« Tu es tombé dans un piège à cons, le jour où tu es sorti du ventre de ta mère. »
Dans la France d'en-bas, on emmerde bien fort ceux qui utilisent l'expression qui nivelle. Pas besoin qu'on le leur rappelle. Ils le savent bien qu'ils ne volent pas très haut mais tant qu'ils ont deux bras, deux jambes et la santé, l'avenir est possible.
Excepté pour Marlène qui, pour une fois qu'elle touche un héritage, se voit offrir un handicapé d'occasion. Déjà qu'elle a épousé le frangin, faut-il pas encore qu'elle s'occupe du débile qu'on ne comprend pas quand il cause et qui, en plus, met des couches pour dormir. Qu'est-ce qu'elle peut bien lui trouver l'autre à qui elle loue une chambre, la Jane Birkin du pauvre qui passe son temps libre à lui raconter des histoires ?
On retrouve les personnages et les thématiques chers à l'auteur de La tête en friche. La différence, l'innocence, une nouvelle définition du handicap. Alex est une femme mais ça ne se voit pas. Gérard a l'intelligence du cœur mais on ne voit que sa face monstrueuse. Quand des paumés croisent le chemin de ces deux-là dans un bled aussi perdu qu'eux, ça pétille d'étincelles de vie et on commence à se demander qui est le plus limité. Celui qui vous arrose lorsqu'il parle et dont les rêves sont sans frontières ou celle dont la vie est aussi étriquée que sa cuisine...
Extrait
« Mon rêve, ce n'était pas de faire de la fumigation d'œufs de poule au formol, pour enlever les bactéries. Ni de me lever à cinq heures et d'aller au boulot en longeant la départementale dans des relents d'essence et des nappes de brouillard. Ni de louer ici, chez Marlène et Bertrand, dans ce trou du cul du monde avec vue sur la zone. Vous connaissez quelqu'un dont le rêve soit ça ? Vivre sa vie les deux pieds dans la merde, dans cette odeur pourrie des poulaillers industriels ? Dans les maternités, d'après moi, il n'y a que des princesses et des princes charmants, dans les petits berceaux en plastiques. Pas un seul nouveau-né qui soit découragé, déçu, triste ou blasé. Pas un seul qui arrive en se disant : plus tard je bosserai en usine pour un salaire de misère. J'aurai une vie de chiotte et ce sera super. Tra-la-lère. »
D'autres extraits ici
Apprécié également par...
Cathulu (j'ai aimé tes pages « Schuper » !), mais aussi Antigone, Aproposdelivres, Canel, Clara, Cuné, Marsup, Petite Fleur, Saxaoul, SD49...
Un grand merci à...
et aux Éditions du Rouergue !
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