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La clef

Par Luc24

Guillaume Nicloux s'était pris un énorme four avec son Concile de Pierre qui voulait nous montrer une Monica Bellucci inédite. Le voici de retour avec un nouveau thriller disposant d'un casting prestigieux : Guillaume Canet, Vanessa Paradis, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Jean Rochefort, Marie Gillain, Marina De Van...Banal thriller à casting ou film nettement plus ambitieux ?

La critique  

Un film noir audacieux et haletant

Eric (Guillaume Canet) vit des jours plutôt calmes dans sa petite bourgade de Province. Avec Audrey (Marie Gillain), sa compagne, leur quotidien est quelque peu ébranlé par le désir de cette dernière d'avoir un enfant. C'est le sujet sensible pour Eric, enfant de la DDASS, qui n'a jamais connu ni son père ni sa mère et qui au bout d'un moment à décidé de tirer un trait sur le passé. Mais voilà qu'un jour un inconnu appelle et demande à parler à Eric. D'abord le jeune homme refuse cette intrusion puis petit à petit, intrigué, il va écouter ce que lui dit son interlocuteur et accepter son rendez-vous. L'homme s'appelle Joseph (Jean Rochefort) et voulait lui remettre les cendres de son père. Bouleversé, déboussolé, avec une vie sentimentale de plus en plus tendue (Audrey n'arrive plus à le suivre, le comprendre), Eric frôle la dépression. Il s'arrête sur une station d'autoroute et est bloqué par la pluie (son essui glace est cassé). C'est là qu'une mystérieuse inconnue (Vanessa Paradis) rentre dans sa voiture, tente de le séduire. Eric sort de la voiture, pris de remords d'être un peu tenté. Il se fait assomer par des inconnus et se retrouve plus tard soumis à un violent interrogatoire. Apparemment, le père d'Eric était mêlé à de sombres affaires de drogues et de prostitution. Eric doit-il payer pour les crimes de son père ? Parviendra-t-il à s'échapper de cette incompréhensible situation ? Parviendra-t-il à trouver la clé de cette énigme, de découvrir la vérité sur sa famille d'origine, ses parents ? En parallèle, le film nous montre l'itinéraire d'un homme sur le point de mourrir (Thierry Lhermitte), désireux de retrouver sa fille. Et il y a aussi ces flashbacks qui nous plongent dans les années 70 pendant une enquête liée à des affaires de meurtres et de drogues...

Trouble every day

Avec l'affiche et Guillaume Canet mis en avant, on pouvait s'attendre à un film à la Ne le dis à personne. Bref, à un thriller à l'américaine, ultra dynamique et au scénario un peu complexe ne poussant toutefois pas le spectateur à trop remuer ses méninges. Il n'en est rien. Déjà, dès les premières scènes le réalisateur instaure une ambiance plombante, qui nous entraine de plus en plus vers la dépression. Il passe d'un personnage à l'autre, dressant le portrait de différentes solitudes, de vies brisées, pleines de regrets, de remords, de désillusions. Voilà qui est courageux pour un film disposant d'un certain budget et d'un certain casting. Rien que pour ça, Guillaume Nicloux mérite quelques félicitations : pour ne pas sombrer comme tant d'autres à l'appat du pop corn movie à sensation fausssement complexe. Mais on ne s'emballe pas tout de même. Car franchement on ne sait pas du tout où l'on va pendant un bon moment. Les intrigues parallèles se succèdent et nous perdent de plus en plus. On parvient difficilement à recoller les morceaux du puzzle, à retenir tous les noms des personnages cités, à bien s'attacher à chacun des protagonistes. On remarque même quelques défauts assez gênants. Nicloux, on le sait, a le goût du contre emploi. Son nouvel opus fait très fort dans le genre : Balasko en fliquette triste et solitaire, Lhermitte en homme dépressif et sur le point de mourir, Jean Rochefort sans moustache avec un rôle plus dark que dark...Tous ces acteurs ne sont pas imméditament crédibles. On a la désagréable sensation de ne pas être devant le personnage d'une flic torturée mais plus devant Josiane Balasko qui joue à. Seuls Guillaume Canet et Marie Gillain parviennent dès le départ à livrer un jeu brulant de naturel. Leurs crises de couple sonnent terriblement juste et parviennent à montrer l'enfer qu'est la vie à deux lorsque l'on ne parvient plus à communiquer.

Le début est donc un peu bancal, fait de moments de justesse et de cabotinage. Mais l'ambiance reste toujours là et la réalisation reste efficace. Puis, petit à petit, l'affaire se corse. Les personnages sombrent de plus en plus car ils découvrent de plus en plus des clés, des éléments de vérité. Et on sait bien qu'il n'est pas bon de toujours tout savoir. Le spectateur , resté attentif, parvient alors à reconstituer le puzzle, à déceler les différents liens qui unissent les différents personnages, leurs passés, leur histoire. Bourré de détails, ce long métrage pourra se revoir plusieurs fois après la première projection afin de cerner toujours plus les parts d'ombres des personnages et leurs secrets. Au final, tous les acteurs trouvent leur équilibre et le film décolle vraiment. On ne s'ennuie jamais grâce à un scénario aussi dense que malin, nous garantissant des moments d'actions, de suspense mais aussi des dialogues très bien écrits, bourrés de répliques criantes de vérité et de cynisme. Si vous n'avez pas peur de vous laisser aller dans un film très noir, La clef vous offrira un bien joli moment de cinéma. Une des bonnes surprises de fin 2007.


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