Uxbal est un sale mec, un petit trafiquant qui jongle avec la misère de ceux qu’il exploite dans la métropole européenne qui l’engloutit. Il s’arrange comme il peut avec une conscience quasi inexistante jusqu’au moment où la mort, pourtant omniprésente, vient frapper à la porte de sa propre masure.
Uxbal est un pauvre mec qui tente de sortir la tête de l’eau en comptant ses liasses de billets crasseux pour nourrir (mal) les deux gosses qu’il élève seul ; sa hantise : que les deux amours de sa vie l’oublient tout comme lui-même a oublié le visage de son père.
Ce film chaotique met en exergue la misère humaine que nous faisons tout pour ne pas voir parce qu’elle est là, en plein cœur de la cité. Une cité défigurée, méconnaissable, loin des clichés habituels gommant les grues éternelles qui encerclent la Sagrada Familia : Barcelone la bouillonnante ou la festive. Au contraire de W.Allen dans « Vicky Cristina Barcelona » sous contrat du syndicat d’initiative de la capitale catalane, Alejandro Gonzalez Inarritu a choisi de montrer le côté obscur et invisible à l’œil nu du touriste y cherchant alcool, cigarettes ou articles contrefaits, de la ville qui ne dort jamais, un peu à l’image d’une New-York européenne.
Uxbal devient alors un beau mec, parce qu’il est père, parce qu’il aime toujours sa femme bipolaire, parce qu’il se souvient de son propre père, parce qu’il s’accroche soudain à une humanité qui ne cesse de lui faire des crocs en jambe OU parce que nous voulons à tout prix qu’il parvienne à cette dignité avant le grand voyage. Parce que le propre de l’homme est de chercher la beauté même au plus profond du chaos, une beauté qui surgit quand on ne l’attend pas, une beauté qui dérange car elle balaie le reste, et nous aveugle.
http://www.youtube.com/watch?v=fdWz1IFEv4k
Film hispano-mexicain de Alejandro Gonzalez Inàrritu