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Le coeur régulier d’Olivier Adam

Par Ngiroux

Le coeur régulier d’Olivier AdamSarah, entre deux âges, un mari Alain, gentil, pondéré, rassurant, raisonnable, fiable, deux adorables adolescents, voit ce monde idyllique s’effondrer à la mort de son frère : Pour tous Nathan avait eu un accident, pour tous sauf moi.  Mes parents, et ma sœur Clara qui leur ressemblait, obsédés par les apparences, jamais ils n’auraient pu se résoudre à dire à qui que ce soit que Nathan était alcoolique, insupportable, cliniquement maniaco-dépressif, autodestructeur et profondément malheureux. Cette jeune femme sombre rapidement dans un deuil, un abîme qui lui semble sans issue, et s’enfuit au Japon où son frère avait semblé trouver un repos, un bonheur.« J’avais pris le premier vol pour Kyoto, le cœur en cavale, dans un état de confusion totale fuyant une menace indéfinissable dont je sentais que je n’allais pas tarder en m’engloutir.»

Dans cet endroit paradisiaque d’estampe japonaise, Sarah rencontre celui que l’on surnomme Le sauveur, celui que Nathan avait croisé la route lors de son séjour, Natsume Dombori, cet ancien flic du district, las d’arriver sur ces lieux d’accidents toujours trop tard. Il devient une célébrité lorsqu’il pose sa main sur l’épaule d’un journaliste au bord du gouffre, qu’il le ramène chez lui, le garde quelques semaines, lui offre le gîte, le couvert et sa patiente écoute.  Car ces falaises attirant les malheureux, les mal de vivre font des victimes. «Qu’est-ce qu’ils les conduisaient ici, s’ils étaient seulement saisis par la beauté désolée des roches fendues, cette impression d’être parvenu au bout du bout du monde.  Ou ils se précipiteraient attirés par l’aura morbide du site, qu’alimentait chaque mois le décompte macabre des suicidés.»

Adam sait peindre les émotions, une plume intarissable, descriptive, simple.  Un peu moins noir que sont dernier roman Les vents contraires. Adam, ici nous fait voir la lumière au bout du tunnel, un certain espoir, mais quand même toujours fidèle à ses thèmes, deuil, disparition, angoisse, nature omniprésente. Il nous maintient tant bien que mal sur ce fragile équilibre entre le mélo, la caricature et le véritable.  Une des sélections pour le Goncourt de cette anné.



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