En France, s’il est un ascenseur qui fonctionne, ce n’est pas le social. Non, ça non ! C’est plutôt celui que le Président de la République renvoie à chaque fournée de nominations.
Hier, hormis la promotion d’Arno Klarsfeld – le médiatique Avocat à la Cour – au Conseil d’Etat, le Conseil des ministres a validé la liste des 40 membres du CESE (Conseil économique, social et environnemental) désignés au titre de « personnalité qualifiée ».
On s’attendrait donc à voir apparaître dans cette liste l’élite de notre pays, ceux qui sont « qualifiés » pour réfléchir à ces questions, des experts dans le domaine de l’économie, de la culture, de la solidarité, de la protection de l’environnement… Quand les élus doivent prendre en compte les questions politiques, le CESE, lui, doit pouvoir émettre des avis techniques. Mais force est de constater que la plupart des noms retenus l’ont été sur des critères quelque peu flous.
Les mauvais esprits pourraient, par exemple, y voir un lot de consolation :
Christian Corne, par exemple, est conseiller général de l’Allier et maire adjoint de Vichy. Vichy, rappelons-le, est la ville où, faute de pouvoir se faire élire à Clermont-Ferrand, Brice Hortefeux envisage de se présenter en 2014. Alors, un petit lot de consolation pour ce fidèle de Claude Malhuret qui aurait pu rêver prendre la suite ? Et qu’en est-il pour Danièle Dussaussois, conseillère générale des Hauts-de-Seine (département que l’on ne présente plus) et qui vient d’abandonner son douillet canton de Levallois-Sud (60,48 % au premier tour) pour permettre à Isabelle Balkany de se mettre davantage à l’abri que dans son canton actuel de Levallois-Nord (50,62% au second tour) ? Quid d’Hervé Marseille qui, on s’en souvient, avait démissionné du Conseil d’administration de l’EPAD pour permettre à Jean Sarkozy d’y entrer ? Et d’Hugues Martin, qui avait gentiment laissé ses mandats de député et de maire de Bordeaux à Alain Juppé lorsque celui-ci fut de nouveau éligible ? Et de Jean-Marie Geveaux, député de la Sarthe – fief du Premier ministre –, qui quitte opportunément le Palais Bourbon (incompatibilité des fonctions oblige) à l’heure où François Fillon s’apprête à devoir recouvrer un siège de parlementaire ?
Et puis, il y a aussi ceux qu’il faut recaser – battus aux élections ou démissionnés du cabinet du Président de la République – comme Yves Urieta, ancien maire socialiste de Pau, passé avec armes et bagages (mais sans électeur) à la Sarkozie, ou Ange Santini, ancien Président du Conseil exécutif de Corse, battu cette année par Paul Giaccobbi – mais qui, malgré tout, conserve la mairie de Calvi –, Raymond Soubie, jusqu’ici conseiller social de Nicolas Sarkozy (avec le succès que l'on sait, le chef de l'Etat est un pro du social !), ou encore Pierre Charon, grand organisateur des chasses présidentielles.
Et puis, il y a les désoeuvrés, ceux qui ne savent pas quoi faire de leurs journées, comme Annick du Roscoat, qui n’est – la pauvre – que conseillère municipale de Nantes, conseillère générale de Loire-Atlantique et conseillère régionale des Pays-de-la-Loire. De droite, bien sûr.
Et toutes ces personnalités là sont évidemment « qualifiées ». Ainsi Claire Gibault, cheffe d’orchestre, ancienne députée européenne, conseillère d’arrondissement Nouveau Centre à Paris, engagée lors de son mandat à Bruxelles sur les questions de Droit des Femmes, ou encore Raymond-François Le Bris, ancien haut fonctionnaire et directeur de l’ENA, spécialisé dans la fonction publique, sont nommés « en raison de leur compétence en matière d’environnement et de développement durable ».
Mais bon, il faut bien avoir une activité en attendant la retraite…