Ma boulangère.

 J'ai pris l'habitude d'acheter mon pain à cinq kilomètres de chez moi. 
Oui, je sais, ce n'est pas très bien pour le commerce local, ni pour la couche d'ozone (je prends la voiture) mais sincèrement la baguette est nettement meilleure. Et surtout, surtout, ma boulangère d'adoption est une fille extraordinaire.
Un gabarit de petite taille, un regard malicieux, dodue, et tellement communicative...  Pas commère non, non, juste très taquine. Elle est nettement plus jeune que moi et, au fil du temps, nous sommes devenues assez copines. Son magasin est toujours plein... surtout le dimanche matin.
Dimanche, je m'apprêtais à entrer, juste derrière un monsieur qui ne m'avait pas vue et refermait la porte.
Elle s'est mise à hurler: "Non, mais tu ne vois pas que ma copine veut entrer... Ouvre-lui la porte et tiens, laisse-la passer devant toi."
Gêné le monsieur s'est exécuté et m'a proposé de passer devant lui. Je déniais gentiment sa proposition: "J'ai le temps, je suis en TGV..."
Les quatre autres messieurs qui attendaient, se sont retournés pour voir qui était cette copine...
Ma boulangère (que je pense féministe) a interrompu le déroulement de l'attente en disant: "Ben, puisque c'est comme ça, tiens, ma copine, passe devant chészhommes...  ET PI CHÉ TOUTE !!!"Les messieurs, alors, se sont tous effacés pour me laisser passer... 
Et elle a ajouté avec un sourire narquois:
"Et avec ceci... Ce s'ra tout ?"