Quelques 370 pages plus tard, je repose le livre et je me sens complètement vide. La faute à cette fin qui me fend le coeur, qui me laisse lourde, malheureuse, déchirée et impuissante. Valérie Guinot est elle-même une enchanteresse, elle possède le don de nous envoûter par les mots, et croyez-moi, c'est une arme précieuse et redoutable !
Ce deuxième livre s'ouvre donc, et contre toute attente, sur la fuite de Ninian, le frère d'Azilis, qui s'échappe de son monastère, accusé de vol et de crime. Pendant une centaine de pages, nous en apprenons plus sur lui, et surtout sur son extrême sensibilité, le fait d'avoir été le jumeau d'une soeur exceptionnelle et vénérée par tous, de n'avoir jamais su trouver sa place ni d'avoir eu le sentiment d'être compris par les siens. Ninian a cherché un refuge, pensant le trouver dans la religion, mais le garçon s'est leurré.
Azilis, de son côté, mène une vie heureuse et épanouie auprès de Kian, à Ynis-Witrin. Arturus et ses compagnons y font une brève escale, essentiellement par amitié, même si cela va entraîner des complications et de violents remous. Paralysé par une entorse, le dux est contraint de prolonger son séjour à la villa, tandis que Caius et Kian rallient les armées pour reprendre la cité de Portus Adurni récemment assaillie par les Saxons. Myrddin en profite pour se rapprocher d'Azilis, renouvellant sa proposition de lui enseigner ses secrets. Cela sent le piège, la manipulation, la magie... Malgré elle, la jeune femme est ensorcelée, et ce qui ne devait surtout pas arriver arriva. C'est triiiiste !!!
Cette série est superbe, belle, captivante, elle possède un charme fou, son pouvoir de séduction est implacable, à tel point que vous ressentez ce que les personnages éprouvent - colère, amertume, ivresse, fascination, chagrin et j'en passe. De plus, si vous ne l'aviez pas encore relevé, il y a une histoire cachée derrière l'épopée d'Azilis, une romance où s'enlace une légende, radieuse et invicible. Je pressens une issue qui me laissera un grand vide au ventre...
Encore un extrait ?
Les lèvres du barde ne se posèrent pas sur ses lèvres, comme elle s'y attendait, mais à la naissance de son cou. Sa bouche glissa lentement jusqu'au lobe de son oreille, qu'il mordilla, puis le long de sa mâchoire pour se poser enfin sur sa bouche qu'il effleura à peine.
La peau d'Azilis était parcourue de frissons.
" Cette grotte est glacée, se dit-elle en serrant contre elle les pans de son manteau. Je vais attraper... "
Sa pensée s'arrêta net lorsque Myrddin l'embrassa réellement. Il tenait son visage entre ses mains, à genoux devant elle, sans la serrer contre lui. Pourtant, le contact de sa bouche sur la sienne avait réveillé le sentiment de fusion entre leurs êtres qu'elle avait éprouvé quand ils chevauchaient le vent.
Le coeur d'Azilis s'affola, son souffle devint plus rapide et moins profond, elle s'accrocha aux bras de Myrddin pour ne pas chanceler.
Ce fut quand il cessa de l'embrasser qu'elle s'aperçut que ses mains n'enserraient plus son visage mais sa taille. Il relâcha son étreinte et termina comme il avait débuté, en laissant glisser ses lèvres du coin de sa bouche à la base de son cou.
- Merci, dit-il dans un souffle. Ce baiser mérite tous les sacrifices.
Azilis, tome 2 : La Nuit de l'Enchanteur - Valérie Guinot
Rageot (2009) - 380 pages - 15€
couverture : Stéphanie Hans