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Sarkozy peaufine son image social-sécuritaire

Publié le 25 octobre 2010 par Juan
Sarkozy peaufine son image social-sécuritaire
Ce dimanche, le traditionnel sondage du JDD donnait Nicolas Sarkozy impopulaire à 70%. Le président français pouvait aller gloser sur la francophonie et les enjeux internationaux à Montreux. Il s'afficha social et généreux à l'encontre des malheureux du monde. En France, il concentre les critiques. Certains regrettent qu'il soit injustement devenu le bouc-émissaire des difficultés du pays. Sarkozy doit désormais peaufiner son image sociale mais aussi sécuritaire. 
Sarkozy, socialement impuissant
Le jour même, sa fichue réforme des retraites avait été adoptée par le Sénat. Vendredi, il pouvait partir soulagé au sommet de la Francophonie à Montreux, en Suisse. Sur place, les observateurs attentifs auront noté que le président français a mis de l'eau de son vin de réformateur du monde : il plaide, mais ne promet plus. La crise de 2008 est passée par là.  Le doigt toujours levé quand il s'agit de marteler un message, Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à dresser son habituel inventaire à la Prévert de toutes les injustices du monde.
A Montreux, il a énoncé quatre chantiers pour la diplomatie française dans les mois à venir : la réforme du système monétaire international, la « volatilité extravagante des prix des matières premières », la gouvernance mondiale, et les « financements innovants ». Sur chacun d'entre eux, il multiplie les questions, préfère les incantations, avance rarement des solutions. Sarkozy ne promet plus, il préfère questionner.
« Qui, aujourd'hui, pourrait se lever pour me dire que l'instabilité des changes ne fait pas peser une lourde menace sur la croissance mondiale ?
(...)
A quoi sert de parler de stabilité si l'instabilité des changes s'étale aux yeux du monde entier chaque jour qui passe ?
(...)
Qui ne se souvient des « émeutes de la faim » à Haïti ou en Afrique quand les prix de certains produits alimentaires ont brutalement explosé en 2008 ?
(...)
A-t-on déjà oublié les conséquences dramatiques pour l'économie mondiale des hausses brutales des prix du pétrole et du gaz, suivies de baisses tout aussi rapides ? (...) Alors qui osera dire que le sujet est trop difficile et qu'il vaut mieux ne rien faire ? Qui peut penser que quand on n'évoque pas les sujets difficiles, il ne vous rattrapent pas de la pire des façons ?
(...)
Mais enfin, nous représentons le tiers des États membres de l'ONU, qu'est-ce qui nous empêche de porter ensemble, devant l'Assemblée générale, la réforme indispensable des Nations Unies pour adapter l'organisation aux réalités du XXIème siècle ?
(...)
Est-il normal qu'il n'y ait pas de représentant permanent du continent sud-américain au Conseil de sécurité ? »
A l'aune de l'actualité troublée de Sarkofrance, sa phrase de conclusion avait quelque chose de cruel et cynique : « Il faudra faire des compromis, il faudra se comprendre, mais sur la marche du changement, nous ne pourrons pas faire l'économie de ces débats
Sarkozy, insécuritaire confirmé
De compréhension et de compromis, justement, il n'en était plus question en France depuis longtemps. A l'Elysée, Claude Guéant est confiant. Il a répété ce dimanche que la contestation va s'essouffler, maintenant que la réforme des retraites est adoptée : « n entre dans une nouvelle phase, celle du vote républicain. Ça compte en France. On voit mal le PS, parti de gouvernement, et les syndicats réformistes, contester la loi de la République. » Votée vendredi par le Sénat, elle sera entérinée ce mercredi. Guéant promet une « nouvelle étape », « social-sécuritaire », après le prochain remaniement.
En attendant, c'est l'attitude de certains policiers en marge des manifestations qui continue de faire ... débat. Obstruction policière, destruction de caméras, matraquages, menaces physiques, diverses intimidations ont été recensées ici ou là. La semaine dernière, Sarkozy et Hortefeux voulaient décrédibiliser le mouvement social en exhibant des images de casses et de violences. La police a-t-elle fait des excès de zèle ?


Des policiers en civil se sont-ils cagoulés pour se fondre parmi les manifestants et jouer de la provocation ? Le témoignage publié sur le blog de Guy Birenbaum est troublant. On savait que des policiers en civils s'étaient « déguisés » en manifestants, bardés d'autocollants syndicaux, comme à Paris ou à Lyon. Le témoin publie une video où l'on voit un homme intégralement masqué attaqué une vitrine de banque à coup de barre de fer. Un passant plutôt âgé s'interpose, un autre masqué surgit tel un ninja avec une matraque qui ressemble furieusement à un ustensile de la police.

Manif des Retraites - La Police se déguise en Casseur !
envoyé par Btoux_1979. - L'info internationale vidéo.
Pourquoi des policiers se masquent-ils le visage ? Certains diront que la police, pour être efficace, doit s'infiltrer ainsi parmi les manifestants. On reste surpris, glacé, choqué. Les manifestations syndicales sont toujours extrêmement bien encadrées par leurs services d'ordre.
La police de Sarkofrance avait-elle besoin d'attiser la violence ? On attend toujours un commentaire, une explication, voire, mieux, une enquête sur ces faits.
Enterrer les affaires
Ailleurs en France, le procureur de Versailles, supérieur hiérarchique de Philippe Courroye, a décidé de « dépayser » l'affaire Bettencourt. En d'autres termes, il va retirer à la juge Isabelle Prévost-Desprez cette instruction. La juge devient gênante. Non seulement est-elle en conflit ouvert avec le procureur Philippe Courroye, mais en plus son enquête indépendante, sur le conflit opposant Liliane Bettencourt et sa fille Françoise, lui permet d'exhumer des témoignages gênants pour la défense d'Eric Woerth sur ses relations avec Patrice de Maistre. En juillet dernier, le procureur Courroye avait ainsi refusé à la juge de consulter les enregistrements pirates des conversations entre la milliardaire et son gestionnaire de fortune. L'intérêt de ce dépaysement est qu'il permet d'évacuer la juge de l'instruction, et de laisser les mains libres au procureur Courroye qui, lui, reste maître de ses enquêtes préliminaires diverses et variées. Le procureur de Versailles, dans un entretien au JDD samedi dernier, justifiait sa décision et expliquait la nature de l'enquête policière demandée par Courroye sur la juge et d'éventuelles fuites à la presse : « Le procureur de Nanterre Philippe Courroye n’a pas demandé d’écoutes téléphoniques à proprement parler, mais des "fadettes", des relevés de numéros téléphoniques, qui ont montré des échanges de SMS entre un journaliste et la juge Prévost-Desprez…»
On avait oublié cette autre affaire. Elle avait pourtant agité les débuts de certains blogs d'opposition. L'Arche de Zoé était une association prétendument humanitaire dont 6 membres étaient partis au Tchad enlever 103 enfants prétendument orphelins. Arrêtés sur place, ces derniers furent emprisonnés et condamnés à 8 ans d'enfermement, avant que Nicolas Sarkozy use de toutes les ficelles de Françafrique pour les faire libérer. Ces 6 militants vont être rejugés, en France cette fois-ci.
Le plus intéressant de cette affaire est qu'on a découvert, à l'époque, l'existence de liens entre l'association l'Arche de Zoé et ... l'un des frères de Nicolas Sarkozy. La secrétaire générale de l'association était codirectrice de Paris Biotech, une société financée par des laboratoires pharmaceutiques dont Pfizer. François Sarkozy était membre du comité d'évaluation de Paris Biotech. Pfizer a été accusé dans le passé d'essais cliniques illégaux en Afrique.
En novembre 2007, un député tchadien s'était ému de l'implication indirecte de François Sarkozy dans l'affaire : « Dr François Sarkozy, votre frère cadet est-il lié, aux Pieds nickelés de l’humanitaire pour que vous soyez aux toutes premières loges des dessous de la « lamentable équipée » de l’Arche de Zoé ?»
Le story-telling présidentiel résistera-t-il à l'épreuve des faits ?


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