Chanson française de qualité encore et toujours avec cette semaine un album sorti il y a quelques temps et dont j'étais complètement passé à côté. Mais j'avais une bonne excuse : je ne connaissais pas le monsieur en question. Il s'appelle Bastien Lallemant et "Le Verger" est déjà son troisième disque. A l'écoute, on pense pas mal à Bertrand Belin -normal, c'est un ami et c'est d'ailleurs lui qui officie aux arrangements de cordes-, à "un" Barbara Carlotti au masculin, mais surtout à Gainsbourg, celui de la grande époque, des années 60. Sur certains morceaux ("Les Fougères" notamment), on croirait même carrément entendre le grand Serge en personne. On retrouve aussi la voix d'Armelle Pioline du groupe Holden sur quelques jolis duos. Bref, de telles accointances ne peuvent que générer de la belle ouvrage. Et ici, c'est indéniablement le cas : les textes, les mélodies sont ciselés au cordeau. Tout paraît couler de source, rien ne passe en force. Le problème - si problème il y a - c'est que c'est presque trop travaillé pour déclencher une véritable émotion. Oui, je sais, je chipote. Plus explicite que Belin, moins aérien que Carlotti, moins roublard que Gainsbourg et plus classique dans la forme que Holden, Lallemant a les défauts de ses qualités : celui de ne pas être assez ou d'être trop. A l'instar d'un Florent Marchet, il n'a peut-être pas encore d'univers assez fort, pour sortir de façon évidente de la masse -si, si, il y en a pas mal- des "bons" chanteurs français. Pourtant, il en a assurément le talent. Affaire à suivre, donc.
PS : Pour ceux que ça intéresse, il sera en concert, à Paris, à La Loge, le dimanche 31 octobre.