La mode est aux bandes-annonces de livres.
Sympathique.
"En me rendant au boulot, je m'arrête pour regarder un pigeon se battre contre un rat dans la neige, et c'est là qu'un connard essaie de me braquer. Bien évidemment, ce crétin a un flingue qu'il me colle derrière le crâne. C'est froid mais pas désagréable, comme un massage shiatsu."
Si l'on prend en compte cette présentation du livre, sa couverture, la bande-annonce et ne serait-ce que le premier paragraphe cité plus haut, on est en droit de se dire que Docteur à tuer relève de la comédie policière. Passé les premières pages, cela se confirme. On serait même dans une comédie policière relevant des codes de l'absurde. C'est original, un peu déstabilisant, mais pourquoi pas. Certaines situations sont franchement drôles, tout comme les notes de bas de page du narrateur, qui n'hésite pas au passage à égratigner allègrement le milieu hospitalier. Josh Bazell, lui-même docteur, s'en donne à cœur joie.
Seulement ça se complique très vite - et j'en reviens par là au "surprenant" et "étrange" du début de chronique - avec la construction et le découpage de l'intrigue. Bazell alterne en effet les épisodes à l'hôpital, le présent de Brown, avec la narration des faits qui l'ont amené à changer d'identité. Et là, on est tout à fait dans un autre livre. Le registre n'est plus le même, le ton est plus grave et l'humour réduit à l'état de peau de chagrin. Cette partie est intéressante en soi mais elle est en tel décalage avec le reste qu'au final, on se retrouve avec un polar hybride, pas franchement déplaisant mais pas franchement concluant non plus. Il faut dire qu'après Vendetta de Roger Jon Ellory, les atermoiements de ce Griffe d'Ours paraissent légers et bien fades. Je peux très bien me tromper mais je doute que son empreinte laisse des traces dans la durée... et ce, quelles que soient les bandes-annonces qu'on pourra toujours nous pondre pour allécher le lecteur.
Docteur à tuer / Josh Bazell, traduit de l'américain par Denise Beaulieu, JC Lattès, 305 p.