Magazine Humeur

La technique du chiffon rouge...

Publié le 26 octobre 2010 par Ericbloggeurcitoyen

Voilà, il est 16H50, l'heure à laquelle je tape cette note, la loi vient d'être votée au sénat par 177 voix "pour", 151 voix "contre".
A n'en pas douter, l'Assemblée Nationale fera le même sort à la loi... Et d'être promulguée à la mi-Novembre par le Président. Pour l'heure, l'opposition tente un baroud d'honneur et demande la saisine du Conseil Constitutionnel. Constitutionnaliste "amateur", je doute fortement qu'il y ait - tant dans le texte de loi que dans la procédure d'adoption - quoi que ce soit qui fût contraire à la constitution. S'agissant du texte, s'il y avait lieu de le contester, on eût saisi le Conseil d'Etat en amont des débats parlementaires. S'agissant de la procédure, ce Gouvt en sa réforme de la Constitution 2008, a pris soin d'appliquer l'Art.44 de la Constitution rendant légal l'usage du "vote unique" dans les 2 chambres, haute et basse.

Comme promis, je viens tenter de détricoter un peu ce sac de nœud politicien. D'abord sur la réforme proprement dite, puis en fonction des différents points de vue selon les instances - dirigeantes et représentatives, politiques et syndicales.

La réforme...On le comprendra, j'éviterai de trop alourdir ce chapitre de trop de technicité pour rester accessible au maximum de lecteurs-trices...
Les porte-voix médiatiques l'ont assez clamé, tant et tant que le mensonge a fini par être admis comme une vérité: la population vieillit tant et tellement bien que l'allongement du temps de travail s'avère être une nécessité. Nulle trace nulle part d'un quelconque travail de recherche dans quelques matières scientifiques que ce soit, tendant à prouver de façon incontestable, la causalité entre le vieillissement et la nécessité d'augmenter les années de travail. On part donc d'une simple donnée sociologique pour en faire une nécessité financière. Cette loi programme  assurément à terme la disparition nécessaire du système par répartition pour laisser place à celui très lucratif du système par capitalisation.
Laquelle nécessité financière devient bien vite financiariste, on l'a vu. On a donc d'un côté, le pactole potentiel escompté de 40 à 100 milliards d'€s dès la 1ère année et à l'autre bout de cette lorgnette, la classe des travailleurs-euses qui, même s'ils ont une idéologie différente, sont contraint-e-s d'enrichir par leur travail ce système d'une injustice criante en même temps qu'on les empêche de profiter de la production de ces richesses.
Dire qu'il eut mieux valu envisager cette réforme comme le franchissement d'une étape philosophique plutôt qu'une loi est donc un euphémisme.

Une gageure aussi les coalitions et autres représentations auto-proclamées pour la circonstance d'opposition. En quoi ont-elles été opposées? On se le demande. Une seule certitude: aucune de ces formations politiques et/ou syndicales n'ont repris les détournements capitalisations de fond programmés par l'entremise de cette loi.
PS en tête de cortège, c'est tout juste si les éléphants roses se sont opposés au principe de cette loi nouvelle, jamais du moins ils ne se sont opposé à l'esprit. De toute évidence, l'important pour eux est de se trouver du bon côté de la virgule. Aux pauvres, aux travailleurs, aux précaires et aux miséreux, le choix de s'arranger avec ce qui restera derrière la virgule nouvellement légalisée.

S'agissant des syndiktats... J'ai rejoint les quelques cégétistes qui ont occupé la gare de fret de Mulhouse. J'ai ainsi appris que les "camarades" ont revoté à hauteur de 75% la réélection de leur Marabout B. Thibaut sans même savoir que cette élection les conduirait à abandonner la lutte des classes et ferait de leur syndicat, un signataire de plus - sur le tard mais jamais trop tard - du grand livre blanc de l'économie de marché... C'est dire le mauvais genre d'information que la centrale dispense à ses infortuné-e-s "camarades".
Reste que la France est le plus mauvais élève européen en terme de syndicalisation. 6% grand maximum d'encarté-e-s. Ce seul chiffre devrait générer suffisamment de réactions à l'intérieur de chacune des "grandes" centrales, indépendamment et collectivement, suffisamment en tout cas pour exiger d'elles-mêmes qu'elles soutiennent sans conditions autrement que par le sacrifice des travailleurs-euses, une vraie réforme autre que cette misère de représentativité syndicale. Une réforme élaborée en fonction des besoins réels des travailleurs-euses et de leurs familles et non pas seulement en fonction des seules obligations légales imposées par les patrons-propriétaires du Droit du Travail... Et redonner sa place centrale à l'entreprise au centre du contrat social.
... Là aussi hélas, craint-on sans doute que les richesses ne basculent du mauvais côté de la virgule?
En attendant, je vois d'ici s'orchestrer la grosse magouille intellectuelle qui permettra aux grosses caisses syndicales de s'en sortir la tête haute par les négoces tant espérés. Sur la forme, la syndicalisation française s'enorgueillira d'avoir remporté du vent... Sur le fond (du pote-monnaie), les travailleurs-euses s'appauvriront davantage, convaincu-e-s que "leurs" syndicats qui les protège auront remporté "une victoire décisive" contre la barbarie libérale... ALLELUIA !!!



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