Maman dans les framboisiers
et tu cueillais
des framboises ! pour que je me rappelle / et pleure / toi
et pour qu’au bout du jour d’un quelconque quart de siècle
la fraîcheur comme un ange / toujours le même : de mouvement
il n’y avait point du tout /
toujours augmentât ! depuis longtemps les voix de l’autre rive semblent jouer à un ami ! maintenant restitué par les forces-vents du monde
dans le chagrin je suis – par l’ombre : en outre
léger est le brouillard... – est-il possible que je sache
de la jeune fille le scintillement ami ? / je te dérange
comme ta lumière pour la naissance ! /
l’esprit – afin que : pleur ! c’est le soleil de la clairière ! le brouillard – continuation
par la houle affinant les forêts !
connaissant – nous ne connaissons pas de clairvoyance :
est-il clair, dieu – et ne vaut-il pas mieux ensemble
ne pas le démêler ? et seulement
être – pour ainsi dire pleurer par resplendissement-amis
et par l’automouvement
des baies depuis longtemps précrépusculaire
tomber en rougeoyant
1981
•••
En visite dans l’enfance
à L.P.
ce « ah ! » le long du mur
ce cercle
/ me voici réveillé :
l’âme – comme un visage / –
par la durée se préparait
/ était comme évanouissement
en quelque lieu les champs – comme mien / –
je me souvenais : de fraîcheur
le « ah ! » s’emplissait en la vision
de l’arbre – clôture :
du fond – séjournant comme de moi !
/ le monde
s’appelait
« longtemps »
et la joie
« inachevable » / –
« ah ! » – telle une maman – enfant : partout ! –
pour que de somme
de bonheur
moi-même me mener à travers l’éclat des têtes
en la communauté de l’éclat et des paroles-comme-Êtres
étant moi-blancheur :
/ souffles des robes – des herbes mêmes encore
des épaules – comme de créations
de l’intelligence – comme-de-mains
de pensées – comme d’ossements précieux ! /
chantés par les éclaircies seront les ranges de mon séjour tel
parmi les consolidations immortelles-dorées du fondement
du chant tout-patriement-fraternel :
murmurant « ciel » vous me trouverez ! –
/ ô achèvements ! depuis longtemps je m’apaise en douleur
parmi les passages
des vents et floraisons ! pourtant
de l’immuabilité la finesse
par moi – et plus que moi : –
mais en attendant – commence
le « ah »-continuation - des tréfonds
/ têtes – chants ô têtes – éclairs chers ! /
/ murs – comme tréfonds autres
pour le vent et la lumière s’imprégnant / -
la lumière pousse de l’avant mienne – parmi les lumières – autres.
1982
Aïgui, Sommeil – Poésie, Poèmes, traduit du russe et postfacé par Léon Robel, coll. Autour du Monde, Seghers, 1984, pp. 81 et 104
Guennadi Aïgui dans Poezibao :
bio-bibliographie, décès (février 06), extrait 1, extrait 2, in notes sur la poésie
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