Parmi les sollicitations diverses de cette folle semaine (pas moins de sept foires off, dont trois déjà évoquées), quelques impressions en vrac. Le salon le plus novateur m’a semblé être cette année Access & Paradox aux Blancs Manteaux, combinant des galeries assez pointues, françaises (comme Exprmntl ou Mycroft) ou étrangères (comme Duplex 10m2, qui mène un programme très intéressant à Sarajevo) et des centres d’art (comme Mains d’Oeuvres) : vue là, parmi d’autres, une sculpture-peinture de la Franco-Tchèque Filomena Borecka où les traits de couleur soulignent le mouvement tournant de ces formes enroulées sur elles-mêmes, créant une fascination hypnotique (’Mysterium conjuctionis’, Galerie Intuiti).
Cutlog, à la Bourse du Commerce, m’a semblé assez inégal : les pièces les plus intéressantes à mes yeux y sont des photographies, dont celles des séries ”Incident Reports” et “This is Just to Say” d’
Ethan Levitas chez
Polka, de belles images de lumières incertaines par
Renato d’Agostin chez Photo4, des vues architecturales et sculpturales du Grand Palais en rénovation par Patrick Tourneboeuf chez Lydie
Trigano. Mais que de mauvaise peinture ! Une des ‘
galeries‘ avait affiché sur son stand “Qui n’a jamais rêvé d’investir dans des toiles de Monet, Picasso, Basquiat avant qu’ils ne soient connus ?” Ce n’est hélas pas là qu’on trouvera le prochain Basquiat…
Les galeries de Chic Art, dans un cadre superbe au-dessus de la Seine, sont aussi de qualité très inégale (et je reste étonné de cette prolifération de foires, de cette abondance de galeries prêtes à investir; mais, au fond, tant mieux !). À l’entrée, le mot art, en glace fondait lentement au dessus de plaques chauffantes : réchauffement climatique ? économique ? L’amusement est qu’on voyait les ficelles (de l’art) que la fonte de la glace rendait
visibles à l’intérieur des lettres. Dans un recoin de la foire, de
Gil Bensmana, cet homme nu dans une poubelle, dont j’aime à pense qu’il a été installé ici clandestinement. Et, sur le stand de la galerie
Béatrice Binoche, de la Réunion, à côté de Thierry Fontaine, trois belles compositions noires de
Joël Andrianomearisoa (”Toi, moi, lui”) dont les bribes de tissu accrochent la lumière et flottent un peu au gré des courants d’air.
Enfin, dans un lieu industriel plein de charme,
YIA Artfair regroupait 14 galeries, d’Yvon Lambert (avec Vincent Ganivet) à Dix9 (avec
Marion Tampon-Lajariette), vidéos et sculptures : positionnement pas très clair, mais quelques belles pièces, en particulier
Hsia-Fei Chang (chez Laurent Godin).
Bon, plus de foires pendant trois semaines, jusqu’à Paris Photo.