Henri STERDYNIAK est un économiste de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) spécialiste depuis longtemps de la question des retraites. A ce titre, son avis n’est pas à ignorer !
A la lecture d’un chat qu’il a donné ce jour sur le site du Nouvel Observateur, je dois bien reconnaitre qu’il y a de nombreux enseignements à tirer de ses remarques.
Que les dirigeants politiques et syndicaux qui sont contre cette réforme des retraites s’en inspirent afin de tenir des propos plus nuancés et plus crédibles.
Morceaux choisis
NB : Les titres entre les répliques de l’auteur relèvent de ma responsabilité
Un choix social à faire
« Il se trouve que l'espérance de vie va bientôt dépasser les 80 ans, ce qui signifie qu'il faut financer les retraités pendant une vingtaine d'années, nous avons donc un choix social à faire: soit on augmente les cotisations, soit on fait travailler plus longtemps ceux qui le peuvent. »
Le vrai problème c’est le chômage
« La question des retraites est à 90% une question d'emploi et de croissance. Si dans les années à venir la croissance est vigoureuse, les entreprises pourront employer les jeunes, réduire le chômage global et pourront aussi employer les séniors. Dans ce cas le système de retraites sera équilibré.
Si la croissance est mauvaise, le taux de chômage restera élevé et les entreprises ne garderont pas les seniors. De sorte que les gains en prestation retraite seront en grande partie perdues parce qu'il faudra payer plus de prestation chômage.
Le problème est que tous les pays de la zone euro se lancent dans des politiques d'austérité qui risquent de nous condamner à la croissance lente. »
« Le report de deux ans de l'âge légal du départ en retraite obligerait 1,4 million de personnes à rester au travail. Si la croissance était vigoureuse cela ne poserait pas de problème mais avec une croissance lente c'est catastrophique. Voilà pourquoi le gouvernement aurait dû conditionner le report de l'âge légal du départ en retraite à l'évolution du taux de chômage. »
NB : Il y a débat sur cette question des fiances publiques !
On en peut pas taxer davantage les revenus du capital, les stock-options.
Le bouclier fiscal rapporterait trop peu
« Pour maintenir le système de retraites en l'état sans réforme il faudrait dégager 80 milliards d'euros dans les années à venir. Et cette somme ne peut être trouvée par la taxation des revenus du capital qui sont déjà pas mal taxés en France.
De même, la taxation des stock-options a déjà été alourdie.
Le bouclier fiscal ce n'est que 600 millions. »
Attention, il faudra aussi cotiser pour la santé et la dépendance !
Et le service public d’éducation !
« Les salariés doivent donc choisir entre la hausse des cotisations, 1 point de cotisation c'est 8 milliards, ou l'allongement de la durée des carrières, sachant par ailleurs qu'il faudra cotiser plus pour la santé et la dépendance.
On n'échappera pas à un certain allongement de la durée des carrières mais il faut que celui-ci s'effectue dans une période où le chômage baisse et qu'il soit équitable en épargnant ceux qui ont commencé à travailler tôt et ceux qui ont des métiers pénibles. »
La réforme miracle, sans pleurs, n’existe pas
« Il n'y a malheureusement pas de réforme miracle. Il faudra choisir entre la baisse du niveau des retraites, la hausse des cotisations et l'allongement des carrières. Reste à faire que ce choix soit équitable »
« Si on veut maintenir le système en l'état avec la retraite à 60 ans et le taux actuel de remplacement, il manque 80 milliards horizon 2030-2035. Ce qui représente environ 4% du PIB. Ou 10 points de cotisations.
On peut certes penser qu'il est possible de dégager ces 4 points de PIB.
Mais il faut aussi 0,5 point pour la dépendance et 3 points pour la santé.
Par ailleurs nous souhaitons maintenir un système public d'éducation, il faut sans doute dépenser plus pour les crèches et l'université.
Donc toutes les marges disponibles ne peuvent pas être mises sur la retraite.
Et allonger la durée de carrière dans des conditions socialement acceptables est une piste qu'il faut avoir en tête. »
La gauche n’échappera pas à la contrainte de réduire le déficit structurel
« Cela fait parti du jeu normal de la démocratie. Au moment des élections chaque parti fait ses propositions sur tous les sujets, y compris le sujet des retraites. La droite pourra dire qu'elle a fait une réforme courageuse pour réduire le déficit insoutenable du système de retraite. La gauche devra montrer qu'une autre solution est possible, plus équitable. Mais elle n'échappera pas non plus à la contrainte de montrer une réforme qui réduise le déficit structurel du système. Il lui faudra dire clairement au salarié que maintenir le système tel qu'il est demande une certaine hausse des cotisations. »
Le chat complet se trouve ici
N’hésitez pas à consulter.
A lire également son article p 118 à 125 dans
« L'économie française 2011 » selon l‘OFCE