«No Comment». Alain Juppé n’en dira pas plus quant à son éventuelle entrée au gouvernement. En revanche, il avait beaucoup à dire hier sur la politique du logement à Bordeaux.
A la Cub comme à Bordeaux, la question du logement est plus que jamais d’actualité. «La politique du logement est au coeur de notre stratégie à la rencontre des trois grands axes que sont le projet urbain, le projet social et l’Agenda 21». Bordeaux a ainsi pour objectif d’accueillir 100 000 habitants supplémentaires d’ici 2030 au sein d’une métropole millionnaire. Reste que pour atteindre ces objectifs et accueillir de nouveaux habitants, il va falloir sérieusement doper le nombre de logements. A Bordeaux, les files d’attente s’allongent et les demandes de logement augmentent. Pour y répondre, la ville prévoit de booster la construction avec la réalisation de 50 000 logements neufs en 20 ans et la réhabilitation de 10 000 logements.
Où, combien et pour qui ?
Les nouvelles constructions seront concentrées en masse sur les grandes opérations d’aménagement. 10 000 nouveaux logements devraient ainsi voir le jour sur Bordeaux Euratlantique, 10 000 autres sur Bastide Niel et Brazza, 10 000 sur Ginko/Bassins à Flot et un peu plus de 10 000 sur Bordeaux Nord (extra et intra rocade). La ville souhaite par ailleurs que toute nouvelle opération d’aménagement comprenne à minima 55 % de logements aidés. Pour les Verts, la production de nouveaux logements est trop localisée sur les opérations d’aménagement et pas assez sur les quartiers centraux. «Il est essentiel que les nouveaux logements soient répartis sur l’ensemble des quartiers et qu’une grande partie de l’effort soit porté sur la ville existante», souligne Marie-Claude Noël. «C’est dans le cadre des grosses opérations à venir que nous pourrons construire du logement social en masse. Nous n’allons pas détruire Caudéran pour construire des HLM» rétorque Alain Juppé. De la même manière, les Verts restent sceptiques quant au nombre de logements sociaux qui vont être réalisés. «Vous indiquez vouloir doubler le nombre de logements sociaux sur la ville, ce qui revient à multiplier par trois la production de logements sociaux annuelle, soit un effort extrêmement conséquent au regard des dix années qui viennent de s’écouler». «C’est possible», assure Alain Juppé. «Nous allons livrer 830 logements sociaux en 2010. Et même si en 2011 nous serons peut-être légèrement en retrait, tout laisse à penser que nous pourrons tenir ce rythme par la suite». La ville envisage également de promouvoir l’accession à la propriété en complétant notamment les dispositifs d’Etat pour les primo-accédants. «Il s’agit d’aider les familles avec enfant et sous conditions de ressources pour que l’accession à la propriété puisse devenir une réalité». Enfin, les élus d’opposition se sont interrogés sur la faisabilité financière de cette politique du logement. «Nous allons consacrer 6 millions d’euros par an au logement, soit 10% du budget d’investissement de la ville», explique le maire de Bordeaux. Pas de quoi convaincre Matthieu Rouveyre (PS). «Le budget du logement a baissé de 35% entre 2009 et 2010. Vous faites de la publicité maximale pour une ambition minimale». La réponse dans 20 ans.• Stella Dubourgêà