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“Magic Borloo” for Prime Minister ? No thank !

Publié le 26 octobre 2010 par Kamizole

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Comme je l’indique dans l’article précédent, si l’hypothèse – peut-être compromise par sa fort mauvaise gestion de la pénurie de carburant - de voir Borloo nommé par Nicolas Sarkozy à la tête du futur gouvernement laisse nombre de ses collègues ministres et des parlementaires de l’UMP plutôt sceptiques quant à ses capacités pour cette fonction, il n’en compte pas moins quelques fervents partisans dont les éloges frisent le dithyrambe jusqu’au grotesque.

Claude Guéant, d’abord. Qui, selon ce que je lis dans le Journal du Dimanche La guerre Fillon-Borloo (23 oct. 2010) qualifiait Jean-Louis Borloo dans un entretien donné la semaine dernière à Valeurs actuelles rien moins «qu’orfèvre en matière sociale» ! ajoutant qu’il «aurait l’oreille des syndicats»… Ben voyons ! Avec l’oreillette branchée sur ce que lui dicte Nicolas Sarkozy qui a bien prouvé sur la réforme de la retraite sa conception du dialogue social : triple zéro. Passage en force permanent. Par quelle vertu magique Jean-Louis Borloo, quand bien même serait-il moins acharné qu’Eric Woerth – ce qui n’est pas difficile ! – aurait-il plus de marge de manœuvre que les autres ministres de Sarko pour discuter avec les syndicats ?

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C’était avant la pénurie de carburant où le même Guéant a pu constater l’impéritie de Borloo quant à la gestion des blocages au point de le dessaisir du pilotage pour confier la cellule de crise au ministère de l’Intérieur.

Quand bien même Jean-Louis Borloo aurait-il «la fibre sociale» selon Raymond Soubie (Flash Actu du Figaro, 24 oct. 2010) - ce qui reste au demeurant à démontrer ! - la fonction de premier ministre exige d’être en perma-nence sur tous les fronts. Fadela Amara dont je ne sais si elle a beaucoup travaillé dans sa vie (sa bio sur Wikipedia est muette sur ce sujet) n’hésite pas à qualifier Jean-Louis Borloo de «fédérateur, intelligent et besogneux» ! contrairement à l’opinion qu’on lui donne, ajoute-t-elle, lis-je sur Le Figaro (23 oct. 2010) Amara : «Le meilleur, c’est Borloo».

Tout le monde sait que Borloo est un pur dilettante touche-à-tout… Mémé Kamizole est également une touche-à-tout (trop de centres d’intérêts) mais particuliè-rement besogneuse, perfectionniste en diable («Cent fois sur le métier» comme le recommandait Nicolas Boileau et mon père, à sa suite). Sans doute un effet de mon ascendant Vierge ? Ce qui explique que je passe beaucoup de temps à travailler sur mes articles, me documenter, etc. Mais je n’ai nulle autre ambition que faire du mieux possible. Je n’ai jamais été tentée par les postes à responsabilité, les situations de pouvoirs, etc. Je m’en crois au demeurant largement incapable, ce qui est une raison suffisante en soi pour ne les point briguer.

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Fadela Amara est une parfaite crétine arriviste. Je sais, l’on va encore m’accuser de (mal)”traiter” mes victimes. Mais remarquez que je mesure mon propos. Il faut n’avoir pas beaucoup d’entendement pour oser comme elle – personnalité prétendue “d’ouverture” ce qui a priori devrait la classer à gauche mais permettez-moi d’en douter très fortement – «aimer le côté droite sociale» de François Fillon… J’ai beau savoir que les journalistes ont catalogué Fillon depuis fort longtemps “à l’aile gauche” du RPR et ensuite de l’UMP, je n’ai jamais compris d’où ils pouvaient tenir pareille bille-vesée. Il était déjà “à droite toute” quand il réforma les retraites en 2003 et n’a cessé d’en donner la preuve depuis 2007. Je doute que les Français qui s’opposent à 70 % à la réforme des retraites parta-geassent l’opinion favorable de Fadala Amara sur le personnage !

Mais néanmoins, elle nuance son propos parce que si pour elle, Borloo est le meilleur, c’est «qu’entre le notable bourgeois de la Sarthe et la banlieue, il y a une grande différence (…) Pour mes sujets, le meilleur, c’est Borloo»… Il aurait «une humanité plantée dans le cœur». Je demande à voir mais cela doit être extrê-mement douloureux.

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De ce qui ressort de ses propos, il me semble visible comme le nez au milieu de la figure qu’espérant que Borloo sera premier ministre, elle lui fait un gringue pas possible. Elle assure que «si le président décide de la garder elle a encore plein d’idées» et son immodeste ambition s’en donne à cœur joie quand elle estime qu’il faudrait «un grand ministère» de la Ville - «directement rattaché au premier ministre, pour agir sur l’ensemble des décisions gouvernementales».

Elle plaide évidemment pour sa chapelle : «si le ministère de la Ville disparaît, c’est la fin du pacte républicain ! La fin des espoirs que l’on a eus pour la banlieue et toute sa jeunesse».

Elle est bien la seule à tirer un bilan positif de son action au ministère de la Ville ! Je doute que les habitants des banlieues en général et les jeunes en particulier partageassent sa vision idyllique des choses : «en trois ans, beaucoup de choses ont été entreprises (…) On commence à ramener du beau pour les habitants». Il est bien connu que la réalisation des projets annoncés n’a jamais été à la hauteur des investissements promis : une goutte d’eau dans un océan de pauvreté.

S’en est-elle jamais plainte ? Que non point. Sinon elle eût dû en tirer les conséquences nécessaires : démis-sionner plutôt que servir de caution. Elle s’en est bien gardée : un taf à 15.000 euros par mois ! Plus quelques avantages indus comme le somptueux logement de fonction qu’elle n’occupe pas mais prête volontiers à des membres de sa famille. Un scandale parmi d’autres. Madame l’ex-présidente de «Ni pute ni soumise» est une belle potiche. Faire valoir de la politique d’ouverture. Qui s’est bien gardée de l’ouvrir. Au fond, très «soumise» ! Pour le reste, je préfère le garder pour moi afin d’éviter de proférer quelque insanité.

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Elle s’en prend aux collaborateurs de François Fillon pour qui la politique de la Ville ne veut pas dire grand chose «C’est loin de leur réalité. La plupart sont des nantis, des jeunes qui ont fait de grandes écoles sans jamais avoir de soucis. Ils ne comprennent pas qu’en France, certaines personnes peuvent avoir du mal à terminer les fins de mois». Je doute fort que Jean-Louis Borloo - pas plus d’ailleurs que les autres ministres et leurs conseillers, non plus que la plupart des élus de l’UMP, le comprissent d’avantage !

Au demeurant, les fins de mois difficiles concernent davantage les ministères de l’Economie et des Finances, du Budget, des Affaires sociales en général, du Travail – n’est-ce pas, Eric Woerth ? amplement plus préoccupé de soigner aux petits oignons les intérêts de la “bête en cour” et des généreux donateurs du “Premier cercle” tout en plumant les retraités actuels et futurs de leurs privilèges éhontés. Si nous peinons à “faire la soudure” d’un mois sur l’autre ce n’est pas comme certains - plus aisés - parce que nous dépenserions inconsidérément mais parce que nos revenus sont plus qu’insuffisants.

De surcroît, avec tout ce qui va nous tomber sur le coin de la gueule dans les mois prochains – l’on nous annonce en plus une nouvelle hausse de 4 % de l’électricité (la dernière remontant au mois d’août) pour – tenez-vous bien – compenser le manque à gagner d’EDF quand il rachète l’énergie solaire ! Nous devons payer les profits des autres…

Ils ne savent plus quoi inventer ! Rarement, l’on nous aura tondus rasibus et plumés à sec avec un art aussi consommé, sauf à remonter sous l’Ancien Régime. Nous payons exactement de la même façon pour ceux qui étaient exemptés de la plupart des impôts et taxes qui frappaient durement les plus pauvres tout en bénéficiant des plus grandes largesses alors que le peuple des villes et des campagnes ployait sous la misère, les calamités et les charges.

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Selon un de ses proches, Serge Lepeltier, député-maire de Bourges et premier vice-président du Parti radical de Jean-Louis Borloo aurait une vraie vision pour Matignon (JDD 21 oct 2010). Accrochez-vous bien : «il se prépare: il s’intéresse à d’autres sujets que ceux qui concernent son ministère. Il est extrêmement impliqué. Il a une vraie vision, il connaît les difficultés que le pays traverse actuellement» - de fort loin si l’on songe à son peu d’activité sur le front de la pénurie de carburant ! – «Il me semble qu’il est effectivement en possibilité d’être Premier ministre»… Il n’y a que la foi qui sauve !

A l’inverse pour Daniel Cohn-Bendit, qui considère – avec beaucoup d’ironie - que Jean-Louis Borloo sera «très bon» à Matignon, le seul problème sera qu’il «va complè-tement s’user, se dégrader, en faisant la politique de Sarkozy» auquel cas «il sera aussi mal vu que celui-ci» - d’ailleurs à cet égard, je ne comprends pas la popularité dont jouirait paraît-il Borloo – «Ou on change complètement de politique et le personnel politique en sort renforcé, ou on ne change pas de politique et le personnel politique se dégrade»…

Il m’étonnerait fort que Nicolas Sarkozy envisage le moindre infléchissement de sa politique de casse sociale qui le plombe toujours plus avant dans les sondages d’opinion. A ce que j’ai lu avant-hier : 29 %. En tout point conforme aux 69 à 70 % qui s’opposent à la réforme des retraites. Jean-Pierre Raffarin a beau appeler à un «plan de relance sociale» dont Jean-Louis Borloo serait l’inspirateur La guerre Fillon-Borloo (JDD du 23 oct. 2010) je doute qu’il soit écouté du côté de l’Elysée…

Lors même que Nicolas Sarkozy a dès le printemps annoncé le démantèlement des divers dispositifs mis en place en 2008 et 2009 pour aider les plus touchés par la crise économique et sociale au motif – controuvé ! – que le plus gros de la crise serait derrière nous ! Et qu’au surplus, le projet de budget 2011 prévoit de porter des atteintes graves à tous les avantages fiscaux et sociaux des ménages les moins favorisés ou des classes moyennes. Qualifiés sans vergogne de «niches fiscales» comme s’ils étaient comparables aux largesses consenties aux possédants dont il est vraisemblable qu’ils ne les perdront qu’à la marge, et encore !

Quadrature du cercle : comment concilier politique de rigueur aussi drastique et plan de relance sociale ? C’est aussi antinomique que le fameux oxymorron de Christine Lagarde : «Ri-lance», uniquement propre à faire rigoler les économistes sérieux. A mon avis, quelques mesu-rettes qui ne coûtent guère plus que l’effet d’annonce et le tour sera joué. A moins que les avantages ne soient plus importants mais ne profitent de fait qu’à ceux qui en auront le moins besoin. Ce ne serait pas la première fois.

Bien entendu, Serge Lepeltier ne partage nullement l’avis de Daniel Cohn-Bendit : “A chaque fois qu’il a été engagé dans une politique nationale (comme la cohésion sociale, l’urbanisme ou l’écologie), il a toujours réussi. C’est un monomaniaque. Je suis convaincu de sa future réussite”. Il est bien le seul à tirer un «bilan globalement positif» ! Je ne saurais dire pour l’urbanisme si ce fut une réussite ou non.

Mais en ce qui concerne la cohésion sociale j’ai le parfait souvenir que s’agissant des fameux «emplois de proximité» présentés comme l’alpha et l’oméga de la lutte contre le chômage de masse, il réussit un véritable tour de force : ne pas inclure les entreprises dites «inter-médiaires» - qui s’occupent précisément des personnes les plus éloignées de l’emploi – dans le dispositif des organismes sociaux et des partenaires du «marché» ! Les Rmistes qui ne sont pas forcément aptes à reprendre directement un emploi sans “accompagnement social” pouvaient bien attendre.

A l’époque, j’ai lu et relu tous les documents officiels mis en ligne pour m’en assurer. Voilà qui donnait une sacrée rente de situation aux entreprises privées qui ont d’autant plus fleuri partout – même à Montmorency ce sont ouvertes plusieurs officines – que ces emplois donnaient lieu à 50 % d’abattement fiscal. Bénéfice pour les particuliers qui ont les moyens de payer des salariés, profit pour les entreprises qui les louent, balpeau pour les plus faibles !

Quant à la réussite de Jean-Louis Borloo en matière d’écologie, parlons-en. Il aura beau répéter à l’envi qu’il a fait “le tour de la question” à l’Ecologie Pour Fillon Borloo est un zozo (Europe 1, le 24 oct. 2010) il n’y aura pas pour autant brillé !

Il trouva le moyen d’aller au Pôle Nord en septembre 2007. Sans doute émoustillé par les avantages de son job tout neuf ! Pour se rendre compte de visu de la fonte de la calotte glaciaire. Voyage sûrement aussi dispen-dieux qu’inutile et fort gourmand en énergie fossile… Je doute qu’il y soit allé sur un navire à voiles ou à la force des avirons. Si l’on ne parlait pas encore à l’époque de «bilan carbone» la planète n’en souffrait pas moins.

Pour l’ensemble de son œuvre, une grand-messe d’autant plus totalement inefficace - le Grenelle de l’environnement – que la majeure partie des initiatives envisagées tombèrent avec l’eau du bain que jeta Nicolas Sarkozy après la déroute électorale des élections régionales : exit la calamiteuse «taxe carbone», exit la taxe sur les poids lourds. Sans rien dire de l’échec patent du Sommet de Copenhague. Borloo qui sait tondre les consommateurs, envisagea même en son temps une taxe sur les assiettes et couverts à usage unique et autres serviettes en papier – dite «taxe pique-nique» - elle aussi heureusement passée à la trappe. Vous parlez d’un bilan ! S’il travaillait dans le privé il serait plus près de la lourde que d’une promotion.

Jean-Louis Borloo ne ménage pas sa peine depuis plusieurs semaines pour se trouver en pole position sur la grille de départ de la course vers Matignon. “J’ai pris des bonnes résolutions cet été” (JDD 10 oct. 2010). Moi aussi mais j’avoue à ma grande honte ne point les avoir tenues ! Plus sérieusement, il affirme être «quelqu’un de fiable, confortable et sans emmerdes» Autrement dit, entendre qu’il ferait tout ce que Nicolas Sarkozy lui demandera… Bien la peine de changer de béni-oui-oui gobeur de couleuvres ! Le reste de l’article vaut son pesant de cacahuètes en sarkonneries de toute nature distillées par ses soutiens. Le tréfonds de la bêtise humaine est parfois insondable.

Comme il fait toujours preuve d’une insigne modestie, il ajoutait être «celui que l’on envoie toujours quand l’armée régulière a failli». Las ! Comme Grouchy à Waterloo, ce fut le «Soldat Borloo» qui fit défaut lors de la guerre des carburants. Ses soutiens inconditionnels réussiront-ils à le sauver aux yeux de Nicolas Sarkozy ? Nous le saurons dans quelques semaines, vraisembla-blement après le 15 novembre.

Selon un ministre qui ne lui est sans doute guère favorable et s’exprimait à l’issue du Conseil des ministre quelque peu rock n’ roll de la semaine dernière : «Sarkozy est en train de se mordre les doigts d’être allé aussi loin avec Borloo. Cela s’est vu mercredi sur son visage. L’hypothèse d’un maintien de Fillon est toujours possible»…

Enfin, comment ne pas relativiser la «fibre sociale» prêtée à Jean-Louis Borloo par Raymond Soubie ? Sachant que le conseiller en matière sociale de Nicolas Sarkozy qui annonce son prochain départ – à 70 ans ! il est bien temps de prendre sa retraite… - vers le 15 novembre 2010, disant en plaisantant «qu’il n’avait qu’un CDD» comme si ce n’était pas le cas de tous les collaborateurs non fonctionnaires des cabinets présidentiel ou ministériels… Soubie tourne la page de l’Elysée (Europe 1, le 24 oct. 2010) qui précise, ce dont je n’ai jamais douté, que «c’est lui qui a notamment piloté la méthode sur la réforme des retraites»…

On en voit le résultat : très social en effet, tant sur le contenu que sur la méthode : passage en force, refus de négocier avec les syndicats, total mépris du rejet d’une très grande majorité des Français. Alors, pour la «fibre sociale», prière de repasser.

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