Bonus DVD: Santa Sangre

Publié le 26 octobre 2010 par Olivier Walmacq

Genre : inclassable, drame (interdit aux - 16 ans)

Année : 1989

Durée : 120min

L'histoire : Fénix est un enfant de la balle, le fils de deux artistes de cirque (son père, lanceur de couteaux, est même le patron du cirque). La mère de Fénix, qui sert de partenaire à son père, est également prêtresse dans l’église impie du Sang Sacré, vouant un culte à une jeune femme ayant été violée, atrocement mutilée (bras tranchés) et assassinée. Un soir, Fénix voit ses parents s’agresser mutuellement : la mère châtre le père, et le père, avant de mourir, tranche ses deux bras à la mère. Fénix, devenu adulte, va alors avoir une certaine disposition à la violence…

Attention, cet article n'est pas une critique du film Santa Sangre puisque ce long-métrage inclassable a déjà été chroniqué sur ce blog.
Non, il s'agit de vous présenter les différents bonus du film, réunis ici à l'occasion d'un coffret dédié au génie d'Alejandro Jodorowsky. Dans ce coffret, on trouve donc un dvd consacré aux bonus du film Santa Sangre.

Ces bonus se divisent en plusieurs segments: The Jodorowsky Connection, le cinéma culte de Jodorowsky, les scènes coupées commentées par Alejandro Jodorowsky, les galeries photos et la filmographie du réalisateur. Voilà pour les hostilités !
Les segments les plus intéressants concernent The Jodorowsky Connection et le cinéma culte de Jodorowsky. Dans ces deux parties, le cinéaste revient donc sur le film.
Il est accompagné par ses deux fils, Adan et Axel (Cristobal) Jodorowsky, tous les deux acteurs principaux de ce chef d'oeuvre du septième art.

L'interview contient donc de nombreuses anecdotes sur le film. Par exemple, les deux frères seront totalement impliqués dans le film, à un point tel que Cristobal (Fénix) ira à l'école du mime Marceau pendant trois ans. Ceci explique évidemment l'énorme performance de l'acteur, livrant quelques numéros absolument ahurissants ! Même chose pour Adan, seulement âgé de 10 ans au moment du tournage du film (en 1989). D'ailleurs, Axel revient sur une séquence durant laquelle son personnage est fouetté par sa mère. Ses pleurs ne sont pas simulés.

En même temps, Alejandro Jodorowsky explique qu'il a laissé le choix à son fils: ce dernier pouvait très bien ne pas faire le film. Mais s'il acceptait le rôle de Fénix enfant, il devait pleinement s'investir.
Il faut dire aussi que Santa Sangre intervient à un moment très particulier dans la vie de Jodorowsky. Ce dernier a la soixantaine.
Pour lui, il est temps de livrer une oeuvre très personnelle, sur fond de psychothérapie familiale, le but étant de poser les cicatrices sur grand écran, à travers différentes formes d'art.

De cette façon, en s'investissant énormément dans ce film, les différents protagonistes ont pu effectuer un travail psychanalytique nécessaire pour résoudre leurs propres conflits intérieurs.
A ce sujet, Cristobal Jodorowsky aura besoin de partir très loin dans le monde, plus précisément dans la jungle, afin de prendre du recul sur ce film et sur son rôle.
Mais vingt ans après le tournage, la psychothérapie voulue par Alejandro Jodorowsky a fonctionné. Chacun a pu évoluer et résoudre ses problématiques personnelles.

Ainsi, on apprend que Cristobal est devenu un peintre de renom, Adan fait de la musique et a sorti son troisième disque sous le nom d'Adanowsky.
A ce sujet, Adan revient sur la chanson Dejame Llorar qui a marqué profondément son existence. D'ailleurs, il reprend ce morceau sur son dernier album.
Mais dans cette interview, Alejandro Jodorowsky revient également sur les thématiques du film.

Pour lui, il s'agit avant tout d'un film sur la paix intérieure. Le passé de Fénix sera marqué par de nombreuses blessures et cicatrices: la mort de son éléphant, la séparation avec Alma, une jeune fille sourde et muette et le décès atroce de ses parents.
Tous ces événements se transformeront en peurs archaïques et en failles profondes qui changeront Fénix à tout jamais. Devenu adulte, il est devenu un magicien de génie mais il est poursuivi par le spectre de sa mère. Sous l'influence de cette dernière, il entre en transe et se transforme en serial-killer, massacrant des femmes.

Mais de cette façon, Fénix tue symboliquement la mère. Pourtant, cette dernière continue de le poursuivre. Paradoxalement, Fénix cherche également à l'aimer mais il en sait pas comment exprimer son désir. Il s'agit évidemment d'une relation oedipienne entre ces deux êtres, et probablement d'une relation incestuelle (j'hésite à dire "incestueuse").
Ainsi, Alejandro Jodorowsky évoque sa propre mère, le but étant ici de pointer le thème de la castration. Et Fénix va devoir faire face à ses nombreuses blessures.
Une seule personne peut lui permettre de pardonner aux autres et finalement de pardonner à lui-même. Cette personne se nomme Alma.

Mais elle aussi a vécu son lot de souffrances puisqu'elle sera prostituée. Mais quelque soient les douleurs, les peines et les tragédies de la vie, l'amour finit toujours par triompher.
Tel est l'un des messages de Santa Sangre. Ce film est donc avant tout une histoire d'amour mais c'est aussi un film très humain dans le sens large du terme, à la fois dramatique, parfois comique, mais également barbare à certains moments.

Avec Santa Sangre, Alejandro Jodorowsky fait part de toutes ces obsessions et les pose sur une pellicule infiniment riche, n'hésitant pas à jouer sur certains symboles.
A cet égard, le réalisateur critique également les sectes et les religions. Par exemple, on voit comment l'église traite les gens différents, les handicapés, les freaks et les marginaux en les enfermant dans des hôpitaux psychiatriques...
Bref, ce dvd bonus contient de nombreuses anecdotes. Ceux qui ont eu la chance de voir ce film devraient logiquement se régaler.

Eelsoliver