6 dernières représentations pour voir l’Oncle Vania : jusqu’au 30 octobre, vous avez encore le luxe de choisir votre jour. Première pièce du « Cycle Tchekhov » (oncle Vania, les trois sœurs et la cerisaie) proposé par l’Athénée en ce début de saison théâtrale, voilà un conseil de NIO pour un de ces soirs de « vacances ».
Une mise en scène sobre et efficace, une distribution solide, crédible ; important quand on porte un texte sans véritable héros, mettant en jeu un bout de vie de personnes plus ou moins quelconques qui étalent leurs états d’âme. Le risque de s’ennuyer est grand, et pourtant non.
Parce qu’on ne se rend plus compte, mais en 1900, date de l’écriture de la pièce par un Tchekhov déjà très malade (il meurt des suites de sa tuberculose 4 ans plus tard), le théâtre commence tout juste à se libérer des dernières conventions et à suivre le courant réaliste et naturaliste installé dans la littérature depuis plus d’un demi siècle. Les spectacles se fondent désormais sur des enjeux en apparence plus faibles, et relatent des faits de gens « ordinaires ».
Et c’est justement à partir des questionnements de ces gens si proches de nous, même un siècle après, que Tchekhov tire son universalité.
Le pitch (largement recopié du texte de présentation de l’Athénée) :
On pourrait résumer la pièce en ces 2 mots : trop tard. Trop tard pour Vania, en mal de reconnaissance, trop tard pour l’amour de la jeune Sonia et pour l’humaniste et médecin Astrov, peu à peu gagné par le cynisme. Mais trop tard aussi pour les forêts que les hommes abattent avec inconscience, ou pour l’aristocratie terrienne qui ne voit pas venir l’imminence de sa chute… Cependant, les protagonistes se prennent à croire que tout est encore possible le temps d’un été. Chacun va laisser éclater un morceau de sa vérité, de sa déception, de son désir. Une pièce qui rebondit sans cesse, de la contemplation au coup de tonnerre, du vaudeville au mélodrame, et où humour et mélancolie s’affrontent à armes égales. Une “musique violente, âpre, rugueuse comme l’est la vie à la campagne”, d’après le metteur en scène Serge Lipszyc.
Les réflexions engagées sont d’une surprenante actualité. Entre autres :
La nécessité de s’agiter plus que d’agir pour parvenir, d’un côté, et de l’autre, l’absurde destruction inéluctable de l’environnement par ceux qui en ont le plus besoin, avec pour cause l’ignorance…
Le parallèle avec notre époque est trop tentant pour ne pas l’évoquer. Ça pourrait faire penser par exemple aux propos d’un intellectuel, qui lors d’un documentaire sur la (non)pensée socialiste d’aujourd’hui intitulé « Après la gauche » (diffusé sur Planète ce week end), s’interrogeait sur la nature de notre modèle économique actuel qui selon lui détruit les 2 éléments fondamentaux qui le composent : la nature et le travail.
Bref, au-delà des considérations politiques, il y a un moment de vie à voir à l’Athénée.
Bonne pièce !