L’arrivée d’un enfant est l’un des événements les plus marquants dans la vie d’un couple. Comme pour notre premier enfant, mon conjoint et moi avions décidé de revivre la belle aventure d’accoucher dans l’intimité de la maison. Permettez-moi de partager avec vous ces instants mémorables que j’ai vécus le 20 janvier 2009.
Selon nos calculs, mon médecin et moi étions prêts pour l’accouchement prévu entre le 4 et le 8 janvier. Prêts depuis plusieurs semaines, mon conjoint et moi profitions pleinement des derniers moments magiques de la grossesse. Mais le bébé se faisait attendre…. Ayant presque atteint la date «médicalement permise» de porter un enfant, soit 42 semaines, je vivais la pression indirecte du monde médical avec la date butoir du 22 janvier. À cette date, il est prévu de provoquer l’accouchement.
Je vivais aussi une pression de la part de mon entourage me demandant inlassablement «Tu n’as pas encore accouché???» «Tu dois être tannée d’être enceinte!» Et ben non! Et j’en suis bien heureuse! Non pas parce que j’ai peur de l’accouchement mais plutôt parce j’adore être enceinte! C’est un état de plénitude, dans tous les sens du terme! J’étais convaincue que ce petit être dans mon ventre était bien. Je le sentais. Je savais dans mon fort intérieur qu’il avait choisi son temps pour arriver au monde.
Le soir du 19 janvier, j’ai ressenti et accueilli avec joie les premières vraies contractions. Ça y’est, bébé sonne à la porte! Les contractions devenaient de plus en plus proches et de plus en plus intenses. À chaque pause, j’avais hâte à la contraction suivante qui m’assurait de la proximité de mon bébé. Je vivais ce moment sacré avec mon conjoint, dans un état de détente et de confiance absolue. Chaque contraction était accompagnée de mon souffle hypnotique qui me permettait de centrer mon attention sur l’air sortant de ma bouche, comme si je soufflais des bougies d’anniversaire. Celles de mon bébé.
C’est avec toute la sagesse de leur cœur et de leur âme que les personnes venues nous accompagner dans le cheminement de la naissance, sont arrivées. Deux sages-femmes pour la maman et le bébé, et un «sage-homme» pour le papa. Doux et discrets, ils étaient d’une présence lumineuse. Le doux mélange des endorphines et du manque sommeil me permettait de bien me reposer entre chacune des contractions qui s’effaçaient, en intensité et en temps. Était-ce normal, après plus de six heures de travail intense, que le bébé et mon corps demandent une pause? Un arrêt de cinq heures. Je commençais à m’inquiéter mais ça nous a permis à tous de bien nous reposer.
Je m’imaginais déjà à l’hôpital où l’on m’aurait «fortement proposé» de percer les membranes suivi d’une injection d’hormones pour «repartir le travail». Celles-ci viennent de pair avec intraveineuse et soluté qui force à garder le lit pour un minimum de deux heures (avec moniteur). On subit alors des contractions imposées. Je voyais se débouler toute la panoplie d’interventions et des gestes programmés qui rendent trop souvent l’accouchement pénible et décevant.
Ce repos forcé me permit de traverser l’intensité des heures qui suivirent. Rapidement, les contractions ont repris. Toujours concentrée sur mon souffle, chaque contraction et chaque pause étaient uniques; quelque fois courtes, quelque fois longues. Jamais je n’aurais pu me douter que l’ouverture était maintenant complète et que le bébé était prêt à franchir une autre étape. Je me surpris même à dire «Déjà! Il me semble que les contractions ne sont pas assez douloureuses pour cette étape du travail!» Je ne suis pourtant pas masochiste mais je faisais plutôt référence à mon premier accouchement. C’est avec douceur et sagesse que mon accompagnante me rappelle «qu’on n’est pas toujours obligée d’accoucher dans la douleur». Surprenant, non?
L’heure qui suivit fut vécue dans son intensité la plus profonde. Mon corps avait fabriqué une poche des eaux particulièrement solide. Les contractions destinées à la percer étaient plus fortes et puissantes que ce que j’avais vécu quelques heures plus tôt. Mais ce fut dans un grand cri de joie que le liquide amniotique baptisa les nouvelles pantoufles de ma sage-femme! Je dis bien un cri puisqu’en fait, je ne soufflais plus mes bougies depuis la dernière heure : j’utilisais plutôt la puissance de mon souffle à faire les vocalises les plus hautes et les plus aiguës de ma vie…
Ça y est, le bébé commence à descendre! Pas même le temps d’une pause à la toilette que voilà la tête qui se pointe dans la salle de bain. Par chance, je n’étais pas couchée sur le dos, les pieds dans les étriers mais plutôt assise sur un banc de naissance qu’on peut transporter n’importe où dans la maison. Ayant pris toutes les pauses nécessaires pour son bien-être durant le travail, mon bébé ne souhaitait maintenant que sortir et moi, m’en sortir!
Une petite tête (qui semble toujours bien grosse à la sortie) puis un petit corps et voilà ma puce dans mes bras, couverte de vernix qui prouve qu’elle n’était aucunement post-mature. Elle avait bien choisi sa date et cela aurait été presque un crime de la forcer à sortir plus tôt alors que tous les signes d’une bonne santé étaient présents. Les yeux grands ouverts, elle émis un petit son pour nous dire qu’elle respirait bien. Sans cris ni pleurs, elle me fixait d’une intensité qui équivalait la dernière heure et semblait me dire : «Ah, c’est toi ma maman! Merci à toi et à mon papa d’avoir cru en moi et en l’accouchement naturel.» En effet, quel enfant et quels parents ne rêvent pas d’une naissance aussi harmonieuse? Merci à la vie de m’avoir guidée vers un métier où j’aide les bébés et les couples à bien se préparer à vivre un tel accouchement et merci à toutes celles qui, de manière directe ou indirecte, ont données le privilège à ma famille de bien accueillir cet ange de lumière.
Merci Angélique.
Véronik Tanguay
Jardin de Vie