On n’y parle presque pas de Pete Doherty ni d’Amy Winehouse (enfin, un peu quand même, mais surtout pour se foutre d’eux) et on y trouve une volonté de se dégager de la course à l’info et au
buzz, ce qui est assez reposant pour quelqu’un comme moi qui n’arrive plus à lire les chroniques disques des Inrocks tant elles se ressemblent toutes d’une semaine sur l’autre. Justement, les
rédacteurs de VoxPop ne chroniquent les disques que sur leur site et n’encombrent pas la revue papier du feuillet critique réglementaire, tarte à la crème de n’importe quelle parution cinéma ou
musique. A l’heure où les blogs, eux-mêmes, démultiplient les points de vue sur un disque, VoxPop affirme, quitte à se couper d’une partie de son lectorat potentiel, que l’essentiel n’est pas là.
On s’y concentre au contraire sur les reportages, les portraits, les entretiens fouillés ou les enquêtes insolites. Et cela redonne d’emblée ses lettres de noblesse à la fonction – aujourd’hui un
rien galvaudée – de "rock critic". Ce qui n’est pas rien.
Outre une maquette d’une élégance folle et des photos originales souvent très belles, c’est justement dans cet aspect strictement journalistique que VoxPop s’impose en parution incontournable.
Dans le premier numéro, je ne sais ce que je préfère entre le reportage sur les Tiny Masters of Today (24 ans à eux deux) égarés dans un festival de snowboard au Portugal, l’article sur la scène
pop de Liverpool à travers les âges, ou la visite du quartier de Williamsburg à New York en compagnie d’un membre de TV on the Radio. Sans compter des idées éditoriales décalées mais
passionnantes, comme cette enquête improbable sur la guitare à double-manche (n°2), l’entretien avec Dick Rivers au sujet de la jeune scène rock française (n°1) ou le portrait circonspect
d’Alizée au moment d’un pseudo virage rock dans le dernier numéro.
Autre point fort, les entretiens. Sûr qu’avec The Liars
ou The Coral, les journalistes ont toutes les chances de recueillir des propos intelligents. La tendance se confirme dans le nouveau numéro avec une énième interview – passionnante – de NTM, et
surtout, surtout, une longue discussion avec Daniel Darc dont le nouvel album sort le 14 janvier.
En attendant, on l’espère, de les voir aborder – à leur manière – les autres médias rock que peuvent être le cinéma ou la littérature, on se dit que le principal
écueil qui guette VoxPop serait de s’enfermer dans un registre chic et parisien, de systématiser plus que de raison les ouvertures vers la mode et l’art contemporain (tendance lourde d’un
deuxième numéro un rien décevant) et de devenir la revue rock préférée des bobos lassés des Inrocks.
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