À plusieurs reprises au cours de la période qui a suivi l’arrivée de la crise financière, nous aurions été tentés d’appeler les citoyens de ce pays au boycott. Boycotter la marque de pneus Continental pour la punir du sort qu’elle a réservé à ses salariés de l’usine de Clairoix à qui elle avait promis le maintien de l’emploi en échange de l’abandon des 35 heures. Boycotter certaines banques pour l’attitude qu’elles ont eue vis-à-vis de leurs clients au moment de la crise. La Caisse d’Épargne, par exemple, dont les conseillers poussaient ses clients les plus modestes à investir dans des produits financiers sophistiqués auxquels ils ne comprenaient rien (Et l'action Natixis passée de 20 euros à 4) et qui ont ainsi perdu une partie de leurs économies. Etc. Les sujets d’indignation ne manquent pas.
Ce qui nous retenait, c’est la loi française qui, sans l’interdire, ne permet pas dans la pratique d’appeler directement au boycott de produits d’une entreprise, d’une société ou d’une marque, nommément désignée. Mais si le Gouvernement nous montre la voie, alors, il ne faut plus hésiter.
L’appel du ministre Estrosi au boycott des produits de la société Molex par les constructeurs automobiles français, en raison des profits considérables qu’elle vient d’annoncer et de la distribution de copieux dividendes aux actionnaires, dans le même temps où elle refuse d’honorer les engagements qu’elle a souscrits auprès des salariés de l’usine de Villemur-sur-Tarn fermée en 2009, ouvre de nouveaux horizons. Pour une fois nous serons d’accord avec un ministre de ce gouvernement. Oui, l’attitude de Molex est proprement scandaleuse et mérite l’application d’une telle mesure, quoi qu’en pensent Renault ou PSA qui ne semblent pas empressés de l’observer. Solidarité capitalistique oblige.
Le boycott, arme redoutable si elle est correctement soutenue par l’opinion, est un moyen incontournable de faire plier jusqu’aux plus rétifs. Parmi les amis de la bande du Fouquet’s, profitant largement de la politique sarkozyste au détriment des plus faibles, des plus pauvres et des classes moyennes, il en est au Medef ou ailleurs qui pourraient ainsi faire les frais de leur soutien sans faille au pouvoir. C’est là probablement le moyen le plus efficace de toucher au cœur le système sarkozy. Quand on dit qu’il faut trouver de nouveaux moyens d’action qui ne coûtent pas aux salariés. Nous y sommes. Et en cela, les réseaux sociaux ont un rôle considérable à jouer.
Reynald Harlaut