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Anthologie permanente : Gôzô Yoshimasu

Par Florence Trocmé

Ciel est une feuille d'annonce, les oreilles limpides s'éveillent, silence, résonne, lorsque la porte s'ouvre
les enfants de l'esprit se dressent en uniforme blanc, sur les deux rives, pareils aux saules
Mère du soleil, où fait-elle sa lessive au bord de la route
Versant l'eau, brûlant l'air, touchant la terre de ses lèvres
Ressentant la gravitation des étoiles, j'étends mon antenne, je suis licorne
Contempler les pots de plantes à l'intérieur, jusqu'à mes yeux teints en vert
Commence la chute, au fond du cœur apparaît le monde extérieur, commence la chute
Fils du métier à tisser, roseaux au bord de l'eau, dont la pointe est comme la goutte de verre qui murmure, je suis licorne
Bête, sauvage, filant le sentier, a passé l'embouchure de la rivière, fini de jouer avec l'eau
Août fini, l'ombre du corps projeté sur la couture du cœur, devient un croc
Descendants du peuple de la terre, le ruisseau coule au fin fond de l'imagination, murmure,
Même le combiné se brise, le poème est un croc pointu, et sa résonance, une goutte, une autre, encore une autre
Le bruit de l'eau résonnera pour toujours, jusqu'au cimetière des planètes, des vers changés en troupes d'éléphants
Il faut tisser de nos mains une chemise blanche, ce fil du métier à tisser
Le cosmos est une grande roue, pareil au rouet qu'on fait tourner l'esprit concentré
Fin août, étincelle la queue spirituelle de l'avion
Le cerf-volant de la contrée des ténèbres, les vieilles dames, envoient des signaux de l'autre côté de la porte-fenêtre en papier
Comme des cailloux en ricochet, c'est la résonance de la T.S.F., du poste à galène
Fini août, M. Kakueï arrêté en 1976, mars est la rivière en flamme,
Après la mort, tu ne recevras plus d'appel téléphonique, même le matin
Ressentant la gravitation des étoiles, j'étends mon antenne, je suis licorne
Contempler l'îlot de sable qui émerge, mes yeux mêmes sont mon îlot de sable
Commence la chute, au fond du cœur apparaît le monde extérieur, commence la chute
De l'autre côté de la porte-fenêtre, j'envoie des signaux, comme la goutte de verre qui murmure, je suis licorne
Ici se trouve une porte, de la poste locale à la poste cosmique, j'envoie un télégramme ouvert
Sur le détail de nos vies quotidiennes, la situation politique, le prix de la chicorée
C'est la fin août, les enfants se mettent tous à rédiger le journal illustré de leurs vacances
Alors le circuit d'émissions s'encombre, l'été, l'air sur la rive des roseaux
[...]
Gôzô Yoshimasu, " Crépuscule d'août, à la licorne ", Ex-voto, a thousand steps and more, traduction du japonais et postface de Ryoko Sekiguchi, Les Petits Matins, 2009, p. 63 et 64.
Bio-bibliographie de Gôzô Yoshimasu
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