Après le succès des portraits d’Alexandre Jardin, Arnaud Maïsetti et Astrid Monet, nous voici de retour pour vous présenter Claude Ecken, une figure respectée de la SF française. Publié aux éditions du Bélial, Claude Ecken est l’auteur d’une vingtaine de romans dont certains ont obtenu des distinctions prestigieuses (Prix Rosny, Grand Prix de l’Imaginaire). Un auteur dont le talent n’est parfois pas reconnu à sa juste valeur, mais qui mérite pourtant d’être mis en avant.
Chronologie
- Juin 1954 : Naissance en Alsace
- 1968 : Déménagement à Aix en Provence
- 1981 : Création du festival de BD d’Aix
- 1981 : Premier texte publié : Les Déracinés dans la revue de SF Ere Comprimée n°12
- 1984 : Premier polar : L’Abbé X paru dans la collection Engrenage au Fleuve Noir.
- 1985 : Premier roman SF : La Mémoire Totale publié au Fleuve Noir Anticipation
- 1988 – 2000 : Parution de plusieurs romans dont Auditions Coupables (1988), L’autre Cécile (1989), Le Cri du Corps (1991).
- 2000 : Prix Rosny 2001 pour le roman La Fin du Big Bang.
- 2005 : Parution du recueil Le Monde tous droits réservés
- Novembre 2005 : Grand Prix de l’Imaginaire 2006 décerné pour Le Monde tous droits réservés
Interview
– Des sujets dérangeants, un style fulgurant : pourquoi tant de noirceur dans vos romans ?
Il y a effectivement de la noirceur dans mes récits, mais pas exclusivement. Loin de là, même. Disons qu’ils sont à l’image de notre société. Je ne pense pas avoir une lecture pessimiste du monde. Réaliste, oui. Certains jours, mais pas quotidiennement, je reste confiant dans la capacité de l’homme à se dépasser et régler les problèmes qu’il se crée. La plupart des malheurs qui nous frappent ne sont que des épiphénomènes de mouvements plus grands. Il y eut, dans les siècles passés, des périodes bien plus sombres que la nôtre.
- Comment un même écrivain peut il faire cohabiter dans son oeuvre des romans aussi noirs et des livres pour enfants ?
Comment la même personne est-elle capable un jour de rire, l’autre de pleurer ou de mal se comporter ? Les récits se présentent à l’esprit, selon l’humeur du moment. Avec monsieur Routine, j’essaie de montrer ce qu’il y a de plaisant dans la vie, dans des récits plus adultes, je dénonce les dysfonctionnements de la société. Il n’y a nulle schizophrénie là-dedans, juste un reflet de la vie, avec ses bons et ses mauvais côtés.
- Les éditions du Bélial ont lancé au mois de septembre la plateforme e-Belial. Que vous inspire cette initiative ?
Beaucoup de bien. Les éditions du Bélial, comme quelques autres maisons, mais encore trop rares, anticipent le marché à venir, encore bien timide. Il le fait honnêtement et en toute transparence avec les auteurs. Rien n’est encore figé : le Bélial teste des formules de vente. C’est en tout cas intéressant de vérifier en quoi le comportement du lecteur de livre électronique diffère, s’il diffère.
- A cette occasion, Le Monde tous droits réservés et Enfer Clos ont été publiés au format électronique. Que représente pour vous le livre numérique ?
Un livre.
Autrement dit, un texte à lire. J’aime le contact du papier, feuilleter un ouvrage (recherche que je trouve plus pratique que le curseur), mais je ne suis pas dérangé par la lecture sur écran. L’objet livre fera toujours partie de mon univers, il m’a accompagné toute ma vie, mais je ne lui sacrifie pas le reste. J’aime d’ailleurs flâner sur Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale et dénicher des curiosités ou des raretés.
Je trouve plusieurs avantages au livre numérique : sa compacité (il faut dire que ma bibliothèque dépasse, avec les revues, les 20 000 pièces et que la pièce se bouche inexorablement), qui permet d’en emporter énormément avec soi (évidemment, si vous vous faites voler votre e-book ou votre support de lecture, c’est une bibliothèque qui s’envole en l’absence de copie) et surtout, pour l’essentiel des livres une fonction de recherche et de copie qui permet de retrouver rapidement un passage et de le copier.
Quand on écrit, comme moi, des études sur la littérature, cette recherche est nettement plus pratique que le déploiement sur sa table de travail de trente ouvrages saturés de marque-pages.
- Envisagez-vous de poursuivre l’aventure en sortant par exemple un roman 100% numérique ?
Pas dans l’immédiat, toujours à cause de ce rapport avec l’objet livre. Mais selon l’évolution de l’édition, pourquoi pas ?
- Vous avez reçu en 2006 le Grand Prix de l’Imaginaire pour Le Monde tous droits réservés. Pouvez vous nous en dire plus sur ce recueil ?
Il s’agit d’un recueil de douze nouvelles courant sur un peu plus d’une vingtaine d’années, sélectionnées par Roland Wagner. Il contient donc des textes anciens et d’autres plus récents. Ce sont des nouvelles de science-fiction davantage axées sur le social dans un futur proche, mais qui flirte parfois avec les univers parallèles et la cosmologie. Plusieurs récits avaient déjà reçu un prix ou avaient été sélectionnés, ce qui en fait une sorte de best of – d’autant plus qu’il n’en existe pas d’autre à ce jour.
Dans ces textes, j’aborde plusieurs thématiques comme le journalisme, la précarité des sans-emploi, diverses formes d’exclusion tout en tentant de déterminer la place de l’homme dans la société, accessoirement dans et face à l’univers.
Une bonne part de ces récits sont des novellas, à savoir une longueur comprise entre la longue nouvelle et le roman court. C’est un format qui convient à la description d’univers spéculatifs : l’auteur a le temps de le mettre en place sans cependant s’attarder, ce qui lui conserve sa charge émotionnelle tout en lui permettant de développer sa réflexion.
Synopsis
Imaginez un monde où les organes de presse auraient le pouvoir de copyrighter l’information…
Un monde où il serait possible de déléguer les tâches subalternes auprès de clones et mener ainsi plusieurs vies de front…
Un monde où les génotypes seraient contrôlés par l’Etat et où, avant votre naissance, votre avenir serait prédéterminé en fonction d’un ADN attribué…
Un monde où il serait possible de parcourir l’univers en s’incarnant dans des entités extraterrestres…
Un monde qui, ayant banni la mort, punirait le suicide par une peine de vie à perpétuité…
Imaginez… demain.
Extrait
Jeu Concours
eBouquin et les éditions du Bélial s’associent pour vous offrir 30 exemplaires du recueil Le Monde tous droits réservés. Les 30 premiers commentaires remporteront ainsi chacun une copie électronique de l’ouvrage (vendu normalement 10€) au format ePub et PDF.
Les retardataires pourront toujours se consoler en téléchargeant gratuitement L’Appel de la Nébuleuse, une autre nouvelle de Claude Ecken (qui ne fait pas partie du recueil) en accès libre sur le site du Bélial jusqu’au 1er novembre !
Vite ! A vos claviers ! Il n’y en aura pas pour tout le monde !!
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