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Via sicura: des mesures liberticides contre les automobilistes suisses

Publié le 25 octobre 2010 par Francisrichard @francisrichard

via sicuraAvant de tirer sa révérence, Moritz Leuenberger, ministre socialiste des Transports de la Confédération, soumet au Parlement helvétique un train de mesures destinées à rendre les routes suisses plus sûres. Ce qui n'est pas sûr du tout...

Le 21 octobre le Ministre a présenté ce vaste programme intitulé pompeusement Via sicura lors d'une dernière conférence de presse en tant que Conseiller fédéral. Initialement ce vaste programme comportait 60 mesures. Il n'en comporte plus que 23 ici, les plus coûteuses et les plus insensées ayant été abandonnées sous l'aimable pression collégiale des autres membres du Conseil fédéral.

Le dessein originel de ce programme était de "ramener à zéro le nombre de morts et de blessés graves sur la route." C'était, disait-on à l'époque imprudemment, la philosophie de la "Vision Zéro". L'intention était certes louable, mais complètement irréaliste, et d'ailleurs irréalisable. Depuis le nombre annuel de morts sur les routes est passé de 600 à 350 et le nombre de blessés graves de 6'000 à 4'700 entre 2000 et 2009. Ce qui est toujours trop. Personne n'en disconvient.

Certaines de ces 23 mesures du programme qui ont été maintenues, telles que la suppression des points noirs et des endroits dangereux du réseau routier, ne peuvent que recueillir l'approbation des automobilistes. Avec les améliorations techniques indéniables de la sécurité des automobiles elles-mêmes au cours de la dernière décennie, ce sont les mesures qui sont certainement les plus à même de réduire le nombre des victimes sur les routes.

Les mesures prises contre les chauffards et les récidivistes de délits graves ne soulèveront pas l'indignation des bons conducteurs et même des moins bons conducteurs. Encore qu'il faudra examiner dans le détail les règles précises d'application de ces mesures pour s'assurer de leur conformité avec le droit des personnes et le droit de propriété.

D'autres mesures sont en revanche véritablement liberticides et/ou arbitraires.

Il en est ainsi de l'expiration de la validité du permis de conduire à 50 ans, qui ne serait prolongé, de 10 ans en 10 ans, qu'après examen de la vue du titulaire. Interrogé par Le Matin Dimanche, le Dr Nicolas Ducrey, Directeur médical adjoint de l'Hôpital ophtalmologique Jules Gonin de Lausanne, s'insurge ici :

"Il n'y a pas de couperet qui tombe à 50 ans! Cette décision est purement arbitraire, elle ne repose pas sur des faits ophtalmologiques."

Ainsi peut-on se demander pourquoi obliger les cyclistes à porter un casque jusqu'à 14 ans, mais pas au-delà. Pour ne pas décourager les adeptes de la petite reine, chers au Ministre, qui ne cache pas son hostilité idéologique à l'égard des automobilistes ?

Ainsi peut-on s'interroger sur l'obligation de circuler en plein jour avec des phares allumés. Dont l'efficacité n'est pas prouvée, mais qui réjouira à coup sûr les fabricants d'ampoules...

Ainsi peut-on s'étonner qu'"en cas de dommages résultant d'une infraction aux règles de la circulation commise au moins par négligence grave, les assureurs RC des véhicules automobiles (soient) tenus de recourir contre la personne responsable de l'accident." Pour être sûr que l'automobiliste, a priori suspect, soit réprimé d'importance, même en cas de simple inattention ?

Ainsi peut-on s'inquiéter pour la protection de la sphère privée que soient communiquées aux assureurs RC "les mesures administratives prises à l'encontre de personnes assurées ou candidates à une couverture d'assurance". Pour ne leur laisser aucune chance de s'assurer dans de bonnes conditions ?

Ainsi peut-on trouver exorbitant que le détenteur d'un véhicule soit "tenu de payer l'amende d'ordre si le contrevenant n'est pas connu". N'est-ce pas dénier toute responsabilité individuelle et n'est-ce pas faciliter l'encaissement des amendes et le travail des agents de police sans se soucier de rendre vraiment justice ?

Comme on le voit, nombre de ces mesures n'ont rien à voir avec la sécurité routière et vont dans le sens d'une culpabilisation idéologique de l'automobiliste qui est considéré comme une vache à lait trayable à merci et qui est condamnable par le fait même qu'il tienne un volant dans ses mains.

Gageons que les parlementaires, pour la plupart automobilistes, sauront élaguer encore les mesures inutiles et liberticides de ce beau programme, cadeau empoisonné d'un ministre dont on ne regrettera décidément pas qu'il parte à la retraite.

Francis Richard


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