C’est Lucchini qui est sur le point de faire du défunt Philippe Muray une sorte de rock-star de ce début de siècle et c’est bien entendu à chacun de nous d’imaginer comment, de là-haut, l’essayiste peut bien prendre la chose. Coup de chance, alors que l’acteur fétiche des abonnés de Télérama triomphe au théâtre de l’Atelier avec Muray, les éditions des Belles Lettres livrent en un seul volume, sous le nom de « Essais », l’ »Empire du Bien », « Après l’Histoire » ainsi que « Exorcismes Spirituels ».
Le paveton gris en question, lourd comme du granit, est une véritable arme par destination qui permettra au public le plus large de connaître, mieux que Lucchini ne pourra jamais le faire, une œuvre polémique jamais prise en défaut de faiblesse sur quelques 1800 pages. Si l’objet que vous allez vous offrir sans délais coûte ses 33 euros, avec « Essais » dîtes-vous bien que l’intelligence et l’ironie critique rodent au détour de chaque page. Je certifie la chose et légitime donc un achat d’autant plus indispensable qu’il vous permettra de picorer presque chaque jour, pendant des mois et des mois, dans ce labyrinthe parfois un peu dingo.
Il y a presque une quinzaine d’années, j’avais découvert ce Muray qui ne ressemblait à rien de connu dans l’intelligence nationale et j’ai le souvenir d’en avoir souvent parlé, entre deux candidats à l’oral du CAPES, avec un ami universitaire dijonnais savoureusement réac de gauche qui, découvrant lui aussi Philippe Muray, s’emportait au-delà du raisonnable pour un auteur désormais au zénith.
Même si comme moi, vos inclinaisons politiques et idéologiques ne vous conduisent pas nécessairement vers lui, lisez Muray. Même si vos choix politiques peuvent se retrouver estourbis par ce brillant polémiste qu’il convient de ne pas laisser au Figaro et à la…