Synopsis :
Lorsque les Jones emménagent dans la banlieue chic d’une petite ville américaine, ils apparaissent tout de suite comme une famille idéale. Non seulement ce sont des gens charmants, mais ils ont en plus une magnifique maison et sont mieux équipés que toutes les autres familles du quartier. Le problème c’est que la famille Jones n’existe pas : ce sont les employés d’une société de marketing dont le but est de donner envie aux gens de posséder ce qu’ils ont…
Critique :
Le pitch de la famille Jones nous laissait à espérer une satire sur la société de consommation des plus ambitieuses. Une fausse famille implantée dans une ville pour que ses membres deviennent les chouchous du quartier et, par ricochet, incitent le voisinage à consommer. Voilà une riche idée propice à de nombreux gags, cyniques et dénonciateurs sur l’American Dream que le cinéma entre autre, se plait à véhiculer par delà les frontières. Il suffit de s’arrêter dans la rue 10 minutes pour constater à quel point le monde (sauf quelques exceptions bien minoritaires) est régi par l’emprise des marques, de la mode et de la publicité, qu’on l’accepte ou non. On peut revendiquer une certaine indépendance mais il serait faux de crier à une totale maîtrise de son image, ce serait se mentir à soi-même. Dans ce contexte, on était en droit d’attendre un petit film indépendant coup de poings, porté par un casting de seconds couteaux plutôt sympathique : Demi Moore, David Duchovny ou encore la très charmante Amber Heard.
Oui mais voilà, si le scénario tient ses promesses pendant le premier tiers où l’on découvre les coulisses de cette famille et son impact direct sur les voisins bobos, il est dommage de constater que les dictats Hollywoodiens reprennent bien vite le dessus pour conduire cette comédie cynique dans le droit chemin, propre et ennuyeux. La désillusion se révèle d’autant plus importante que le sujet apparaissait comme véritablement en or pour un scénariste qui aurait eu l’audace de pousser le concept à l’extrême. On se souvient par exemple de jusqu’au boutiste « Live ! » avec Eva Mendes qui, à défaut d’être parfait, assumait pleinement le coté extrême et dénonciateur de la télé-réalité.
Ici, point de surprises, l’histoire d’amour convenue entre les deux protagonistes principaux prend rapidement le dessus sur l’ensemble, délaissant bien malheureusement la portée de la critique au second rang. Si chacun des personnage se voit être le porteur d’un extrême de la société (Demi Moore en chef de cette fausse famille, très portée sur le star system et la quête de la performance, David Duchovny en mec un peu paumé, performant mais sans être pleinement convaincu, Amber Heard, en nymphomane excitante et envoutante et le frère Ben Hollingsworth, en homo refoulé), on en vient à se demander si le film et ses personnages ne tombent pas dans le piège qu’ils essayent de dénoncer. A force de montrer une image idyllique, il y a fort à parier que les spectateurs aussi se plairont à rêver à ce bonheur artificiel fait de jeux vidéo top innovants et de voitures de sport alléchantes.
Le film aimerait pouvoir jouer dans les mêmes eaux qu’American Beauty de Sam Mendes mais c’est avec un regret certains que l’on ne peut que constater le gouffre qui les sépare. La famille Jones, si elle peut revendiquer un jeu solide de la part de ses acteurs fait trop souvent et trop facilement appel aux bons sentiments et finira par se fourvoyer dans un finish bien trop classique pour marquer les esprits. Le déséquilibre entre les intentions initiales et le résultat proposé s’avère trop important que le film ne sorte du statut de gentille comédie inoffensive, méritant à peine la moyenne tant l’impersonnalité de la mise en scène nous saute aux yeux.
PS : mention spéciale à l’agence créa nous offrant l’affiche la plus laide de l’année (conserver la version US aurait été tellement…de meilleur goût !)
Sortie officielle française : 17 novembre 2010