Finale du concours de piano Jazz Martial Solal. Edition 2010.
Un concours international de la ville de Paris.
Paris. L’Alhambra. Samedi 23 octobre 2010. 19h30.
Finale avec la participation de François Moutin (contrebasse), Louis Moutin (batterie) et du Newdecaband.
Le Newdecaband est composé de Martial Solal (piano, direction), Claudia Solal (voix), Jean Philippe Morel (contrebasse), Thomas Grimmonprez (batterie) ; Eric Le Lann et Claude Egea (trompettes), Denis Leloup et Marc Roger (trombones), Jean Jacques Justafré (cor), François Thuillier (tuba). Exceptionnellement, pour cette soirée, Martial Solal a cédé sa place sur le tabouret du pianiste.
La photographie de Martial Solal est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.
Le jury était composé de :
Martial Solal (France), président
Franco d’Andrea (Italie)
Claude Carrière (France)
Jean-Louis Chautemps (France)
Ronnie Lynn Patterson (Etats-Unis d’Amérique)
Xavier Prévost (France)
Hervé Sellin (France)
Emil Spanyi (Hongrie)
Mario Stantchev (Bulgarie)
Les six finalistes étaient :
Alessandro Lanzoni (Italie)
Thomas Enhco (France)
Nikolas Anadolis (Grèce)
Vadim Neselovskyi (Ukraine/Allemagne)
Sebastian Sternal (Allemagne)
Dan Tepfer (France/USA) ne faisait pas partie des finalistes. Peu importe. Qu’il joue en leader ou en accompagnateur de Lee Konitz, ce garçon est tout simplement merveilleux.
Les épreuves finales étaient les suivantes :
1) Une improvisation pour piano solo
2) Une version solo d’un standard du Jazz :I got rhythm ou All the things you are. Tous les candidats ont choisi All the things you are.
3) Zizaguerie une composition de Martial Solal avec le Newdecaband
4) Une composition originale du candidat en trio avec les frères Moutin, accompagnateurs habituelsde Martial Solal.
Arrivé pour 20h30, erreur de ma part, j’ai manqué le premier candidat, Alessandro Lanzoni (Italie).
Le deuxième candidat Thomas Ehnco (France) m’a ennuyé. Brillant techniquement mais fade émotionnellement.
Le troisième candidat Nikolas Anadolis, un Grec de 19 ans m’a emballé. Il a d’ailleurs séduit le jury aussi puisqu’il a reçu le premier prix. Son impro était sombre, retenue, mystérieuse. Le standard roulait, tournait élégamment. Un très joli final, surprenant, dans l’aigu. Avec l’orchestre, il a accéléré le tempo, menant la troupe d’une main de maître. En trio, sa composition « Dark stories » est une superbe ballade avec là encore une fin surprenante.
PAUSE
Le quatrième candidat Vadim Neselovskyi (Ukraine/Allemagne) m’a prodigieusement agacé. Eblouissant de virtuosité technique mais des poses de poète maudit (cheveux au vent, bouche ouverte du nageur qui cherche son souffle, mimiques) prodigieusement agaçantes. Par ailleurs, il swingue comme une huître. Je pense qu’il s’est trompé de musique, de concours. Il ferait mieux de passer un concours dirigé par Pierre Boulez qui a horreur du Jazz. Là, il serait parfait.
Le cinquième candidat Sebastian Sternal (Allemagne) m’a enchanté. Malheureusement, le jury ne m’a pas suivi. En solo, il nous a délivré un rigodon sautillant et charmant en impro. Sur le standard, il a attaqué lentement, accélérant progressivement. Une version chantante et touchante. Il est entré dans le jeu de l’orchestre comme s’il le connaissait depuis toujours. En trio, il nous a livré une ballade cool, relax, classieuse comme disait Serge Gainsbourg, Ghana. Du Jazz et du meilleur, baigné d’influence romantique sans perdre de vue le Swing. Pour la multiplicité de ses talents et sa maturité, je vote pour Sebastian Sternal. Le Grec est très doué mais il n’a que 19 ans et a encore besoin de mûrir pour donner tous ses fruits. C'est l'avis de Mademoiselle F et je le partage.
Résultat final.
Après 80mn, et non 45 comme indiqué, de délibéré, Martial Solal a proclamé les résultats. Dans l’attente, Mademoiselle F et moi avons eu le temps de dîner, de revenir dans la salle où François Moutin a profité de la présence d’un Fazoli de concert, un vrai crocodile avec toute sa queue, pour jouer le Blues pendant que le public restant bavardait.
Deux mentions pour deux musiciens absents de la finale :
- André Joseph Petersen, Afrique du Sud
- Dimitar Bodurov, Bulgarie
-
Prix du jeune soliste :
Alessandro Lanzoni, 18 ans, Italie
4e prix :
Sebastian Sternal, Allemagne
3e prix :
Thomas Ehnco, France
2e prix :
Vadim Neselovskyi, Ukraine/Allemagne
Grand prix de la ville de Paris :
Nikolas Anadolis, Grèce
Les trois premiers ont joué le dimanche 24 octobre à 17h à l’Alhambra en trio avec les frères Moutin. Comme je n’y étais pas, je n’en parlerai pas. Comme lors du concours 2006, je regrette que le jury ne soit pas composé uniquement de pianistes de Jazz afin que le jugement ne soit porté que par des pairs comme c'est le cas dans les concours internationaux de musique classique. Manquaient dans ce jury Enrico Pieranunzi, Marc Copland, Kenny Barron, Antoine Hervé par exemple.