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Pensant avoir reconnu Grigori Perelman sur le trottoir, nous nous sommes dirigés vers lui. Depuis les derniers mouvements qui ont touché la rédaction, nous avons décidé de travailler en équipe réduite. Un journaliste, un preneur de son et un cameraman. On a aussi un chauffeur et quelqu'un pour les repas. Cette souplesse nous a permis de réagir très vite face à cette évidence : il nous fallait un interprète. Bien sûr, le patron parle le dialecte des environs de Pskov. Avec ces accentuations que vous jugez pittoresques mais que n'importe quel Moscovite qualifierait d'insignifiantes. Tout ceci n'a pas manqué de déclencher la méfiance de Perelman. On s'est perdu en conjectures pour finir par lui tendre le micro. Après une étude attentive de la bande son, nous sommes en mesure d'affirmer que Perelman a mis au point une méthode infaillible pour compter les manifestants.
Manque de chance, sur la fin du parcours, nous avons perdu ma petite nièce âgée de 6 ans qui nous accompagnait en trottinette. La police l'a retrouvée. Sa mère était très fière car elle avait été capable de donner son nom et son adresse. Perelman l'a vertement tancée : "La prochaine fois, dis-leur que tu ne parleras qu'en présence de ton avocat !"
Nous en profitons pour donner ce conseil à tous les parents : pensez à faire accompagner vos enfants d'un interprète et d'un conseiller juridique afin d'éviter les conjectures impossibles.
N'oublions pas de rappeler le chiffre du jour en ce jeudi 28 octobre : 14 000 manifestants contre la pseudo réforme des retraites. Perelman poursuivra son cycle de conférence à Draguignan, Guingamp, Rouen, Chartres, en la salle des pas perdus, au lieu-dit le Tranquiloubilou (villejumelée) près de Tours avant de prendre quelque jours de repos à Reno pour y soigner ses calculs