Héritier de l’OPI (Office de promotion internationale) créé en 1873, rebaptisé en 2003, le Bureau international de l’édition française est installé à Paris, dans le « quartier des éditeurs », boulevard Saint-Germain. Cette structure associative regroupe 250 éditeurs francophones qu’elle accompagne dans diverses actions collectives et dont elle assure la présence dans le monde : foires, salons, séminaires, catalogues, études… Le mot d’ordre : « promouvoir l’édition française à l’international ». Mais également former.
Les enjeux de la formation aux BIEF
Le volet « rencontres professionnelles et de formations » du BIEF s’adresse aux partenaires des éditeurs français à l’étranger. L’idée explique Pierre Myszkowski, responsable du département formation, est que des libraires, des éditeurs, des traducteurs étrangers formés et/ou sensibilisés aux enjeux de l’édition française en deviennent des relais naturels dans leurs pays respectif.
Dans cette optique et à la demande du ministre français de la culture et de la communication de l’époque, Jean-Jacques Aillagon, le BIEF lance en 2003 le programme d’accueil professionnel d’éditeurs étrangers en France.
Le programme est ambitieux. Il s’agit de recevoir chaque année pendant quatre mois plusieurs éditeurs étrangers et les intégrer au sein d’une grande maison d’édition française pour tisser des liens entre les deux maisons et – au mieux – entreprendre un projet commun qui déboucherait sur une action concrète : co-édition, achat de droits, traduction…
5 sessions, 8 pays partenaires et 10 maisons d’édition plus tard
Dans la réalité, la durée du stage a été réduite à trois mois pour des questions d’obtention de visas et deux éditeurs seulement par session annuelle ont été accueillis. Toutefois, les grandes maisons d’édition ont répondu présentes à la demande du BIEF et des éditeurs venus de Pologne, de Turquie, du Brésil, d’Algérie, d’Argentine, de Chine, du Mexique et des Pays-bas ont pu découvrir le quotidien des bureaux des Armand Colin, La martinière, Albin Michel, Gallimard, Actes Sud et consorts.
Pierre Myszkowski évoque de bons souvenirs, des relations chaleureuses établies avec chacun de ces éditeurs étrangers venus chercher des liens avec l’édition française. Il retrace quelques parcours de formation.
Venue du Brésil et de la jeune maison d’édition, Cosac Naify en 2005, Florencia Ferrari a apprécié l’organisation « plus traditionnelle » – selon ses dires – de chez Armand Colin. Elle assiste aux réunions commerciales, découvre le fonctionnement des représentants qui créent un lien entre l’éditeur et le vendeur, le libraire. Elle rencontre de « petits éditeurs » lors de rencontres professionnelles. Quelques projets se montent : une traduction en français par les éditions des Cahiers du cinéma des ouvrages du cinéaste Glauber Rocha dont Cosac Naify possèdent les droits ; un ouvrage en coédition avec les éditions de l’Oeil international sur la photographe brésilienne Claudia Andujar en France.
Malgorzeta Szczurek, responsable éditoriale chez Znak, prestigieuse maison d’édition polonaise, se montre, quant à elle, enthousiasmée par son séjour chez « Verticales » en 2003. Elle y complète sa connaissance de la littérature française contemporaine et découvre ce qu’elle appelle les « auteurs originaux », qui sortent des catalogues de best-sellers des ventes à l’étranger. Elle se dit même persuadée d’être « venue pour découvrir Lydie Salvayre ». De fait, Znac a publié « La vie commune » de l’écrivain français en 2006.
Un bilan mitigé
Finalement, cinq ans après, qu’en est-il de ce projet qui voulait faire des éditeurs étrangers des ambassadeurs de la culture française dans leurs pays ?
Malgré de beaux parcours, de réels échanges professionnels et quelques réalisations éditoriales, le département formation du BIEF a décidé de mettre ce programme « en pause », pour ne pas dire d’y mettre fin. Le programme aura sans doute péché par son ambition. Ces sessions d’accueil, de formation, de découverte de trois mois ont fini par peser lourd dans l’organisation des petites comme des grandes maisons d’édition.
Pour les années à venir, le BIEF a décidé de mettre l’accent sur les séminaires à l’étranger et la formation de libraires francophones à l’étranger. Des initiatives de plus courtes durées, pour la plupart à l’étranger et qui ne requièrent pas l’implication active des grandes maisons d’édition françaises.
Agnès Fleury