Michel Sardou est mon chanteur préféré.
Je ne connais que deux de ses chansons. Mais elles sont tellement monumentales qu'elles font de lui le maître du panthéon de la chanson française mondiale et universelle (à mes yeux). Michel Sardou est un génie. Et il sait parler à la femelle de bon goût qui sommeille en moi.
Déjà, les lacs du connemara. Que de folles nuits, de boites de villages en fins de soirées avinées, ou ivre morte, je hurlais comme si ma vie en dépendait que "là-bas, au connemara, on connaît le prix du silence" (tout en me disant que là bas, ils avaient quand même bien de la chance, parce que moi, ici, je connais même plus le prix de ma propre dignité), bras dessus - bras dessous avec de parfaits inconnus aux aisselles aussi malodorantes que leur haleine était chargée! Que de rondes endiablées et de jets de jambes dont l'unique but semblait être de prouver que non, le ridicule ne tue pas, pendant que Michel nous apprenait la vie à l'irlandaise, imperturbable! Que cris gutturaux et de rires gras alors que Sardou, droit comme un i, solide comme un roc, nous donnait une vraie leçon d'histoire-géo sur le pays de la bière, du whisky et des pulls qui grattent, telle que si j'en avait eu des comme ça au lycée je me serai pas pris cette légendaire taule au bac! Michel Sardou est un grand homme. Le regard perdu dans l'immensité de la terre sauvage, les cheveux dans le vent froid et humide, le col du manteau relevé parce qu'une grippe est si vite attrapée en cette saison, il construit l'histoire de l'Irlande en nous procurant de la joie et du bonheur. Trouve moi un chanteur qui en fait autant, vas-y je t'écoute.
Loin de se contenter de nous inculquer la valeur des terres arides, à nous autres, ex-ados insouciants et ignorants les choses de la vraie vie, Michel Sardou a aussi inventé la femme. Celle qui réussit l'amalgame de l'autorité et du charme. La vraie, la couillue, la pute. Celle qui nique à tout va, la cougar, la milf. Celle qui enfonce les portes ouvertes avec ses tétons en téflon. Celle qui s'assoit sur ton visage pour te lire du Nietzsche dans le texte. Celle qui va monter une multinationale de shampooing juste pour avoir de quoi se faire offrir un gode en or. Celle qui se rase pas l'entre-jambe mais qui collectionne les guêpières Chantal Thomas. Michel Sardou est un génie. Il a inventé la femme qui le fait bander (mais nous révèle au passage qu'il n'a pas tout à fait réglé son complexe d'oedipe). Et elle succombe. Comment pourrait-il en être autrement: Michel transpire le sexe à grosses goûtes.
Mais il ne faut pas croire que la vie de Michel est de tout repos. En 2009, Michel Sardou s'est pris un vent. Une inconsciente probablement, une péronnelle sans cervelle, une idiote au bulbe rachidien atrophié, sinon comment expliquer qu'elle éconduisit lâchement Monsieur Sardou, au point de risquer l'effondrement de tout ce qui fait notre identité et nos valeurs (rien que ça)? Et c'était pas un simple vent des plaines irlandaises apparemment: Ça l'a retourné le petit bouchon. Il a même fait une dépression. Comment je le sais? Si enregistrer un single avec Céline Dion n'est pas un signe flagrant de déséquilibre mental, c'est que j'y comprend rien en psychologie. Bref, Michel déprime, Michel va mal. Il lui faut un exutoire. Heureusement, il a de la ressource. Et pour surmonter l'épreuve que l'univers lui envoie, une seule arme: de la poésie, des filles toutes nues, un ventilateur et une boite à rythme.
Merci Michel.