Retour sur le décret du statut juif annoté par Pétain

Publié le 24 octobre 2010 par Marx


Deux affaires qui n’ont rien  à voir, mais sont cependant liées par un même fond historique : l’affaire L’oréal et la découverte du  décret  du statut des juifs de Vichy. Drôle de racourci, diriez-vous et pourtant !
 Béttencourt est l’héritière d’en entrepreneur qui financé la Cagoule, a collaboré, mais  a su sauver sa peau à la Libération (1) .
Le décret annoté, dont il nous faudra expliquer la provenance pour en éclairer l’authenticité, fait définitivement tomber les masques sur Vichy. Il n’y a pas eu un Vichy réactionnaire qui tente de duper les allemands et qui sera noyauté plus tard par les collaborationnistes autour de Laval.
La droite antisémite à pris le pouvoir en 40. Cette droite antisémite a été soutenue par la grande industrie dont L’oréal, avant guerre. Cette droite a pris sa revanche contre  le front populaire, contre l’affaire Dreyfus et la République  elle-même. Cette droite en 1930 a voulu renverser la République soutenue par une partie de l’armée (Pétain, Castelnau)….
Comme le dit si bien l’historienne Annie Lacroix-Riz, les élites ont fait « le choix de la défaite »(2). La bourgeoisie criait  plutôt « Hitler que le Front populaire » c’était bien l'atmosphère d'un temps qu'on occulte dans les livres d'histoire.

En 1940, la défaite a finalement bien arrangé les réactionnaires français qui chargèrent le Front Populaire de tous les mots et sur Blum qu’ils avaient manqué en 36 d’assassiner.
 A Riom on devait le faire tomber.
Incapable de prouver sa responsabilité et sous la pression  des allemands, le procès fut ajourné par Vichy..
Léon blum était accusé :
1) d'avoir par des mesures sociales mis la France en état d'infériorité physique et morale: la semaine des 40 heures et les congés payés expliquent la défaite dont un militaire n'est responsable.
2)   d'avoir par faiblesse  toléré les grèves et  la propagande sournoise de meneurs extrémistes.
3) d'avoir par les nationalisations d'usines, désorganisé le réarmement de la France.
La réponse de Blum fut  combative :
Les 40 heures  n'ont pas réduit la production. En équipe les machines ont tourné  68h semaine et non 40h. Dans d'autres secteurs le patronat a refusé de faire les 40h, en évoquant un manque de machines et d'outillages.
En ce qui concerne le réarmement Blum a lancé la production du MAS 36, en remplacement du fusil Lebel. Les Allemands avaient utilisé 3900 chars, la France en disposait de 3600 et le royaume uni en a déployé 600. En revanche, l'Etat major n'a pas su évoluer dans son utilisation stratégique. L'armée en 1940 disposait de 4238 avions en France et 1800 en Afrique du Nord. Une grande partie n'a pas été engagée par L'Etat major.
Le gouvernement du Front populaire a accordé un crédit supplémentaire de 7 milliards. La plupart des matériels modernes  utilisés en 1940, ont été commandés entre 1936 et 1937.(3)
La défaite de 40 fut donc un drame terrible et la première analyse à chaud fut celle de Marc Bloch (4). le grand historien a dénoncé la mauvaise organisation de l’armée française, l’incapacité de ses chefs. certains Généraux n'étaient pas hostile à une capitulation, alors que tout n'était pas encore perdu au cour de la campagne de mai juin 40.
  A la Libération et malgré l’épuration, les élites collaborationnistes se sont vite recyclés (5).
Certains cagoulards se sont achetés un passé de résistant. D’autres comme Filliol le tueur des frères Rosselli socialistes italiens opposants aux fascistes ont largement poursuivi leur carrière avec les allemands. Ce même Filliol est impliqué dans le choix de désigner  Oradour sur Glanes  aux allemands  en1944. Filliol a été un fidèle employé de   l’Oréal, en Espagne après 45 (6).
70 ans après, ce sont les mêmes  familles sont à la tête de l’économie française. ce sont certains de leurs successeurs qui veulent liquider la République, dune autre manière.
l’UMP prend la relève de cette vieille droite réactionnaire. Elle veut achever le triptyque front populaire Libération- mais 68. Elle n’y prend plus de gant
En octobre 2002, François Fillon avait insulté le Front Populaire : " Vous avez défendu l’idée (...) que la gauche a toujours été à l’origine des conquêtes sociales quand la droite n’aurait fait que s’y opposer (...). C’est oublier la responsabilité du Front populaire dans l’effondrement de la nation française en 1940 ".
la droite attaque de toute part et n’a plus de retenue . en octobre  2007 Par Denis Kessler, l’ex gauchiste, a vociféré contre notre pacte social :
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. » (7)
C’est le but du patronat et de la droite des années 30 c’est le but du patronat et de la droite aujourd’hui.
Alors certes, les méthodes ont changées, il n’y a plus le fascisme, il n’y a plus d’antisémitisme comme fond de commerce. Mais le but est le même.
Depuis la Révolution française, depuis l’émergence  de la société bourgeoise, une lutte réactionnaire existe menée par ceux qui ont refusé cette évolution démocratique.
C’est cette perspective historique qu’oublie les classes populaires : cet  antagonisme de classes. De l’affaire Dreyfus à 1944 une certaine droite économique et politique a voulu abattre la république et ses principes c’est le même combat qui est mené.




(1) http://www.gauchemip.org/spip.php?article6764
(2) Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930
(3) à lire l’histoire jugera de Léon Blum
(4) http://classiques.uqac.ca/classiques/bloch_marc/etrange_defaite/bloch_defaite.pdf
(5) Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours Le vrai visage du capitalisme français
(6) http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=198
(7) « adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Par Denis Kessler, Challenges, 4 octobre 2007