« La télévision a mutilé notre capacité de solitude, a violé notre dimension la plus intime, la plus privée, la plus secrète. Enchaînés par un rituel envahissant, nous fixons un cadre lumineux qui vomit des milliards de choses qui s’annulent les unes les autres, dans une spirale vertigineuse. La paix ne revient que lorsqu’on éteint. A onze heures, à minuit, pèse sur nos épaules une grande fatigue obligatoire. Nous allons vers notre lit, chargés d’une vague mauvaise conscience, et, dans le noir, les yeux fermés, nous tentons de renouer, comme un fil cassé, le silence intérieur qui nous appartenait… » Federico Fellini Le Monde janvier 1986.
Mardi je me refais La cité de la peur sur W9, un film d’Alain Berbérian (1994) avec les Nuls (Lauby, Chabat, Farrugia) et Darmon entre autres. Une comédie très drôle, finement « lourde » ou l’inverse, truffée de scènes d’anthologie (« Dansons la carioca ») et de clins d’yeux au Cinéma ou de répliques mémorables (Darmon : - Vous voulez du whisky ? Chantal Lauby : – Juste un doigt. Darmon : – Vous ne voulez pas le whisky d’abord ?). Vu et revu mais un pastiche des thrillers toujours très drôle.
Mercredi jour du football, sur TF1 Lyon/Benfica Lisbonne. En Ligue des Champions les rhodaniens mènent leur barque sans trop de problèmes – contrairement au championnat de France - comme ce soir où ils s’imposent 2-0 dans un match assez pépère mais plaisant face à des Portugais réduits à dix en fin de première mi-temps. Nos gars sont presque assurés d’accéder aux huitièmes de finale, ils ont neuf points, il en faut dix pour passer ce tour.
Jeudi je suis attiré par le film de France3 avec José Garcia et Michel Serrault. Réalisé par Régis Wargnier (2007) Pars vite et reviens tard est adapté d’un polar de Fred Vargas. Je ne suis pas un inconditionnel de l’écrivaine – pour être franc, je n’aime pas - dont les quelques livres lus me laissent toujours sur ma faim, un peu comme cette adaptation qui sans être déplaisante à suivre, frôle le bien mais ne dépasse jamais le moyen. Pourtant le scénario était appétissant, un cadavre avec les stigmates de la peste, des portes d’immeubles parisiens tagués d’inscriptions annonçant un fléau terrible, la rumeur d’une propagation du virus par un fou. Vu à la télé ça va mais je n’aurais pas payé pour le voir en salle.Vendredi je passe ma soirée sur ARTE avec un téléfilm allemand Jeûne à la carte (2009). Un sujet relativement original, ou du moins qui me changeait des éternelles séries policières. Un critique gastronomique perd le sens du goût suite à un accident, en dernier recours il tente une cure sur une île de la mer du Nord. Sans casser des pattes à un (confit de) canard, ça se laissait regarder en attendant des jours meilleurs.
Dimanche, calé devant ARTE dès 20h, j’enchaîne les rediffusions de qualité. Karambolage, le court programme dominical comparant les us et coutumes entre France et Allemagne, Grand’art émission dédiée à la peinture présentée et surtout commentée par l’extraordinaire Hector Obalk, un phrasé unique (genre Fabrice Luchini mais dans un autre genre !) mis à la disposition de textes critiques pointus et cultivés tout en étant bourrés d’humour, une excellente émission, ce soir l’érotisme chez
Ingres. Enfin le film de Norman Jewison (1967) Dans la chaleur de la nuit. Un shérif local et un policier fédéral mènent une enquête commune sur le meurtre d’un homme blanc commis dans l’état du Mississipi, un très beau film sur le racisme avec Sidney Poitier, Rod Steiger et Warren Oates. Bon scénario, bons acteurs, belle mise en scène, bonne soirée.Une semaine de télé tranquille, rien de génial qui donne envie de téléphoner aux amis pour qu’ils zappent toute affaire cessante sur telle chaîne, mais rien non plus dont j’ai eu honte après coup de l’avoir vu. Ce que j’ai vu de mieux durant ces sept jours entrait dans la catégorie « rediffusion » donc l’impact était moins fort qu’au premier visionnage. Conclusion, une semaine de télé préparant le terrain à un confortable endormissement afin de retrouver notre silence intérieur comme le disait Fellini. CQFD.