RESF 71 – Almedhi JABIR

Publié le 25 octobre 2010 par Rhubarbare

Voici le communiqué de presse de RESF 71 suite à l’expulsion ce weekend d’un jeune lycéen à Mâcon.

Communiqué de presse du Réseau Education Sans Frontières de Saône et Loire.

Almedhi  JABIR, lycéen mâconnais, en 2ème année de bac professionnel au lycée Dumaine  été expulsé ce samedi 23 octobre à 17H. La police, munie d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière délivré vendredi par la préfecture de Saône et Loire est venue chez lui, sans lui laisser le temps de réunir ses affaires. Il a fallu la présence d’une militante pour accompagner la famille avec la valise d’Almedhi au poste de police. Ce n’était pas un casseur, aucune plainte n’a été déposée contre lui, il était juste sans papiers depuis quelques mois. En France depuis 2007 chez sa mère adoptive il avait eu des autorisations temporaires (récépissés) lui permettant d’être en situation régulière. Atteignant sa majorité, il s’est vu attribuer une obligation de quitter le territoire en juin 2010.

Samedi dernier déjà, après une série de procédures faites très vite, en 3 jours, certainement dans l’espoir que cette expulsion passe inaperçue,  il devait partir sur le vol de la même heure. Le RESF 71 lui avait proposé de ne pas se présenter à l’aéroport, pensant, espérant, supposant que la préfecture voudrait bien recevoir une délégation, simplement pour convaincre que ce jeune pouvait ou plutôt devait terminer sa formation scolaire dans son lycée. Une demande d’audience a été envoyée mais n’a jamais eu de réponse… Un regard humain et compréhensif avec quelques arguments liés à la situation de ce jeune pouvaient être reçu. Mais il faut constater que le Préfet est bien incapable de poser un tel regard ! Il préfère répondre à la politique du chiffre, la seule qui compte en matière d’immigration, celle qui permet d’atteindre « ses objectifs ». Mais où est donc cette « générosité française » dont le ministre nous rabat les oreilles ?  Aujourd’hui nous constatons une nouvelle fois, par des faits, qu’en matière d’intégration, il semble que le plus simple soit l’expulsion ! Pire encore, la préfecture a attendu que ce jeune ait fait la rentrée scolaire pour ensuite l’expédier dès le premier jour des premières  vacances, quand ses camarades lycéens sont bien démobilisés….

Le RESF 71 continue à se battre pour protéger les enfants scolarisés dans notre pays ainsi que leurs familles. Nous continuerons à condamner cette façon de traiter les individus comme des chiffres qui s’ajoutent dans une addition irrespectueuse des valeurs de dignité humaine, de tolérance, de solidarité. Nous dénonçons aujourd’hui le refus de la préfecture à simplement écouter celles et ceux, attachés à ces valeurs et désireux de laisser une chance à ce lycéen d’obtenir le diplôme sur lequel il s’était engagé. Le silence de la préfecture comme seule réponse à notre demande marque bien l’attitude déshumanisée avec laquelle les dossiers sont traités et aussi renforce nôtre volonté inébranlable pour défendre écoliers, collégiens, lycéens, étudiants menacés par des mesures d’expulsion.

RESF 71.

Fin de communiqué.

Au-delà de l’application de la loi, inique et essentiellement vouée à la captation du vote FN, il faut aussi s’inquiéter de la manière de son application. Ce récit n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’extraordinaire déshumanisation du procédé allant jusqu’à refuser de prendre le sac de voyage du jeune homme – décision du seul ressort de la police – montrant à quel point le problème dépasse le cadre strictement légal. La ligne de commandement de la force publique, du sommet de l’Etat au flic de base en passant par l’échelon préfectoral, semble pervertie de haine xénophobe, de violence, de sadisme et de lâcheté. Hans Landa, top modèle du ministère de l’Intérieur? 

Billet en accès libre sur rhubarbe.net