"Creeping Fascism: History's Lessons. From Nazi Germany to Post 9/11 America", titre de l'article de Ray McGovern, publié dans Consortium News
Publié le 30 décembre 2007, sur Alternet
DES BASSINES ET DU ZELE/ REZO.NET
Par emcee le samedi 5 janvier 2008, 00:34 - Dans l'enfer de l'Ultralibéralie - Lien permanent
Le fascisme rampant: les leçons de l'Histoire.
De l'Allemagne nazie à l'Amérique post-11 septembre
"Peu de choses sont bizarres comme l'était cette indifférence calme et condescendante avec laquelle moi et mes semblables avons observé l'avènement de la révolution nazie en Allemagne, un peu comme depuis la loge d'un théâtre … Peut-être que la seule chose bizarre comparable à cela, c'est la façon dont aujourd'hui, des années plus tard …"
Cette citation est tirée du journal de Sebastian Haffner (nom de plume de Raimund Pretzel), qui, alors qu'il était jeune magistrat à Berlin dans les années trente, a connu la prise de pouvoir par les nazis.
A sa mort, en 1999, ses enfants ont retrouvé le manuscrit et l'ont fait publier l'année suivante sous le titre ""Geschichte eines Deutschen" ("Histoire d'un Allemand" ).
Ce livre a immédiatement connu un énorme succès et a été traduit en 20 langues.
J'ai appris récemment par sa fille Sarah, une artiste qui vit à Berlin, et qui m'avait contacté par mail à la suite d'un article que j'avais écrit sur son père, que son 100ième anniversaire tombait hier.
(…).
Je reviendrai sur Haffner, mais plantons d'abord le décor en nous penchant sur des événements récents qui pourraient bien rappeler quelque chose à ceux qui connaissent l'ascendant du régime nazi, et qui trouveraient "bizarre" que cette attaque frontale sur nos droits constitutionnels soit reçue avec une "indifférence posée et condescendante".
Goebbels serait fier
Il y a deux ans maintenant, les hauts responsables du New York Times se sont décidés à révéler au public que l'administration de *G.W.Bush avait mis sur écoute des citoyens américains sans mandat légal, ainsi que le prévoit la loi "Foreign Intelligence Surveillance Act" (FISA; loi sur la surveillance des services secrets étrangers) de 1978.
Le NYT était au courant bien avant l'élection de 2004 et, cédant aux supplications de la Maison Blanche, avait accepté de ne pas diffuser cette information préjudiciable.
Vers la fin de l'automne en 2005, alors que le livre de James Risen ("Etat de guerre: l'histoire secrète de la CIA et de l'Administration Bush"), journaliste au NYT, qui révélait l'affaire des écoutes illégales était sous presse, le rédacteur en chef du NYT, Arthur Sulzberger, Jr, convenait qu'il ne pouvait plus retarder l'échéance.
Il serait bien ennuyeux pour Sulzberger et ses associés, alors que ce livre se retrouverait sur tous les rayonnages, qu'eux expliquent que cette information explosive sur les écoutes illégales ne correspondait pas au critère qui figure à la une du journal depuis 1898, à savoir "publier toute information digne d'être publiée" (All The News That's Fit To Print).
(…).
Après avoir annoncé à ses amis de la Maison Blanche qu'il ne pouvait plus reporter la publication de cette information dans le journal, Sulzberger était convoqué au bureau ovale par le président le 5 décembre 2005. Bush tenta, en vain, de le convaincre de ne pas publier cette information dans le NYT. Mais les faits allaient être révélés. En partie du moins.
Bévues
Il y a eu de regrettables bévues .
Par exemple, hélas pour le Lieutenant Général Keith Alexander, directeur de l'Agence pour la Sécurité Nationale (la NSA, National Security Agency), mais la Maison Blanche omettait de lui communiquer que l'information allait être bientôt publiée.
Et c'est ainsi que le 6 décembre, Alexander assurait encore à Rush Holt (démocrate, New Jersey), un des responsables du "House Intelligence Committee" (commission de contrôle des services secrets de la Chambre des Représentants), que la NSA n'avait jamais placé personne sous écoute sans mandat légal.
Encore imprégné de la notion démodée que des généraux et autres hauts responsables n'ont pas vocation à mentir aux commissions parlementaires de contrôle, Rush Holt, écrivait une lettre cinglante au général Alexander à la suite de la parution à la une du NYT, le 16 décembre, d'un article de Risen et de Eric Lichtblau intitulé; " Bush autorise les écoutes illégales".
Mais le président de la "House Intelligence Committee", Pete Hoekstra (Républicain-Michigan) devait trouver archaïques les scrupules de Holt, puisqu'il n'a intenté aucune action à l'encontre d'Alexander, responsable d'avoir abusé Holt, le membre de la commission le plus compétent.
Ce qui s'est produit ensuite m'a paru bizarre. Le lendemain de l'article du NYT du 16 décembre, le président des Etats-Unis a reconnu publiquement que c'était une faute qui pouvait manifestement conduire à une procédure de destitution.
En effet, autoriser des écoutes illégales faisait partie des éléments à charge importants qui avaient justifié la procédure de destitution engagée contre Richard Nixon. (NDLT: et qui conduiront à sa démission, le 8 août 1974).
Bush choisit l'attaque frontale
Loin d'exprimer des regrets, le président se vantait d'avoir autorisé des mises sur écoute "plus de 30 fois depuis les attentats du 11 septembre" et déclarait qu'il continuerait à le faire. Ajoutant: "Les délégués des partis au Congrès ont été informés plus d'une dizaine de fois sur ces autorisations et sur les activités qu'elles recouvraient".
Le 19 déc. 2005, Alberto Gonzales, qui dirigeait à l'époque le Département de la Justice, et Michael Hayden, ancien directeur de la NSA, tenaient une conférence de presse pour répondre aux questions sur ce programme de surveillance auquel on n'avait pas encore trouvé de nom.
Gonzales, à qui on demandait pourquoi la Maison Blanche avait décidé de court-circuiter la FISA, plutôt que de la réformer, en choisissant la solution d'opérations illégales, a répondu:
"Nous avions discuté avec le Congrès pour savoir s'il fallait ou non réformer la FISA afin de répondre efficacement à ce genre de menaces, mais on nous a répondu que ce serait difficile, voire impossible".
Hum. Impossible? On va le croire qu'un programme d'une portée soi-disant limitée n'aurait pas été approuvé par le Congrès, alors que celui-ci venait d'approuver le "Patriot Act" en un temps record!
James Risen, raillant l'atmosphère qui régnait à l'époque, écrit: En oct. 2001, on aurait pu installer des guillotines dans toutes les rues".
Il n'était alors pas bien sorcier d'en arriver à la conclusion que ce programme d'écoutes était probablement d'une telle ampleur et représentait une telle ingérence dans la vie privée que, même pendant cette période de panique bien orchestrée, il n'avait aucune chance d'être approuvé au Congrès.
Il s'avère que nous ne connaissions même pas la moitié de l'histoire.
Quel nom donner à ces activités
"Programme de surveillance illégale" ne semblait pas tout à fait convenir à l'image que voulait en donner la Maison Blanche et la machine relations publiques était inhabituellement lente à démarrer.
Il a fallu 6 semaines pour se décider pour "Programme de surveillance du Terrorisme", la Fox News en tête, suivie par le président lui-même. Cette étiquette collerait parfaitement avec les explications qu'allait donner le président, le 17 déc.:
"Au cours des semaines qui ont suivi les attentats qu'a subis notre pays, j'ai donné l'autorisation à l'Agence de Sécurité Nationale, conformément à la législation américaine et à la Constitution, d'intercepter les communications internationales des personnes ayant des liens connus avec Al Qaida et des groupes terroristes affiliés … Cette autorisation donnée à l'Agence de Sécurité Nationale après le 11 sept lui a permis de participer aux travaux sur cette question".
Et le général Michael Hayden, qui était à la tête de la NSA de 1999 à 2005, figurait à la une lui aussi, feignant la bonne foi de façon aussi convaincante que le président.
En mai 2006, au cours de l'audience de confirmation pour devenir le directeur de la CIA, il a évoqué ses états d'âme, quand, alors qu'il dirigeait la NSA, on lui avait demandé de mettre sur écoute les conversations de citoyens américains lambda sans mandat officiel. "Il m'a fallu prendre cette décision au début du mois d'octobre 2001 ", a expliqué Hayden, "c'était une décision personnelle … Je ne pouvais pas ne pas le faire".
Comme tant d'autres choses, tout cela, c'était à cause du 11 sept.
Mais nous savons, actuellement que …
Cela avait commencé 7 mois avant le 11 sept.
Comment de fois avez-vous entendu cela? La rengaine "tout a changé après le 11 spt." qui absolvait tous les péchés.
Nous répugnons et c'est normal, à croire le pire de nos dirigeants et c'est ce qui tend à nous rendre négligents. Après tout, nous avions été informés par Paul O'Neill, l'ancien secrétaire d'état au Trésor, que des changements radicaux avaient été opérés dans la politique étrangère américaine concernant la question israélo-palestinienne et l'Irak à la réunion du Conseil de Sécurité Intérieure, le 30 jan. 2001.
N'aurions-nous pas dû nous attendre à des changements de grande envergure dans notre pays également?
Un article du "Rocky Mountain News", des documents juridiques, ainsi que des dépositions de témoins lors d'un procès impliquant Qwest Communications (NDLT: groupe de télécoms américain) laissent fortement supposer qu'en février 2001, Hayden avait vivement approuvé la demande de l'administration Bush à la NSA de forcer, moyennant finances, AT&T;, Verizon, and Qwest à espionner des citoyens américains comme vous et moi.
N'oubliez pas que cela n'aurait rien eu à voir avec le terrorisme, qui n'est véritablement apparu sur l'écran du radar de la nouvelle administration qu'une semaine avant le 11 sept, malgré les adjurations des conseillers de Clinton qui disaient qu'il fallait accorder à cette question la plus haute priorité.
Et donc, cet aspect du "Programme de Surveillance contre le Terrorisme" au cours de la période qui a précédé le 11 sept., et dont on venait à peine d'apprendre l'existence, n'avait aucun rapport avec Ben Laden ou ceux avec qui, lui ou ses alliés, auraient pu avoir des conversations téléphoniques.
C'était de nous qu'il était question.
Nous savons que parmi les démocrates qui avaient été mis au courant de l'existence du " Programme de Surveillance contre le Terrorisme ", il y avait la porte-parole de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi (Californie) (celle qui faisait partie du House Intelligence Committee depuis le plus longtemps) et l'ancien et le nouveau directeur du Senate Intelligence Committee (commission sénatoriale sur les services secrets). Peut-on interpréter leur silence médiatique sur le fait que cet espionnage avait débuté bien avant le 11 sept comme étant la preuve qu'ils avaient été mis dans la confidence et qu'on leur avait fait jurer de garder le secret?
Cette question est importante. Les délégués des élus au Congrès avaient-ils bel et bien été informés que quelques jours à peine après l'investiture de Bush, l'aspirateur de la NSA pompait déjà des renseignements sur vous et moi, au mépris du "Foreign Intelligence Surveillance Act" et du 4-ième amendement de la Constitution?
Sont-ils tous complices?
Les élus démocrates sont-ils prêts à s'aplatir et à accorder rétroactivement l'impunité aux groupes de télécommunications (AT&T; and Verizon) qui ont empoché des millions de dollars au mépris de la législation américaine et de la Constitution? (Qwest a eu, lui, le mérite de tenir compte de l'avis de son conseiller juridique qui lui a expliqué que ce que demandait la NSA était complètement illégal).
Mais que se passe-t-il donc dans ce pays? Les délégués des élus au Congrès n'ont-ils aucune notion de ce qui est en jeu?
Le qualificatif "veule" est devenu courant ces derniers temps pour décrire les élus démocrates au Congrès.
Les Nazis et ceux qui rendent leur prise de pouvoir possible
Pas besoin d'être nazi vous-même. Il vous suffit d'être un mouton.
Dans son journal, Sebastian Haffner dénigre ce qu'il appelle la "docilité du mouton" qui a suscité la réaction des Allemands à la suite d'un événement similaire au 11 sept, à savoir l'incendie du parlement allemand, le Reichstag, le 27 février 1933.
Haffner écrit qu'il est significatif que personne de sa connaissance n'ait trouvé extraordinaire le fait que, à partir de ce moment-là, leurs téléphones soient mis sur écoute, leur courrier ouvert et leurs bureaux fracturés.
Mais c'est aux responsables politiques lâches qu'Haefner réserve sa plus violente diatribe.
Y voyez vous un parallèle quelconque avec ce qui se passe ici actuellement?
Aux élections du 4 mars 1933, peu après l'incendie du Reichstag, le parti nazi n'avait recueilli que 44% des voix. Ce n'est que la " lâche trahison" des sociaux démocrates et d'autres partis à qui 56% des Allemands avaient fait confiance qui a permis aux nazis d'avoir les pleins pouvoirs …
Haffner ajoute: "''Ce n'est qu'en dernière analyse qu'on peut expliquer par la trahison le fait le plus inexplicable qu'un grand pays, qui ne pouvait tout de même pas être constitué uniquement de lâches, soit tombé dans l'ignominie sans lutter". Les dirigeants du parti socio-démocrate avaient trahi leurs partisans – "en majorité, des gens honnêtes et anonymes''".
En mai, ils chantaient l'hymne nazi; en juin, le parti socio démocrate était dissous.
Zentrum, le parti catholique bourgeois cédait en moins d'un mois, pour finalement fournir les voix nécessaires à la majorité des deux tiers qui rendait "légale" la dictature d'Hitler.
Quant aux conservateurs d'extrême droite et aux nationalistes allemands, "Oh Seigneur", écrit Haffner, "Quel spectacle infiniment déshonorant et lâche ont montré leurs dirigeants en 1933, et par la suite … Ils ont tout gobé: la terreur, la persécution des juifs … Ils n'ont même pas bronché quand leur propre parti a été interdit et certains de ses membres arrêtés".
En résumé:
"Il n'y avait pas un seul exemple de défense active, de courage ou d'éthique. Seulement la panique, la fuite et la désertion.
En mars 1933, des millions de personnes étaient prêtes à lutter contre les nazis. Du jour au lendemain, elles se sont retrouvées sans leaders … Au moment de vérité, alors que d'autres pays se montrent à la hauteur de la situation, les Allemands se sont effondrés collectivement et mollement. Ils ont cédé et ont capitulé, sombrant dans la dépression … Le résultat de tout cela est devenu aujourd'hui le cauchemar du monde entier".
C'est ce qui arrive éventuellement quand pratiquement tout le monde se laisse intimider.
Nos Pères Fondateurs le savaient déjà.
Ainsi, James Madison: "Je pense qu'on trouve plus d'exemples où les atteintes aux libertés individuelles sont opérées par petites vagues successives par les pouvoirs en place plutôt que dans les cas de prises de pouvoir violentes et inattendues … les moyens de défense contre les dangers extérieurs sont souvent devenus les instruments de la tyrannie à l'intérieur du pays".
On ne peut pas dire que nous n'avons pas été prévenus.
(Ray McGovern works with Tell the Word, the publishing arm of the ecumenical Church of the Saviour in Washington, DC. A former Army officer and CIA analyst, he worked in Germany for five years; he is co-founder of Veteran Intelligence Professionals for Sanity).
Note
*Rappel élections présidentielles américaines:
Le président est élu tous les quatre ans (généralement en fin d'années bissextiles) au suffrage universel indirect. Son mandat débute le 20 janvier de l'année suivante et dure quatre ans (avant 1937 le mandat présidentiel débutait le 4 mars). Il peut se représenter pour un second mandat.
Note perso
Big Brozeur watche le monde entier
La surveillance et le fichage des citoyens s'étendent de plus en plus: installation de caméras vidéo dans les lieux publics; enregistrement d’images; constitutions de fichiers de toutes sortes; recoupement des fichiers sur Internet; conservation de données qui doivent être mises à la disposition de l’Etat; passeport ou cartes d'id biométriques; surveillance des mails; des conversations sur les portables, prélèvements ADN même pour des délits mineurs, appels à la délation, carte Vital+, etc.
Et avec les techniques modernes, il est impossible d'y échapper.
Nous sommes tous coupables. C'est pour cela qu'il faut qu'on puisse nous suivre pas à pas.
Et qui c'est qui va gagner du gros pognon? Les groupes privés, évidemment! Et qui c'est qui va payer? Bin, NOUS, évidemment.
Et tout cela a lieu dans l'indifférence quasi générale.
C'est terrifiant.
Tiens, et puisqu'on parle de payer, dans un autre registre, j'ai lu que le chanoine mickey compte payer une boîte privée pour évaluer les ministres.
Encore avec nos sous! Tout ça pour dire s'ils ont bien appliqué le programme édicté par le roitelet et ses bouffons. Tu le crois, toi?
Et si on n'en veut pas de son programme, en bloc, on paie quand même?
Sans compter l'escroquerie que cela représente au niveau éthique. Dans une démocratie, ce sont les citoyens qui jugent les hommes politiques, pas une boîte de charlots américaine.
Mais on n'est peut-être plus en démocratie? Ca doit être ça.
Pince-moi.
(Y a Dray, qui ne sait plus quoi inventer pour faire croire qu'il est dans l'opposition, qui demande qu'on évalue aussi le mickey. Mouhaha! Comme si ce genre de cirque, ça allait changer quelque chose. Plus bidon que ça, tu as le Grand débat, le Grenelle de et le Conseil des ministres)