La voie des dieux (shintô) : un article cultuel et culturel

Publié le 26 octobre 2010 par Chroma @Chroma_France
Nous avons déjà parlé des "Voies" comme la Voie du guerrier ou la Voie du thé. Comprendre cette notion est  essentielle si on veut comprendre la religion et l'art de vivre japonais : contrairement aux Ecritures chrétiennes les religions extrême-orientales ne se placent pas dans une logique d'adhésion au préalable (la foi dans le Christ nécessaire pour aller vers le royaume des cieux) mais dans celle d'une expérience et d'un cheminement intérieur pour éviter les écueils de l'existence. Les Voies pour aller vers le Bouddha peuvent dès lors être très diverses et ce qui différencie le Japon des autres peuples, c'est qu'elles ne sont pas cantonnées dans le domaine (sans jeu de mots...) pacifique. Les dô du guerrier par exemple : l'aïkidô qu'on peut aussi traduire par la "voie de l'union des souffles", le kendô ou "voie du sabre", le kyudô "voie de l'arc", le jûdô "voie de la souplesse" tous arts de la guerre reconvertis en sports en Occident, opérant une synthèse entre la pensée et l'action. Notons au passage que ce sont les moines Shaolin qui, dans une optique spirituelle, ont inventé le kung-fu. Ces voies ont comme fondement philosophique que pour neutraliser l'adversaire il faut déjà se maîtriser soi-même, dans un sport de combat il faut certes des muscles mais aussi une âme bien trempée, la pratique de la méditation zen qui dans le sport devient concentration (zen est issu de chan en chinois qui veut dire la même chose) assurant le lien entre le  corps et l'âme. Le chadô quant à lui, la Voie du thé, est une spiritualité d'essence japonaise datant du XVIème siècle (le thé n'existait pas encore en Inde en ces temps). C'est un rite de communion comme le riz qui a engendré toute une mais contrairement à la religion chrétienne les bouddhistes ne sacralisent pas des éléments de la nature dans une Eucharistie hors de leur champ de compréhension ("ceci est mon corps et mon sang", traduction approximative de l'araméen envers le grec qui ne voulait sans doute pas dire cela). Le riz et le thé sont le pain et le vin symboles des chrétiens, le Vatican a longtemps refusé de célébrer la messe avec du riz et du thé qui fut assimilé à une nourriture profane. Difficulté d'une religion de quitter son aire culturelle qui s'est transformée en drame lorsque les Japonais ont au Moyen-Age mis à mort tous les missionnaires dont le prosélytisme choquait. Pour les adeptes du zen le théier était un arbre sacré, né selon la légende des paupières de Bodhidharma qu'il avait coupés pour lutter contre la somnolence pendant sa méditation."Les voies du Seigneur sont impénétrables" disait Saint Paul...