Toby, vieux danseur, reçoit la visite dans son loft new yorkais d'un jeune couple, Lisa et Mike, venu l'interviewer. Car Lisa prépare une thèse sur "l'histoire de la chorégraphie classique aux Etats Unis". Mais l'entretien va tourner court, laissant très vite place à la véritable raison de cette rencontre qui, à défaut de tourner autour de la danse, n'en sera pas moins "dense"...
Voici donc en quelques mots le point de départ de cette jolie pièce de l'américain Stephen Belber dont il est difficile de vous dire davantage si l'on ne veut pas briser ses différents effets. A la fois drôle, juste et touchante, cette comédie dramatique traite avec intelligence et subtilité de l'Art, de l'artiste, de sa solitude dans la création, de la famille aussi. C'est très bien vu.
Thierry Lhermitte incarne tout en finesse et nuances Toby, ce sexagénaire bisexuel qui, ayant voué sa vie à son art, est probablement passé à côté de beaucoup de choses. L'acteur dévoile un jeu riche, sobre et maîtrisé à la perfection. Accompagné de la très émouvante Valérie Karsenti et du bouillonnant François Feroleto dont le jeu prend toute son ampleur dans la seconde partie, Lhermitte a su s'entourer d'une équipe de qualité et pas de simples faire-valoir.
La mise en scène signée Benoît Lavigne, dont on avait apprécié récemment le travail sur "Baby Doll", sert au mieux le texte et les comédiens dans un séduisant décor de Laurence Bruley.
On regrettera simplement les coupes probables dans le texte afin d'arriver à une durée d'une heure dix (il y a un spectacle derrière...). Vingt minutes de mieux auraient permis peut-être d'installer personnages et situation un peu plus en profondeur.
Reste un divertissement intelligent et de grande qualité. Du théâtre américain comme on l'aime, à voir avant fin décembre au Théâtre de la Madeleine.
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