Magazine Cinéma
Cosa avete fatto a Solange ?
1972
Massimo Dallamano
Avec: Fabio Testi.
La belle langue italienne parlée au beau milieu de Londres, voilà qui offre déjà un peu de piquant pour ce giallo édité par Neo Publishing. L’on commence fort gentiment avec une belle tripotée de jeunes filles en fleur pédalant doucement sous la belle musique d’Ennio Morricone. D’emblée on est saisi par la lourde ambiguïté de ce type de métrage, ces riantes jeunes demoiselles veulent respirer l’innocence qui alimentera la haine vengeresse du spectateur choqué par leur horrible supplice. Et en même temps, si le spectateur va voir ce film, c’est bien qu’il espère en voir de belles, des nichons et des fesses, des yeux révulsés de terreur et du sadisme bien pimenté. Qu’à cela ne tienne, coté cul et nichons, l’intégralité des plans est sur la jaquette du DVD Neo Publishing, donc rien ne sert de mettre la galette dans le lecteur pour cet inavouable penchant là, et en plus, je vous en remet une couche…:
Pour le sadisme, le sort réservé aux gaies mutines est également décrit sur la jaquette, de surprise point donc, et malgré quelques plans graphiques corsés, le sadisme de l’affaire paraît bien fade avec les années. Reste alors le suspense, le scénario alambiqué qui malgré une lenteur toute relative reste cohérent, maîtrisé et surtout assez inattendu au niveau de la révélation du pourquoi du comment de toutes ces saletés. L’interprétation est bonne, Fabio Testi en tête bien qu’il s’efface plus ou moins vers la fin au profit de Joachim Fuchsberger, l’inspecteur local. On est également surpris de voir certains personnages disparaître prématurément alors que le suspense reposait plus ou moins sur eux, tandis que d’autres formatés et catalogués depuis le début évoluent lentement et révèlent d’autres facettes de leur personnalité, comme la teutonne femme du héros joué par Karen Baal, qui une fois qu’elle a dénoué son rigide chignon sait faire preuve de grâce et de compréhension. Notons au passage qu’à part une grosse mégère tricoteuse, l’ensemble du casting féminin est sidérant de beauté, ce qui n’est pas le cas du libidineux, torve et crispé casting masculin constituant la ribambelle de pervers suspects qui gravite autour du collège de jeunes filles en jupettes (dont le spaghettiesque Antonio Casale). La Solange du titre apparaît fort tardivement, elle est joué par Camille Keaton, la petite fille de Buster Keaton, qui nous marquera plus huit ans plus tard dans l’horrible et vieilli I spit on your grave. Un film bien fait, qui permet de se replonger dans l’ambiance seventies où la libération sexuelle se confrontait à la rigidité ecclésiastique, sans que l’on sache bien qui gagne à la fin, car si les meurtres sont unanimement condamnés, force est de constater qu’elles l’avaient bien cherché les salopes, comme si le mal à l’état pur n’existait pas, comme pour rassurer le bon père de famille : rien de tel n’arrivera à vos filles si elles se tiennent à carreau ! Et puis, l’on sait désormais où Brian De Palma a été cherché ses idées de nymphettes sous la douche collective et de caméra subjective pour suivre l’assassin.