Le Sénat a adopté, hier après-midi, la version définitive du projet de loi de réforme des retraites par 177 voix contre 151, lors d’un vote solennel après trois semaines de débats. Quelques heures après, le leader de la CGT, Bernard Thibault, reprenait les propos de Jean-Luc Mélenchon, affirmant dans un entretien à Libération, que «la présence de policiers en exercice camouflés sous des badges syndicaux, à Lyon, à Paris ne fait aucun doute». «Des manipulateurs s’infiltrent et poussent au crime dans des piquets de grèves, des manifestations, des occupations de ronds points, violentent les situations en fin de manifs pour avoir des images chocs pour le JT de 20h et créer des climats de tension» ! A la veille d’une nouvelle journée de mobilisation, voilà qui pourrait bien regonfler le moral de troupes que l’on annonce déjà moins nombreuses dans les cortèges demain.
Et quoi de mieux pour énerver notre Président, qu’un article de la presse étrangère (The Guardian) pour venir encourager « les français qui se battent pour l’avenir de l’Europe » !
Mark Weisbrot, co-directeur du Centre de recherche économique et politique (CEPR) à Washington, a pris sa plume pour écrire dans le Guardian tout le bien qu’il pense de la mobilisation actuelle contre la réforme des retraites.
Il critique l’argument selon lequel “comme l’espérance de vie augmente, il faut absolument travailler plus longtemps”. “L’âge de départ à la retraite a été déplacé pour la dernière fois en 1983. Depuis, le PIB par habitant a augmenté de 45 %. L’augmentation de la durée de vie est très limitée en comparaison, estime Mark Weisbrot. L’augmentation du revenu national a été largement suffisante pour compenser les changements démographiques”.
Selon lui, le refus d’augmenter l’âge de la retraite relève uniquement “d’un choix social“. “Si les Français veulent conserver le même âge de départ, il y a beaucoup de manières de financer le coût des retraites. Un d’entre ellles (…) serait une taxe sur les transactions financières”, écrit le chercheur.
Mark Weisbrot en profite pour vanter un système social qui permet de réduire les inégalités par rapport aux autres pays de l’OCDE et une gauche qui a encore les moyens d’organiser des protestations de masse, alors que “les autorités européennes et internationales accélèrent les régressions sociale dans les économies les plus faibles de la zone euro comme la Grèce”.
De quoi conclure que “les Français se battent pour l’avenir de l’Europe – et ils sont un bon exemple pour les autres”.
Sans surprise, le chercheur avoue toutefois n’avoir jamais compris comment les Français ont pu voter pour un président qui faisait campagne en vantant le modèle économique américain, qui entrait alors dans une crise profonde. Il commet par ailleurs une erreur factuelle en affirmant que Nicolas Sarkozy a “récemment abandonné l’une de ses plus impopulaires réductions d’impôt pour les riches”, alors que le bouclier fiscal, bien que critiqué par la majorité, est toujours effectif.
Je n’ai jamais compris moi non plus et ne comprendrais pas qu’en 2012, ils commettent la même erreur !
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