Ce sera malheureusement la meilleure scène du film.
Les petits mouchoirs s'intéresse à un groupe d'amis partant en vacances sur la côte atlantique, alors que l'un d'entre eux est sur son lit d'hôpital à Paris, entre la vie et la mort. S'interrogeant 2 minutes sur le fait de partir tout de même ou de rester près de leur compagnon, le groupe, pour se donner bonne conscience, prend la décision de revenir plus tôt que prévu de ses vacances estivales, mais de partir quand même. Ce postulat de départ met d'emblée le film par terre, puisque les personnages nous sont présentés comme une grosse bande d'égoïstes. Procédé inexcusable pour un réalisateur, puisque toute implication dans une histoire nécessite un attachement envers les personnages. Il est ici totalement absent.
Par ailleurs, Canet aligne des scènes où l'on sourit (parfois, car l'antipathie envers les personnages ne donne pas envie de rire) et on l'on s'ennuie (souvent), le tout lié par une musique insupportable non par le choix des morceaux (tous très bons), mais par l'emploi qu'en fait le metteur en scène. En effet, la musique du film sert tantôt de remplissage (une voiture roule, on envoie de la musique, ça fait une scène), tantôt de procédé lacrymal insupportable. N'est pas Wenders ou Douglas Sirk qui veut, et Guillaume Canet déçoit énormément en ayant recours à des procédés aussi faciles et racoleurs. La pudeur et la finesse sont apparemment bien loin de ses préoccupations.
Et du procédé facile et vulgaire, le film nous en promet encore, le point d'orgue du racolage se situant en fin de métrage, dans la scène de l'église. Séquence insupportable par sa propension à vouloir à tout prix tirer les larmes du spectateur, elle voit défiler à l'écran un à un les personnages du film, tous pleurant comme des madeleines, y compris dans la scène qui lui fait directement suite, et dans laquelle Canet filme en gros plans les pleurs de chacun de ses protagonistes. Le metteur en scène n'oublie d'ailleurs pas de filmer Marion Cotillard de profil afin que le spectateur distingue bien la goutte qui lui coule du nez. Qu'un metteur en scène de la qualité de Guillaume Canet puisse s'abaisser à de tels procédés est totalement lamentable, et le racolage lacrymal misérable.
Par ailleurs, le film avance doucement mais sûrement vers une leçon moralisatrice des plus pitoyables: aime ton prochain, ne sois pas égoïste (c'est mal), ne mens pas aux autres, ne te mens pas à toi-même, etc...Le prêche religieux n'est pas loin, et la fin des Petits mouchoirs ferait passer le plus moralisateur des films de Walt Disney pour un modèle de subversion. Qu'est-il donc arrivé à Guillaume Canet ? Après un bon Mon idole et un très bon Ne le dis à personne, comment a-t-il pu se vautrer et se complaire de la sorte dans des procédés si malhonnêtes et des leçons de morale si indigestes ?
Restent les acteurs, pour la plupart très bons (Cluzet confirme qu'il est le meilleur acteur français en activité, et Dujardin, dans ses rares scènes, irradie tout le film de sa présence), certaines scènes où l'on rit (le hord-bord, le face-à-face Cluzet/Magimel dans le restaurant), et une scène d'ouverture remarquable.
Le reste est nauséabond, vulgaire, racoleur, et ne rend pas hommage au talent évident de Guillaume Canet. L'exception qui confirme la régle ? Espérons-le.