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Ronit Elkabetz et Hiam Abbass, sœurs de cinéma et de combat

Par Mickabenda @judaicine

Judaicine-Ronit et Hiam par Xavier NATAFL’une est Israélienne, l’autre est Palestinienne et elles étaient hier au Cinemed à Montpellier

La remarque est faite : « On dirait deux sœurs. » Hiam Abbass, 49 ans, est Palestinienne, de nationalité israélienne ; Ronit Elkabetz, 45 ans, est Israélienne, d’origine marocaine.

Actrices-réalisatrices engagées, elles se disent surtout « sœurs spirituelles » et leur rencontre fut belle à voir, hier à Montpellier, dans le cadre du festival Cinemed qui consacrait une séance spéciale aux “Femmes de Méditerranée”.

Les regards et les gestes disent beaucoup de l’estime que les deux femmes se portent. Dans un milieu où se gonflent les ego, elles disent volontiers “nous” quand elles partagent la parole. « Le cinéma est notre vie, notre histoire,

notre combat », assène Ronit Elkabetz, pour la première fois à Montpellier ; « Notre engagement à l’image fait de nous des êtres humains égaux face au conflit », appuie Hiam Abbass, une habituée du festival. Le conflit israélo-palestinien, le « problème » comme dit Ronit, est au cœur de leur cinéma, comme la place de la femme dans les sociétés méditerranéennes.

La porosité est totale entre ce qu’elles vivent et ce qu’elles montrent à l’écran. C’est sans doute ce qui les rapproche tant. « Nous n’avons pas peur de prendre des risques et d’affronter les difficultés », témoigne Hiam Abbass. Ronit Elkabetz : « Le cinéma n’est pas une affaire privée, mais un engagement exceptionnel. Je fais ce que je fais avec une conscience à 100 %. Je ne prendrais pas de plaisir à créer sans que l’histoire racontée ne possède un sens important. »

L’une et l’autre ont effectivement en commun des rôles de femmes qui souffrent et luttent. Dans Satin rouge (2002) de Raja Amari, son premier rôle majeur, Hiam Abbass incarnait une idée de la femme arabe émancipée, tout comme elle résiste aux oppressions (le machisme, l’occupation) chez Eran Riklis (La Fiancée syrienne, Les Citronniers).

On n’oublie pas non plus son travail pour Amos Gitaï (Free Zone), Steven Spielberg (Munich) et Jim Jarmush (The Limits of Control).

Quant à Ronit Elkabetz, elle fut la prostituée pathétique de Mon trésor de Keren Yedaya, une femme en rupture de ban dans La Visite de la fanfare d’Eran Kolirin, enfin elle campe des rôles durs dans Prendre femme et Les Sept jours, ses deux films réalisés avec son frère Shlomi et qui plongent profondément dans leur intimité familiale.

Tout comme le cinéma israélien qui a fait sa révolution depuis dix ans, Hiam et Ronit s’attachent surtout à ne pas résumer leur propos à leur environnement et à l’actualité qui le martèle, mais à trouver un écho universel dans leurs évocations des hommes, des femmes, de la famille. Hiam Abbass s’est même sentie investie d’une mission très tôt dans sa vie d’artiste.

« Mais je ne suis la porte-parole de personne. Je fais ce que je fais pour partager avec le public, tant mieux si ça fait bouger les choses. » Faire bouger les choses, c’est aussi le désir de Ronit Elkabetz : « Raconter des histoires qui ouvrent des portes et s’adressent aux autres, voilà la force du cinéma. »

Hiam Abbass et Ronit Elkabetz seront réunies prochainement dans un même film pour la première fois, dans Juliette et Roméo du réalisateur Philippe Georges-André. Elles n’ont pas fini de se rencontrer.

D’aprés Midi libre


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