roule

Emportant toute raison

Balayant toutes vérités

.

N’en restait qu’une

Celle de grandir en humanité

Quitte à commettre l’erreur

De choisir bâbord contre tribord

Juste avant de couler

Dans un grand rire d’étoiles

.

Nos voiles

Alors

Surnageront un moment

Sur la planète océan

Juste avant que vie ne reprenne ses droits

*

Nous serons peut-être

Poètes

Les ultimes capitaines

Coulant avec leur navire

.

Notre devoir

Est de mettre femmes et enfants à l’abri

De sauver ce qui peut encore l’être

Lorsque le vent d’iniquité souffle en rafale

*

Quelle force a votre raison

Qui m’oblige à justifier l’évidence

.

Mon métier d’homme

Est d’être là où les hommes tentent

De scier chaînes et barreaux

Pour une hypothétique liberté

Qui toujours les fuit

*

« Souffre un moment encor ; tout n’est que changement. 

L’axe tourne, mon cœur ; souffre encore un moment. 

La vie est-elle toute aux ennuis condamnée ? 

L’hiver ne glace point tous les mois de l’année. » 

André Chénier (1762-1793), Elégies 

.

Manosque, 4 octobre 2010

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