La démocratie est-elle garante de l’omniscience?

Publié le 26 octobre 2010 par Hugo Jolly

Puisque la démocratie n’est pas garante d’omniscience, je dirais que notre manifestation du 23 octobre 2010, en réponse au rassemblement de l’extrême droite économique et morale du RLQ, fut une patente réussite!

Aux évidentes tentatives de privilégier une fois de plus la bourgeoisie au détriment du prolétariat en temps de crise capitaliste, les opposants à ce projet ont pour leur part une fois de plus exprimé leur rejet, arguant que les solutions apportées par le Réseau Liberté Québec n’étaient que celles, monolithiques, répondant à une économie préalablement pipée.

En effet, les solutions proposées par le RLQ aux maux qui affligent le Québec, ne sont que celles qui avantageront la bourgeoisie, en réponse pourtant, à leurs antérieurs caprices. Le RLQ propose donc une moindre participation de l’État, de sorte que tout à coup, celui qui servait leurs intérêts ne semble plus les servir. En fait, l’État étant l’outil du parti au pouvoir, il fut longuement l’outil des bourgeois, lesquels les partis au pouvoir consécutifs du Québec, ont grandement servi. Mais rien ne va plus, et les syndicats, mouvance des conséquences d’une lutte de classe, ont paraît-il, pris leur place au sein de cette conciliation de classe. Un naturel adversaire des intérêts de la bourgeoisie pourtant, le syndicalisme a bel et bien sa place au sein d’une économie capitaliste, divisant les êtres humains en deux classes bien précises; les exploitants, les exploités. Mais le RLQ veut la soumission totale du prolétariat et nie l’existence de cette classe, prétextant qu’il y a consentement entre les deux parties, plutôt que d’admettre qu’il y a consentement sur les «modalités» de l’exploitation d’une classe par l’autre.

Par exemple, le RLQ propose de limiter la participation de l’État au minimum dans les affaires sociales des Québécoises et des Québécois, c’est-à-dire, de ne lui permettre que l’«obligation» de faire respecter la propriété privée, dont celle des moyens de production. Or, cela ne serait finalement, que faire respecter la dictature bourgeoise, parce qu’en cela, rien ni personne, ne pourrait questionner cet ordre établi. Les «anti-syndicalleux» comme ils se nomment eux-mêmes, n’ont toutefois rien à déplorer de l’existence de lobbys bourgeois tels : FRASER, IEDM, Conseil du Patronat, les partis capitalistes, et j’en passe…

Le RLQ propose donc également de remplacer notre système de santé universel, déjà bien amoché par la participation du privé et son coût exorbitant, par un système totalement privé. De sorte que, toutes et tous seront redevables aux bourgeois possédants les cliniques de santé et les hôpitaux pour se faire soigner, et que ces derniers seront les seuls en mesure d’entreprendre en la matière et de profiter allègrement de la maladie d’autrui, puisqu’ils auront le préalable nécessaire pour ce, le capital. Voilà d’ailleurs leur seul «mérite». Rien ne serait plus beau pour ces parasites que de pouvoir profiter des malades, qu’ils occasionnent par ailleurs eux-mêmes, via les exploitations diverses auxquelles ils soumettent les prolétaires. Des milliers de Québécoises et Québécois sont blessés chaque année dans des accidents de travail et il en meurt en moyenne 190 annuellement, détruisant là, les mythes du «risque pris», des «sacrifices» et des «efforts» consentis seulement disent-ils, par les bourgeois.

Mais le RLQ s’est étrangement alourdi de personnalités plutôt gênantes, pour défendre de tels dogmes. On y prône l’autonomisme, mais la plupart des figures connues ayant participé au rassemblement du RLQ en ce 23 octobre, furent à la remorque de l’État québécois et/ou canadien, ou de sales bourges. Sinon, c’est qu’ils furent, comme Jeff Fillion par exemple, chanceux de ne pas avoir à «travailler pour vrai», de ne pas avoir eu à faire d’effort physique ou intellectuel, pour déblatérer ses débilités populistes, au profit précisément, d’un bourgeois dont les intérêts sont certains, ici.

Le RLQ s’est sinon construit avec les efforts de démagogues et d’apologistes du régime d’Augusto Pinochet. Rappelons-nous le torchon idéologique de madame Marcotte, qui ne faisait finalement, que dépeindre la gauche en «mal» absolu, sans pourtant y argumenter ses propres idées, révolues et ratées à l’essai, ailleurs… Éric Duhaime sinon, a bel et bien minimisé l’impact sur les Chiliens, du régime de Pinochet, reprenant des données économiques à la main, en guise d’excuse, pour l’inexcusable. Encore faut-il admettre que ces données ne sont pas reconnues par d’autre, que les bourgeois, les libertariens et l’ensemble de leurs sbires. Gérard Deltell pour sa part, n’a semble t-il pas comprit le message des dernières élections, et croit, lui aussi, à tort, qu’une bouteille neuve, cachera le mauvais goût de son mauvais vin, amer et dégoûtant.

Une belle brochette de gens détestés par les Québécoises et les Québécois, tant pour leur faible fidélité, que pour leurs idées démagogues, dénuées de bon sens et d’argument, mais surtout, de justice sociale.

Les Québécoises et les Québécois ne seront pas dupes. Ils verront clair au jeu des libertariens, tentant de nous faire croire que, la solution à notre mal capitaliste, serait un capitalisme encore plus sauvage. Car si la démocratie n’est pas garante d’omniscience, le capitalisme, lui, n’est pas garant de justice sociale. Dans une économie où les richesses ne sont, et ne seront jamais partagées, il est difficile de faire gober au prolétariat, mendiant ironiquement cette richesse qu’il crée de son labeur, qu’un capitalisme plus pur et plus dur lui serait favorable de quelque façon que ce soit, s’il était «autonomiste» et remis à lui-même. Et d’autre part, tous ces services que nous procure l’État, seraient encore plus coûteux per capita une fois privatisés.

Est-ce que le RLQ propose véritablement une alternative? Ou n’est-il, justement, que le dernier souffle d’une droite agonisante? La mort de la droite économique partout dans le monde, les a plongé à se défaire des mollesses antérieures, pour se différencier en tant qu’extrémistes, voire intégristes, d’une mouvance plutôt sectaire, dénuée de fondement argumentaire logique et sain d’esprit.

Ces intégristes, ces idiots utiles à bourgeois, ne sont pas nos sauveurs, chers prolétaires. Ils sont, précisément, les sauveurs de cette classe parasitaire et minoritaire que forment les bourgeois, apeurés de perdre le contrôle de l’État, en pleine débâcle sous le système capitaliste, devenu corporatiste sous leur propre gouverne. Ils ne visent qu’à vous exploiter d’avantage, dans un semblant d’humanisme, où leur égoïsme transpire au-delà de leurs prétentions.

Soyez certains chers prolétaires, que nous, de l’Alternative socialiste, membre de Québec solidaire, veillerons à dénoncer leurs manigances, et à proposer de véritables alternatives au capitalisme, qu’il soit corporatiste ou non. Le «corporatisme» n’est d’ailleurs qu’un autre prétexte, pour déguiser une conciliation naturelle des intérêts communs de la classe bourgeoise, tout comme le syndicat, lui, répond aux intérêts communs des travailleurs salariés, donc exploités.

Merci à tous ceux et celles qui se sont déplacé(e)s pour l’occasion!

Sincèrement et solidairement camarades, continuons la lutte de classe, pour mettre fin au corporatisme, au salariat donc, et à l’exploitation de l’être humain par l’être humain!

«Pour aimer les hommes, il faut détester fortement ceux qui les oppriment.» J.P.Sartres

Sylvain Guillemette

Alternative socialiste (Québec-solidaire)