Magazine Conso
"Certain people go past being a person and go into being an American object or an American piece of pop culture. Even Alice Cooper sometimes is not a person anymore. I think Alice Cooper is a piece of the Americana itself. Elvis went to a point of being not really a person. I mean, yeah, there was Elvis, the person that nobody really knew, except the people around him. But all we knew was the persona and the character. When I knew him, he was tall, he was slender, he was snotty, he was Elvis. He had a sneer on his face and he was the coolest guy in he world. [...] Elvis should have died in a Ferrari going 200 miles an hour with a blonde at his side. That's the way Elvis should have died. Not drugged-out on a toilet..." (Alice Cooper)
Where: Recorded at Warner Bros studios
When: 1972
Who: Vincent Furnier (vocals), Glen Buxton (guitar), Michael Bruce (guitar, keyboards), Dick Wagner (guitar), Reggie Vincent (guitar, vocals), Dennis Dunaway (bass), Neal Smith (drums)
What: 1. School's Out 2. Luney Tunes 3. Gutter Cats vs The Jets 4. Street Fight 5. Blue Turk 6. My Stars 7. Public Animal #9 8. Alma Mater 9. Grande Finale
How: Produced by Bob Ezrin
Up: riff garage gueulard et arrogant, une gratte égosillée à gauche, entrée de basse monumentale, la voix tonitruante et proto-punk de Furnier ("Well we got no choice / All the girls and boys / Makin' all that noise / 'Cause they found new toys / Well we can't salute ya / Can't find a flag / If that don't suit ya / That's a drag"), déjà le refrain en suspens "Schoooooooool's out for summer !" avec guitares raclées dans les deux baffles et supplément de mini-soli criards, un feedback sur la nouvelle ligne de basse de Dunaway qui fait l'aller-retour majeure-octave puis part en riff sautillant sur un solo crispy rock, le riff s'accroche, gluant, déterminé, la basse grogne et bondit, tiens déjà un autre refrain, Furnier enchaîne goguenard "No more pencils, no more books, no more teachers' dirty looks" avant les Pink Floyd et leur brique dans le mur, voix d'enfants qui viennent grossir les choeurs, les drums de Neal tout en caisse claire, puis en toms martelés pour un refrain-marteau, Buxton sort une giclée de solis soniques, la cloche sonne sur des cris trafiqués, le killer single ["School's Out"]...
début en basse énorme qui gronde sur la batterie splendide de Neal, un riff fifties et des mini-soli à gauche et droite, la paire magique de guitariste à la Stones et Aerosmith, Furnier se lèche les babines ("I slipped into my jeans / Lookin hard and feelin mean / I took a spit at the moon / It's all in this luney tune"), ambiance Rebel Without A Cause et autres jamesdeaneries, la basse de Dunaway qui dégringole avec fracas et vrombit, un pont sci-fi fifties avec choeurs et des guitares croustillantes pour le solo angoissé, un break parodique en ambiance bluesy sur les fills de Neal, on envoie les violons, puis les trompettes, Cooper aux anges jubile, allez tiens un solo dans les étoiles de Glen sur une rythmique fantastique et Dunaway qui feule, Cooper se délecte de ses jokes rock, une bobezrinerie finale chargée de violon enflammé sur rythmique incandescente, Neal en ambiance jazzy, quatre notes surjouées à la tierce par Buxton et Bruce, on barre baroque, puis décélération par paliers, très lente, une note aiguë finale et la basse monstrueuse qui dégorge dans le caniveau ["Luney Tunes"]...
arpèges de basse somptueux, bougonnants et mélancoliques, basculent en virée country au médiator-silex, les keyboards et guitare narquoise s'insèrent, Neal frôle dangereusement la virtuosité décontractée, la basse pulvérise sur syncopage stéréo en double-Keith, Cooper sort des coulisses, rictus aux babines, et gosier nasillard ("I met an alley cat / Pussyfootin around / Til the break of dawn / Found me knocked out flat on my head / Some feline beauty / Waved her tail my way / I just had to stay / I couldn't get the blood off my hands"), Dunaway menace de voler le show à ses potes, les fins de strophe et le refrain bien appuyés sur la basse redneck, du rock progressif presque, encore la quatre-cordes qui conduit et explose en ligne fifties vintage guillerette sur des keyboards dooresques, les riffs tranchent et sectionnent les baffles en support, on glisse vers une note fausse pour break modal en sauce de keyboards, rythme tribal sur gratte en son grave et basse à fond en grappes de notes, mezzo voce pour Furnier qui s'énerve ("Eyes clash / And claws slash / And green-eyed fur goes flyin / Midnight / Catfight / Neckbite) puis crie "Die!!!" : claquements de doigts inattendus, guitares en suspens à la AC/DC, drums en roulements et l'orgue qui embraye sur le thème de West Side Story, hilares les gars sur fond heavy, nouveau stop : "When you're a Jet / You're a Jet all the way / From your first cigarette / Till your last dyin' day / When you're a Jet let 'em do what they can..." par Furnier en Chakiris mort-vivant, du Broadway punk en farce virtuose ["Gutter Cats vs The Jets"]...
"Wah !", basse rabotée sur huit notes crépies, batterie en charleys éventés, sirènes de police, baston, coups de poings, chat miaulant, bris de bouteilles, tout est dans le titre ["Street Fight"]...
on est gâtés, encore une intro à la basse, en descente lente cette fois-ci, avec réponse des charleys, des soupirs de Furnier, une insertion jazzy des keyboards, des toms tabassés avec amour, les guitares en son clair avec deux riffs superbes, Furnier fait son cabot ("I'm lazy / You know it / I'm ready for the second show / Amazin / Thing growin / Just waitin for the juice to flow"), déjà sur le refrain, superbe, avec basse vrillante bien sûr qui reprend bientôt la descente mais à l'octave puis grogne dans les graves grondants, un dialogue claviers-guitare, des trompettes par-dessus, un très haut niveau technique, du punk cabaret en somme, allez un solo de sax, Furnier en chant divin en tête de troupe, Dennis sort une walking-bass furieuse de toute beauté sur un solo jazzy de Buxton en son clair, trompettes et saxo bavardent en même temps, Neal fait des frises sur sa caisse claire, les soli durent, on a quitté le rock depuis longtemps, un instrumental presque, retour de la descente de basse en octave, reprise en grave et retour sur ses pieds avec riff initial, quelle leçon, le costard de Brubeck tout chiffonné, Cooper impérial en crooner jazzo-punk, allez une dernière culbute de basse en bas de manche interminable ["Blue Turk"]...
intro magnifique en arpèges vertigineux de piano classique, basse en écho sourd et tourbillon de guitare en hammer-on émus sur fricassée de caisse claire, tiens le grand Wagner à la rescousse, des riffs hâchés en soutien de piano symphonique, une intro liquide et grandiose, Furnier pose sa voix punk par-dessus, tranquille, grenaille de notes, du rock ?, descente en arabesques indiennes avec basse qui cavale et les vocalises collées de Cooper ("Ladada dadada dadada dadada da da dum"), un break, pan ! un solo sur une rythmique rock garage, ça dégueule de la gamme, épique le petit titre des affreux, la gratte continue à gueuler derrière, se fait lyrique sur les volutes de piano aérien, Dunaway tout en retenue efficace, on sent Ezrin derrière, les acrobaties vocales de Cooper sur la descente à nouveau et hop un solo magique sur du bon rock déchiré, continue sur la reprise du chant de Furnier, la magie progressive le sérieux en moins, cloches et feedback sur piano pour un final qui se baroquise, riffe aux touches noires et blanches, porte le titre vers un nouveau plateau, des choeurs derrière, Neal révise ses roulements, du talk-over non identifié, du Nicky Hopkins maintenant au piano, la claque ["My Stars"]...
un rythme rock pour l'intro de batterie, des keyboards en rhythm-and-blues, guitares ricanantes dans les deux baffles, entrée basse titanesque sur "hey hey hey" irrésistibles et riffs richardsiens en son compressé, Cooper se balade ("Me and G.B. / We ain't never gonna confess / We cheated at the math test / We carved some dirty words in our desk / Well now it's time for recess"), un groove rock impeccable, un pont speed en choeurs aériens, on tape dans les mains - impossible de pas claquer des mains - Cooper s'implique dans le pont, on passe à une folie funk-soul avec basse Motown, soli et choeurs perchés dans les aigus, on riffe toujours sur l'avalanche des drums de Neal et les grattes de Michael et Glen qui gueulent, retour du riff d'intro sur pied de grosse caisse piétiné, ces deux grattes tout de même du Perry-Hamilton, Cooper vocifère sur la coda et fait son numéro sur trois notes de basse boom boom boom à la voix, en rajoute des tonnes histrioniques ["Public Animal #9"]...
bruits de vague et du ressac, arpèges faussement pourries, balade fifties parodique, Cooper en voix radio méconnaissable débite des clichés hilarants sur ses potes de lycée ("Rain is falling / Down my cheek / Searching for the sea / Tomorrow, like the rain / I'll be back home again"), insertion tardive et lumineuse de la basse, le coeur gros comme ça, Cooper se repaît de ses conneries ("And now / Alone / Cryin in my beer / 'Cause old friends said / Goodbye, I guess I'll be leavin too"), un break fifties sur trois accords et la balade en basse ronflante et choeurs angéliques, une créativité impressionnante, ça se corse sur le pont balayé par une grosse basse et des riffs rasoir, quel drummer ce Neal, un échange de Cooper avec des choeurs faussement complices ("Goodbye / Everybody !") et un petit aigu bien senti, retour sur arpèges avec slide hawaïenne pourrie, et basse enflée, fin en speak tordant (Hey, remember the time - 'member the time / We took that snake / And put down little Betsy's dress? / Now I don't think Miss Axelrod / Was much impressed") sur choeurs beatlesque et support hardos des potes derrière, l'air de rien, Cooper seul comme un con termine son sketch (Hey, goodbye, guys / Maybe I'll see - / Maybe I'll see you around some time, uh? / 'Ey, don't make a stranger of yourself, uh? / Remember the Coop, uh? / May - / I ho - I hope - you don't forget me or nothin / Goodbye!"), riff cowboy et harmonica sur coyotes qui hurlent à la mort, incomparable ["Alma Mater"]...
fondu enchaîné, les grattes qui frottent, récurent et piaffent, les drums itou, la basse déjà sur un riff prometteur qui tourne seule, un riff killer pour lancer un groove rock, un peu de synthé, des cuivres, l'artillerie lourde de Bob Ezrin pour la fin épique, on rigole mais on fait du symphonique, un instrumental histoire de marquer le coup, une trompette en solo, un big band punk, un beau break, les drums montent au créneau, une guitare fuzz qui prend un break, on refait tourner le riff, encore un break après les drums, un riff grandiose, cinématographique, qui éclate, avec violons criards derrière, bande originale d'un western à coup sûr, Ezrin joue à George Martin, un solo fuzzé placé in extremis, combien d'instruments dans tout ça ? un autre break sur les toms, citation West Side Story, puis "wah !!!", clap de fin ["Grande Finale"]...
Down: le grand Vincent Furnier, certes perdu dans un grand-guignol caricatural depuis des lustres, fut pendant ces quelques années à la tête d'un combo rock de tueurs, du niveau d'Aerosmith et du Blue Öyster Cult, au moins - et un des meilleurs paroliers du rock... Qui s'en souvient ?