Qu’on le veuille ou non, Bart De Wever est l’homme-clé de la future nouvelle Belgium qui se profile à l’horizon avec le ‘tout aux régions’ et une peau de chagrin au fédéral. Il a enclenché le mouvement vers une forme de confédéralisme que rien ni personne ne pourra empêcher. La gauche francophone qui mène la négociation pour les sudistes a dû s’incliner sans conditions sur le principe de la responsabilité financière régionale, la base même du chacun chez soi, du chacun pour soi. Une grande victoire flamande acquise par le patron de la N-VA.
Le républicain flamand, doté d’un sens aigu de la stratégie politique et… du show qui va avec, est devenu incontournable au soir du 13 juin 2010 et ses adversaires du nord comme du sud du pays le savent mieux que quiconque même s’ils tentent maintenant de l’isoler quelque peu avec la complicité du Palais royal, question de lui faire remarquer qu’il n’est pas tout seul à « négocier ».
Bémol
Son gros problème au Bart, c’est qu’il est maintenant face à des responsabilités d’homme d’Etat qu’il n’avait pas prévues et qu’il n’avait surtout pas souhaitées si tôt. Et pour cause, sa jeune formation qui a grandi trop vite ne dispose pas encore d’une plate-forme logistique aguerrie ni d’une armada de techniciens et autres ‘toshiba boys’ (*) pointus en économie et finances publiques comme c’est le cas chez les partis traditionnels. Sa fameuse « note de compromis » dévoilée en grandes pompes médiatiques et aussitôt jetée aux orties par le front de gauche francophone lui est retombée sur le bec avec fracas et c’est la queue entre les jambes qu’il s’est retrouvé au devant de la scène. Il n’empêche, ce n’est pas cet incident qui risque de le mettre en péril, c’est juste une égratignure.
Le rôle historique d’Yves Leterme
On oublie souvent de le rappeler, celui qui a mis sur orbite le phénomène De Wever n’est autre qu’Yves Leterme, l’actuel Premier sinistre (démissionnaire) qui a tout raté depuis sa calamiteuse accession au niveau fédéral en 2007. Alors qu’il était encore ministre-président de la Région Flandre et tout auréolé de ses 800.000 voix obtenues aux élections régionales de 2004, il a cru bon en 2006 d’allier son parti en perte de vitesse (CD&V, chrétiens-démocrates flamands) à la toute petite N-VA séparatiste d’alors en faisant listes communes. La lune de miel fut de courte durée, jusqu’en septembre 2008, en pleine crise politique. Le 13 juin dernier, le CD&V était laminé par la N-VA.
(*)Toshiba boys : expression qui désigne des conseillers de très haut niveau technique en souvenir de ceux qui, armés de leurs ordinateurs portables de cette marque japonaise, avaient élaboré les modèles de la loi de financement des différents niveaux de pouvoir et redessiné la Belgique en 1993.
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Illustration : le-drapeau-rouge.skynetblogs.be